Haro sur le « bon sens »
Faudrait-il se priver de l’expression de tout bon sens au seul titre d’une appartenance « forcenée » à une idéologie ou à un parti ? Les réactions des uns et des autres après un entretien avec un lecteur du Parisien de Jean-Marc Ayrault le laissent malheureusement supposer.
Il est évident que prise au pied de la lettre, les déclarations du Premier Ministre peuvent surprendre et pourtant elles recouvrent une réalité dans le contexte actuel de « reconquête » de notre compétitivité. Jean-Marc Ayrault, à juste titre préoccupé par cette question et sous la « menace » d’un rapport décapant à paraître le 5 novembre sous la plume de Louis Gallois, répondait simplement à l’interrogation d’un lecteur.
Le dialogue s’établissait ainsi :
"Si demain on revenait aux 39 heures payées 39 des gens seraient peut-être ravis ?" l'interroge un des lecteurs dans le cadre d'une rencontre organisée à la rédaction du quotidien.
"Développez ce point de vue mais vous verrez qu'il fera débat. Mais pourquoi pas ? Il n'y a pas de sujet tabou. Je ne suis pas dogmatique", répond le premier ministre, qui ajoute : "La seule chose qui me préoccupe, c'est que la France est en panne, et il faut que l'on redémarre le moteur, à fond. Mais pas pour foncer dans le mur", explique-t-il.
Il aurait dû être encensé pour cette ouverture d’esprit, cette acceptation de la discussion sans préjuger du résultat de cette dernière. On l’accable ! Ce n’est pas honnête.
On pourrait sans doute critiquer la forme « communicative » en terme "politique" mais le bon sens de sa réplique et ses préoccupations sont louables en dépit de ses prises de position antérieures. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis devant certaines évidences.
Le document Gallois attendu, préconiserait d’ailleurs la suppression des 35 heures, mesure emblématique du gouvernement Jospin à la fin des années 1990. Depuis des années, la loi sur les 35 heures de travail hebdomadaire fait débat. Pour beaucoup de spécialistes, cette mesure a "plombé" la France. Pour d'autres, elle a eu des bienfaits. Mais aujourd'hui, est-elle toujours adaptée au fonctionnement des entreprises.
"Comme la plupart des maires socialistes de grandes villes - Delanoë, Collomb, entre autres - le maire de Nantes est un pragmatique, pas un idéologue. Des patrons, il en a rencontrés des centaines pendant plus de vingt ans pour les convaincre de créer des emplois dans son agglomération. Les riches, il a appris à les aimer quand ils créent de la richesse chez lui. En réalité, lorsque Ayrault concède à un lecteur du Parisien que les 35H ont causé des « difficultés aux petites entreprises », ça n’est pas un couac mais juste la sagesse de l’homme de terrain qui s’exprime."
Ce qui est beaucoup plus préoccupant réside dans le tintamarre ayant suivi cette déclaration et des deux côtés de l’échiquier politique. La droite devrait se réjouir d’une telle et même tardive prise de conscience. La gauche ne devrait pas crier « au loup » et essayer de corriger par tous les moyens cette lucidité par une escalade dans l’obscurantisme. Elle devrait comprendre que pour les 5 ans qui viennent et plus si affinité, elle est avant tout au service des intérêts du pays et pas des petits comptes d’apothicaire de la boutique PS.
le site du Parisien et l'entretien "contesté"
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