Hollande : la mutation du capitaine de pédalo en capitaine au long cours
Passer du gestionnaire au visionnaire. La mise en récit du mandat de François Hollande est engagée. L'objectif est aussi simple que vital : gommer l'image de Pépère et donner au locataire de l'Elysée de l'épaisseur. Les mots sont une chose, les actions une autre. Le spectre du discours sans lendemain du Bourget est loin d'être oublié. Dans le viseur, la prochaine réforme des retraites dont le fond et la forme signeront la réussite ou l'échec du mandat.
S'il est un sujet sur lequel l'exécutif est attendu, c'est bien celui des retraites. Le Château peut bien miser sur la reprise économique, celle-ci, au mieux embryonnaire ne réglera pas la question du tonneau des danaïdes que sont les comptes sociaux. L'accumulation des déficits, d'année en année, fait gonfler la dette sociale, qui a atteint un total de 209 milliards fin 2012.
Trois décennies après l'élection de François Mitterrand, la gauche au pouvoir est à un croisement idéologique. Soit elle reste dans sa quête au label de bon gestionnaire, soit elle tente de s'inscrire comme réformatrice mais dans le sens du progrès social, du mieux vivre, à l'inverse du déclassement de ces dernières années.
Sans jeter de chat noir à la figure de l'exécutif, il lui sera difficile d'opérer un redressement du pays sans passer par la case grande réforme fiscale. Le candidat François l'avait promis, le président Hollande l'a oublié. Un certain Cahuzac, au plus fort de son arrogance avait même déclaré les yeux dans les objectifs d'une caméra de télévision qu'elle était déjà faite.
Pourtant, si le capitaine Hollande veut s'assurer la confiance et la collaboration de l'équipage du navire France pour un voyage au long cours, il faudra bien qu'il donne des gages sur la gouvernance, sur la contribution en termes d'efforts qui sera demandée à chacun pendant le voyage et enfin sur la répartition des bénéfices à l'arrivée.
La gauche de la gauche a beau jeu de dire qu'il y a de l'argent dans ce pays et qu'il suffit d'aller le chercher là où il est. Ce n'est pas totalement faux. Les pertes de recettes fiscales sont énormes de l'ordre de 60 à 80 Mds €/an et ce manque à gagner contribue à la dégradation des comptes de la nation. Il ne suffit pas pourtant de prendre plus aux riches. Il faut dans le même temps créer les conditions d'un enrichissement national profitable à tous, le problème n'étant pas qu'il y a trop de riches mais, trop de pauvres comme aime à le dire Jacques Attali.
Faute de mesurer les marges de manœuvres réelles d'une meilleure perception des recettes, le gouvernement offre sur un plateau la possibilité de rejeter les réformes à venir au motif qu'elles sont socialement et fiscalement injustes. "Il faut que la France ait confiance en elle", ne cesse-t-on de rabâcher du côté de Matignon. Mais c'est oublier un peu vite que cette confiance ne peut éclore que si les Français ont confiance dans la sagesse des arbitres et l'équité des arbitrages rendus par le pouvoir politique. Ce contrat de confiance ne saurait se nourrir de promesses de Gascon.
L'annonce par les syndicalistes de Force ouvrière d'Arcelor Mittal le 19 août de la mise aux enchères sur Internet de la plaque dénonçant la "trahison" du président François Hollande sur le dossier de Florange constitue à cet égard un dur rappel à la réalité.
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