Gandrange : Nicolas Sarkozy rattrapé par ses promesses

Le comité d’entreprise européen du groupe indien ArcelorMittal tiendra une réunion extraordinaire le 4 avril prochain. A l’ordre du jour, une information-consultation sur un plan de fermeture partielle de l’usine de Gandrange qui devrait se traduire par la suppression de 595 emplois. Le 4 février dernier pourtant, Nicolas Sarkozy s’était rendu en personne sur le site pour jouer les sauveurs : "Avec ou sans Mittal, l’Etat investira à Gandrange."
Il ne devrait pas y avoir d’homme providentiel. L’espoir d’un instant s’est éteint pour les salariés menacés. La visite éclair (45 minutes) du 4 février n’aura donc servi à rien. Les promesses d’un jour se sont envolées tant sur le volontarisme industriel de l’Etat que sur la deuxième visite présidentielle qui devait intervenir fin mars.
Le 4 février, le chef de l’Etat avait un peu vite lancé : "S’il y a un plan alternatif, si ce plan montre une solution crédible, avec M. Mittal ou un autre, l’Etat préfère payer pour le site que pour le chômage. Nous sommes prêts à faire des investissements sur les machines, on mettra de l’argent dans l’outil de production, mais aussi pour la formation."
Les effets oratoires n’ont pas trouvé de traduction concrète. Le président PS de la région Lorraine, Jean-Pierre Masseret, a tenu à rappeler Nicolas Sarkozy à ses engagements : "Il ne peut pas, dans la situation actuelle, ne rien dire ou alors véritablement c’est qu’il s’est moqué des gens et je n’imagine pas un président de la République ne pas tenir les engagements."
Le contre-projet présenté par les syndicats le 14 mars qui propose d’investir près de 50 millions d’euros pour remettre le site à niveau et mener un vaste plan de formation mais aussi de réduire le nombre de références produites pour renforcer la rentabilité n’a pas été considéré comme viable par la direction du groupe. Le coût de la fermeture est pourtant estimé à 75 millions d’euros.
Les syndicats soupçonnent une volonté du groupe de redéployer la production de Gandrange vers l’Allemagne et le Luxembourg. Le délégué CFDT Edouard Martin dénonce "un cas d’école de ce qu’il faut faire pour fermer une usine. C’est un crime social organisé. C’est la première fois qu’on ferme une usine alors que la demande d’acier est soutenue dans le monde. Gandrange produit 1 million de tonnes par an. C’est vrai que les pertes en 2006 et 2007 ont été de 290 millions d’euros, mais il est possible d’investir".
Nicolas Sarkozy, tel Ponce Pilate, semble aujourd’hui s’en laver les mains. Le président a repassé le plat décidément trop chaud et épicé au gouvernement. Christine Lagarde a estimé que l’intervention de Nicolas Sarkozy avait permis aux syndicats d’avoir deux mois de plus "pour proposer des scénarios", a assuré que le gouvernement serait attentif aux réponses prochainement apportées, et a réaffirmé que des partenaires privés pouvaient être intéressés. Jeudi dernier, pourtant, ArcelorMittal indiquait "qu’aucun repreneur" ne s’était présenté. "Je crois bien que certains ont joué un coup politique avec nous", estime Edouard Martin. Une triste histoire "d’acier trompé" comme le titre France-Soir.
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