Guerre ouverte à Neuilly
Après une brève accalmie, Jean Sarkozy durcit le ton contre l’actuel maire de Neuilly. L’heure est à la reconquête du fief familial, et aucun argument fallacieux n’est de trop….
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Calife à la place du calife…
En Sarkozie, la confiscation du bastion familial n’a jamais été digérée. Après l’élection de Jean-Christophe Fromantin, une stratégie de reconquête de la ville a rapidement été mise en place. Jean Sarkozy a ainsi été bombardé conseiller général et président du groupe UMP des Hauts-de-Seine, l’objectif étant de lui donner rapidement les moyens de peser sur les politiques municipales.
Jean Sarkozy se complait dans ce rôle de « calife à la place du calife » qu’il n’a visiblement aucun mal à endosser, comme en témoigne le journal de propagande dont il s’est doté pour vanter les mérites de son action politique. Nous en avions parlé récemment, il n’hésite pas non plus à tirer parti des réseaux de son paternel pour éliminer les rivaux gênants. Ne rechignant devant aucune palinodie, le jeune Rastignac multiplie les alliances politiques et fait défiler à Neuilly tous les caciques de l’UMP pour fragiliser Jean-Christophe Fromantin.
L’ennui avec le fils cadet du Président reste son manque de crédibilité. Malgré la bonne volonté de son équipe de comm’, qui sillonne le web pour veiller à l’intégrité de son e-réputation, sa popularité ne décolle toujours pas. Il faut rappeler pour les non-neuilléens que la victoire de Jean Sarkozy aux cantonales s’est remportée dans la douleur. Dans une circonscription où la droite, à l’électorat ultra-majoritaire, est coutumière de scores dignes d’une république bananière (79,44% en 2004), Jean, confronté à seulement trois candidats, a dû se contenter d’une victoire à la Pyrrhus avec 51,9% des voix.
Conscient de ses carences, le jeune godelureau a décidé de donner du volume à son action politique en prenant en main un projet emblématique cher aux neuilléens : l’enfouissement de la RN 13.
Confrontation de projets
Cette entreprise, c’est un vieux serpent de mer de 37 ans qui n’a malheureusement jamais été terrassé. Un problème récurrent qui empoisonne la vie de la population (160 000 véhicules passent chaque jour) et qui coupe la ville en deux…
Jean-Christophe Fromantin a donc décidé de s’y atteler avec pragmatisme. Il a présenté un projet nommé « Axe Majeur » proposant de relier la place de l’Etoile à celle de La Défense, à la fois dans le cadre du réaménagement de la RN13 et en préparation du Grand Paris. Le maire de Neuilly s’est rapidement prononcé pour un enfouissement partiel uniquement, ceci afin de préserver l’activité économique de la ville.
Jean Sarkozy saisit la balle au bond et relance l’ancien projet de son père en 2006, qui prévoyait un enfouissement total avec la création d’une 2×3 voies. Ce recyclage d’idées ne le rend pas humble pour autant, et il a même l’audace de reprocher au maire de Neuilly son « manque d’initiative ».
Sous l’influence du chef de l’Etat, le comité de pilotage a finalement opté en faveur de cette dernière proposition, même si le maire de Neuilly a obtenu satisfaction sur certains points.
Quoi qu’il en soit, le maire Fromantin sait désormais qu’il est dans le viseur élyséen. Nicolas Sarkozy ne recule devant aucune perfidie pour le discréditer lors de réunions publiques. Pour un travail identique, le chef de l’Etat pratique le double langage : quand le maire de Nogent-sur-Marne reçoit compliments et lettres de félicitations, Fromantin, en disgrâce, est voué à l’oubli…
Nul doute que la pression élyséenne risque de s’intensifier au cours des prochains mois. La guerre est désormais ouverte à Neuilly. L’heure des ronds de jambe et des sourires de façade semble bel et bien terminée. L’hostilité est désormais affichée, revendiquée…
Jean Sarkozy ne cache plus son envie d’accéder à la députation. Pour un homme qui a fait de la tromperie apostolat, nul doute que les coups voleront bas. En face, on défend – on aimerait au moins le croire – une autre vision de faire de la politique. Dans le combat des chefs qui se profile à l’horizon 2012, les neuilléens auront à se prononcer. Trois ans à venir durant lesquels Neuilly risque de vivre au rythme de luttes d’appareil où toujours l’égotisme prend le pas sur l’intérêt commun.
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