Comme il y eu dans le passé récent quelques scandales en la matière, il est de bon ton de crier au scandale chaque fois qu’un PDG part avec un chèque.
Dans le cas de Thierry Morin, je trouve cette polémique mal venue.
L’homme est depuis 20ans chez Valeo, il en est le PDG depuis 8ans, ce n’est pas un rapace extérieur qui reste quelques semaines, détruit sa société et empoche son parachute.
Il a fait de Valeo l’équipementier automobile de référence : dans la profession tous les autres copient les méthodes Valeo, les cadres Valeo sont particulièrement recherchés par les concurrents et sont l’objet de toute la sollicitude des chasseurs de tête.
Pour y avoir passé quelques semaines en tant que conseil, j’y ai rencontré une excellente organisation industrielle, non seulement sur le papier, mais en profondeur dans son application au quotidien dans les ateliers, avec un personnel parfaitement rodé aux méthodes modernes de management :
Utilisation systématique de la méthodologie de résolution de problème sur tous les incidents (QRQC pour les intimes), avec des résultats suivis.
Souci quotidien de la formation du personnel en termes de sécurité, qualité, performance. Un exemple qui m’a surpris au début mais qui est révélateur : tous les jours le responsable d’atelier interroge en réunion sa maitrise pour savoir s’il n’y a pas un ouvrier à remercier aujourd’hui pour une action particulière (principalement une initiative ayant évité un incident en clientèle) si oui, la personne est félicitée sur le champ. Cela peu paraître candide mais le personnel y est attaché.
Bien sur le niveau d’exigence y est élevé mais pas plus que dans les entreprises concurrentes, par contre les supports méthodologiques ou fonctions expertes y sont plutôt plus présents et plus opérationnels.
Je précise le contexte du départ de Thierry Morin :
Extrait de Dow Jones news wire
« L’an dernier, un conflit a opposé T.Morin à Pardus, qui détient 19,75% du capital de Valeo et 18,99% de ses droits de vote. Pardus est également le premier actionnaire de l’un des principaux concurrents de Valeo, l’américain Visteon Corp. (VSTN). Pardus a dans le passé plaidé en faveur d’un rapprochement entre Valeo et Visteon.
Un modus vivendi a finalement été trouvé lorsque Pardus s’est engagé à ne pas chercher à occuper de poste de management dans toute société dont les activités seraient similaires à celles de Valeo ou qui risqueraient de leur faire de la concurrence, notamment chez Visteon et chez un autre équipementier américain, Delphi Corp. (DPH).
Pardus a également accepté que son représentant au conseil d’administration de Valeo ne voterait ni ne participerait à aucune des séances du conseil discutant des relations entre le groupe français et Visteon. «
Il est évident que son départ va permettre à cet actionnaire de revenir sur ces décisions et de mettre en œuvre des synergies entre Valeo et Visteon, soit quelques milliers de suppressions de postes supplémentaires.
L’état en poussant Thierry Morin à renoncer à son chèque, permet à cet actionnaire de se débarrasser à bon compte de l’obstacle qu’il représente, je ne suis pas sûr que la morale soit du coté que l’on croit.
Il part avec une indemnité équivalent à 2ans de salaire (vraisemblablement moins après l’AG des actionnaires) soit ce qu’aurait touché n’importe quel cadre licencié avec 20ans d’ancienneté.
Effectivement Valeo est en difficulté comme tout le secteur automobile, mais personne ne critique en la matière la gestion de ce patron.
Si le gouvernement estime que c’est scandaleux car Valeo est aidé par l’état , il doit aller au bout de son raisonnement : est il normal que l’argent du contribuable serve à donner aux salariés de Valeo des indemnités de départ supérieures a celles prévues par le code du travail et le convention collective ?
Il ne faut pas oublier que des milliers de salariés se retrouvent au chômage après la liquidation de leur entreprise, que cela n’émeut personne car la liquidation d’une PME se fait dans l’indifférence et que c’est aussi les impôts de ces gens là qui financent les aides que l’état apporte aux grandes entreprises.
Notre président du pouvoir d’achat renoncera t’il à sa retraite s’il n’a pas atteint son objectif principal ? Ou considérera t’il que dans son cas la crise est une excuse bien qu’il ne l’accorde pas aux autres.