Gouverner, c’est pleuvoir
Au delà du jeu de mot approximatif que s’est autorisé François Hollande après avoir subi des pluies soutenues lors de ses différentes apparitions, le citoyen est autorisé à se poser quelques questions.
Le premier personnage de l’état aurait la faculté de faire venir la pluie lorsqu’il se déplace, a-t-il des pouvoirs spéciaux ? Serait-il un chamane ?
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La pluie est un thème récurrent dans la chanson et de « il pleut bergère » du à Fabre d’Eglantine, ce révolutionnaire jacobin qui finira guillotiné, à « senor météo » de Carlos, en passant par « il pleut sur Nantes », de cette chère Barbara, ou même de « I can’t stand the rain » d’Ann Peebles, de « Purple Rain » de Prince, « come rain or come shine », du génial Ray Charles, de « The Rain Song » de Led Zeppelin, de « Rainy Day, Dream Away » de Jimmy Hendrix, sans oublier James Morrison qui dans « please don’t stop the rain », ne voulait pas qu’elle s’arrête, la pluie n’a cessé d’inspirer les compositeurs/poètes de tout crin.
On se souvient aussi des dizaines de milliers de spectateurs de Woodstock qui reprenaient d’une seule voix le mantra « no rain », ce qui n’avait hélas rien empêché. lien
« Toute la pluie tombe sur moi », chantait aussi Sacha Distel, reprenant un titre de Burt Bacharach, paroles de Hai David, et que l’on pu entendre dans le remarquable western « Butch Cassidy et le Kid » sous le titre « Raindrops Keep Fallin’ on my head ». lien
Hollande pourrait s’approprier cette chanson, car au-delà des intempéries, la pluie de critiques justifiées qui s’abat sur lui, faisant tomber en chute libre sa popularité, tant le niveau d’insatisfaction des électeurs est grand, ne connait pas de trêve.
Au point que Marine Le Pen, qui pourtant avait depuis le début mis en place une stratégie consistant à mettre dans un même sac le PS et l’UMP, voudrait bien maintenant trouver une place dans ce sac, puisqu’elle a proposé récemment à François Hollande un projet de cohabitation…
Serions-nous dans une phase amoureuse, ou à l’instar de Georges Brassens qui chantait « un p’tit bout de parapluie, pour un bout d’paradis » évoquant une romantique histoire d’amour à l’abri de cette pluie, la gérante du Front National proposerait cette alliance surprenante ?
Décidément les politiques n’en finissent pas de se prendre pour des girouettes, prenant quand ils le peuvent le sens du vent de l’opinion…
De là a imaginer François et Marine chanter et danser un jour sous la pluie, il y a surement un pas qu’il ne faudrait pas franchir, laissant à Gene Kelly son succès mérité, dans un numéro époustouflant de claquettes. lien
Claquettes pour claquettes, si c’est bien la pluie qui en faisait pour le grand Nougaro (lien) c’est plutôt une baffe qu’a reçu le nouveau premier ministre lors de l’université d’été de La Rochelle, vitupérant, menaçant, obligé de hurler pour tenter de couvrir le chahut et les sifflets des frondeurs du PS, et tentant de calmer l’assemblée en affirmant maintenant, qu’après avoir aimé les entreprises, il aimait aussi les socialistes, mais pour un homme qui appartient à ce parti, était-il judicieux de le préciser ? lien
Celui-ci eu beau mouiller sa chemise à La Rochelle, la grogne persiste, et la colère de son camp ne semble pas prête de retomber.
Il est certain que la nomination d’Emmanuel Macron fait grincer plus d’une dent, d’autant que l’on découvre à l’occasion tout le cynisme présidentiel, qui tout en confiant la mise au point de son programme économique au patron de la Banque Rothschild, affirmait quelques temps après, droit dans ses bottes, que son ennemi était « le monde de la finance »…
En tout cas, si Gilbert Becaud chantait il y a longtemps, « le jour où la pluie viendra », on en vient à s’interroger sur l’éventuel pouvoir qu’aurait le président de la république de faire venir la pluie chaque fois qu’il se déplace ?
On n’avait pas tardé à remarquer qu’il était parfois dans l’incantation, voire la prédiction, affirmant l’inversion d’une courbe du chômage avant la fin 2013, et même si manifestement ses pouvoirs d’éventuel chamane semblent peu efficaces dans ce cas, pourquoi ne pas envisager de lui proposer de se déplacer dans ces pays ou la sécheresse fait des ravages ?
La Corne de l’Afrique, le Sahel, mais aussi l’Asie Occidentale, la Chine, l’Europe du sud est, la fédération de Russie, le nord est du Brésil, toutes ces régions, ces pays, souffrent de la sécheresse, provocant la famine, la mort, et son cortège de souffrances, et pourquoi ne pas encourager le chef de l’état à s’y rendre, afin de tenter de sauver quelques vies ?
Bien sur, personne n’a oublié qu’il s’est rendu au Mali, et au Niger, mais il s’agissait surtout, d’après de nombreux politologues, de sauver les intérêts économiques d’Areva, qui a besoin de l’uranium nigérien pas cher pour faire tourner ses centrales nucléaires, et la farce consistant à déclarer qu’il s’agissait de lutter contre le « terrorisme » a fait long feu, la manne qu’attendait les pays en question étant financière, même si un peu de pluie n’aurait pas fait de mal.
Mais, même si n'est pas à cause de François Hollande que la pluie s’est invitée une bonne partie de l’été dans une majorité de régions, c’est bien grâce à lui que nous avons eu une pluie de mauvaises nouvelles… la courbe du chômage ne s’est jamais inversé, les entreprises sont chouchoutées, les banquiers ne sont plus inquiétés, et le premier ministre du pays est maintenant celui qui, lors des primaires socialistes, avait obtenu l’un des plus mauvais scores… 8%...lien
De là à considérer que Manuel Valls est illégitime à sa place, il n’y a qu’un pas que ceux que les médias qualifient de frondeurs ont manifestement déjà franchi, et d’ailleurs ne sont-ils pas plutôt des révoltés que des frondeurs ?
Décidés peut-être à ne plus jouer les godillots, puisqu’ils en ont plein les bottes, ces souliers bien pratiques avec toutes ces pluies de trahisons, vont-ils laisser exprimer leur colère jusqu’au bout en refusant de donner leur confiance à ce gouvernement ?
Il ne faudrait alors plus parler de pluie, mais prévoir un déluge de mauvaises nouvelles, et pas de Noé à l’horizon, seulement la perspective d’une dissolution du parlement, puisque de lourds nuages noirs s’amoncellent sur la tête présidentielle… et quoi de mieux que l’eau pour hâter cette dissolution ?
Pour que cette situation, qui pourrait paraitre inévitable, s’inverse, il suffirait que le président se mouille un peu, qu’il prenne la mesure de la déception populaire, qu’il nomme un premier ministre légitime, qu’il redonne du pouvoir d’achat aux citoyens, qu’il acte enfin les engagements qu’il avait pris au Bourget, mais cela ne semble pas à l’ordre du jour.
Comme dit mon vieil ami africain : « heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière »…à moins que la phrase ne soit de Michel Audiard ?
L’image illustrant l’article vient de « pierre.parillo.over-blog.fr »
Merci aux internautes de leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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