Gilets Jaunes, fin de partie ?
C’est du moins ce que souhaite Macron, et avec lui tout le gotha du monde économique et financier ainsi que nos élites autoproclamées, chantres de la mondialisation, qui savent si bien gérer le pays. Y arrivera-t-il ? Rien de moins sûr, sauf à renverser la table, ce qui serait surprenant.
Alors, on prend les mêmes et on recommence ?
Après avoir snobé et méprisé le petit peuple pendant le début de son quinquennat et ignoré les institutions sauf l’Assemblée Nationale avec ses godillots en marche, Macron a entrepris une calinothérapie avec les Maires au cours de réunions marathon et reçu en son palais quelques associations d’élus.
Par contre, les autres corps intermédiaires, comme on dit, ont été superbement ignorés, en particulier les syndicats représentatifs des salariés, étant entendu que les syndicats patronaux et autres lobbies bancaires ont vraisemblablement été reçus discrètement et nuitamment à l’Elysée.
Mis à part cette dernière catégorie au-dessus de tout qui ne semble que moyennement concernée à partir du moment où elle sera libre de faire ce qu’elle veut et continuer à toucher les milliards du CICE sans contreparties, ce sont donc les élus locaux qui ont été désignés pour monter au front et calmer le petit peuple autrement qu’avec des flash Ball.
Peut-on faire confiance uniquement aux élus ?
La réponse est dans la question : aucun élu, qu’il soit local ou national n’a vu venir la crise des gilets jaunes, et pourtant, ils sont 540 000 dans notre pays.
Mention spéciale pour le Sénat qui « représente les territoires » comme on dit dans la constitution, dont on pourrait penser que l’absentéisme chronique qui règne sur les bancs de cette docte assemblée serait le signe d’une activité de terrain intense, sauf que les inaugurations de ronds-points et les banquets d’anciens combattants ne donnent qu’une image furtive de la vie réelle dans les territoires.
Mention spéciale également pour les nouveaux élus LREM de l’Assemblée Nationale qui pour certains ont découvert à l’occasion du « grand débat » la rudesse du terrain, occupés qu’ils étaient auparavant à voter comme un seul homme les textes gouvernementaux, dont les amendements favorables aux pesticides.
Et les élus locaux dans tout ça ?
Le « bloc communal » comme on dit, composé des communes et des intercommunalités, s’évertue à faire vivre son territoire, à le rendre attractif en créant des zones artisanales (et les ronds-points qui vont avec) ou des supermarchés en périphérie des villes moyennes, vidant ainsi les centres villes de ses emplois commerciaux. Le bloc communal c’est aussi la solidarité de proximité avec des nuances selon les majorités à la manœuvre et l’entente qui règne, ou pas, entre les exécutifs des communes et des intercommunalités. Pour autant, souvent le nez dans le guidon, le travail de ces élus de proximité est salué par beaucoup de monde malgré les baisses de dotations de l’Etat qui ont précipité le malaise social.
Pour les Conseils départementaux, la question de leur utilité est posée dans la mesure où ils sont désormais quasi uniquement des prestataires pour le compte de l’Etat, s’agissant des politiques sociales qui pourraient très bien être gérées par les CAF, ce qui supprimerait un niveau du mille-feuille territorial et un peu plus de 4000 élus.
La question de la suppression du Conseil départemental est d’autant plus envisageable lorsqu’il cohabite avec une ville centre et sa métropole. Le mélange des genres avec le cumul des mandats entre conseil départemental et conseil de métropole ou conseil municipal de la ville centre pose par ailleurs des questions en matière de déontologie politique (!).
La Région, de par ses compétences, notamment en matière économique, en aménagement du territoire (avec ses liens avec les intercommunalités et les pays) et en transports est désormais un élément clé des politiques locales, sauf que la dernière réforme des régions avec ses découpages imbéciles la rend désormais moins lisible. Les surcoûts entraînés par ces regroupements font par ailleurs beaucoup réagir les contribuables locaux.
Un des éléments militant en faveur des Régions, outre leurs compétences étendues, vient du fait qu’elles sont aidées dans leurs réflexions par les CESER (Conseil Economique Social et Environnemental Régional).
Alors, cette sortie de crise ?
Comme indiqué plus haut, Macron a choisi de mettre en lumière les élus locaux pensant qu’ils seraient à même de canaliser les mécontentements alors qu’ils n’ont rien vu venir de la crise.
La réponse, si elle se limite à la construction de ce pare feu, risque d’être un peu courte et il en faudra plus pour que les gilets jaunes affichés ou en soutien rentrent tranquillement chez eux. Les réponses fiscales devront être à la hauteur ainsi que les réponses institutionnelles. Il faudra notamment expliquer comment la suppression de la taxe d’habitation, de la redevance télé et éventuellement la modification du barème de l’impôt sur le revenu seront compensées dans les budgets des collectivités locales et de l’Etat, sans oublier la fameuse taxe carbone…
Sur le plan institutionnel, il faudra faire des choix qui déplairont sans doute aux élus, dans la mesure où on ne peut plus se payer le luxe d’avoir 540 000 élus soit 1 pour 122 habitants.
Comme indiqué plus haut, la disparition des Conseils Départementaux me semble évidente (avec transferts des compétences aux autres collectivités), sans transferts des élus. Il faudra donc prévoir une représentation citoyenne des départements dans les CESER en diminuant la représentation des organisations syndicales et patronales.
Enfin, des nouvelles formes d’intervention administrative au sein de Maisons départementales (plusieurs par départements) viendront renforcer l’accès aux services pour les citoyens et les élus locaux sur toutes les compétences des collectivités locales et celles de l’Etat dans les Départements.
Passer de la démocratie représentative à une démocratie participative intégrant les citoyens aux décisions et en leur permettant l’accès à des services publics locaux de proximité et de qualité, tel devrait être l’enjeu de ces réformes institutionnelles au sein des Régions.
Sans parler des réformes nécessaires au sein de l’Etat…
Macron sera-t-il à la hauteur de l’enjeu ?
55 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON