Hollande : à chacun son Fouquet’s !
Depuis deux semaines, la sauce Hollandaise a enfin prise, et beaucoup prédisent déjà une large victoire... Mais...
François Hollande a incontestablement marqué des points dans son raout à grand spectacle d’il y a dix jours, copie conforme de celui de Sarkozy en 2007, et il a confirmé sa bonne forme dans la récente émission de France 2 dont il était la vedette, face à un Juppé étrangement en retrait.
Fini les “Flamby” et autre “Babar”, ces surnoms qu’amis et ennemis lui avaient attribué dans le passé. Il a cette fois revêtu un costume présidentiel à sa taille, c'est incontestable.
Plus important que la forme, le fond : l’ancien compagnon de Ségolène a fait de l'argent-roi le principal adversaire du quinquennat à venir, s'il est élu président le 6 mai prochain.
Une lutte contre le “monde de la finance” a constitué le fil rouge du discours du candidat socialiste, qui a mis le cap à gauche toute, ce qui ne manque pas de sel, du reste, lorsqu’on sait que le PS a voté d'une seule voix toutes les lois ultralibérales depuis 10 ans au parlement européen.
Le député de Corrèze propose - outre la taxe sur les transactions financières, qui rappelons-le est mise en œuvre par son adversaire UMP, et dont il ne fait ici que suivre l’initiative - une série de mesures au niveau européen, avec notamment la création d'une agence publique de notation (zinzin étatique qui a peu de chance de voir le jour et n’aura qu’une crédibilité réduite sur les marchés), d'un fonds d'intervention (avec quel argent ?), d'une contribution écologique (avec quel argent ?), et la mise en oeuvre d'une “nouvelle politique commerciale” (ici on ne voit pas trop ce que cela signifie) et d'une « parité juste » sur l'euro (là encore, on ne voit pas comment ordonner au monde une échelle fixe des monnaies, sauf à mettre en place une dictature fermée). Bien entendu il est possible que ces mesures fonctionnent, mais c’est loin d’être certain.
L’épisode de l’enfarinade du candidat Hollande n’a pas de signification particulière, et n'aura probablement pas de conséquences électorales. En revanche, le déjeuner “Chez Laurent” ressemble assez à une copie conforme de la réunion maladroite au Fouquet’s d’un certain Nicolas...
De quoi s’agit-il ?
François Hollande et Bernard Henri-Lévy (un des 100 hommes les plus riche de France) se sont retrouvés cette semaine pour un déjeuner en tête à tête au Restaurant Laurent, selon Le Parisien. C'est Pierre Bergé qui aurait organisé l’agape.
François Hollande l’assure : il « n’aime pas les riches ». Mais que peut bien penser le peuple de gauche à la lecture du menu du restaurant Laurent ? Les « Truffes noires et salade de mâche, toasts "melba" » à 140 euros ne constituent en effet qu’une entrée. Le carré d’agneau est à 92 euros et l’ananas rôti à 30 euros. On est assez loin de Billancourt !
Voilà en tout cas un prologue au septennat de gauche pour le moins compliqué à défendre sur le plan intellectuel. Sarkozy a beaucoup choqué, à juste titre, au soir de son élection. Un dirigeant responsable doit comprendre qu'il est devenu indécent de se fréquenter de tels endroits quand tant de ses électeurs souffrent, qu'il soit UMP ou PS.
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