Horreur totale en Israël ; émotion et clarification politique en France
« Ne vous y trompez pas. Cette guerre est une guerre contre notre civilisation, une guerre entre la civilisation et la barbarie ! Non, ce n’est pas une guerre de territoires. Les colonies ? Israël a évacué Gaza jusqu’au dernier centimètre carré ! Le Hamas veut un État à la place et non à côté d’Israël. Israël est le premier rempart contre l’islamisme qui a défiguré la France, y faisant 271 morts. Ces barbares s’attaquent à notre modèle de société, à nos valeurs, à notre art de vivre, et surtout à notre conception du monde et de la dignité humaine. Si Israël perd cette guerre, c’est le monde libre qui vacille : c’est eux ou nous. N’oubliez jamais Sartre : "Pas un Français ne sera en sécurité tant qu’un Juif, en France et dans le monde entier, pourra craindre pour sa vie". » (Meyer Habib, député LR, le 10 octobre 2023 dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale).
L'effroyable attentat terroriste du Hamas qui a eu lieu le 7 et 8 octobre 2023 sur le territoire d'Israël n'en finit pas de montrer l'horreur à l'état pur. À ce jour, on "décompte" hélas au moins 1 200 victimes, pour la plupart des civils, des enfants, des vieillards, vous ou moi, au moins 3 400 personnes blessées, et au moins 200 otages humiliés, kidnappés pour servir d'une improbable monnaie d'échange. Chaque jour, de nouvelles victimes sont découvertes.
Parmi ces victimes, il y a eu au moins 10 Français assassinés, et une vingtaine d'autres qui ont disparu. La France n'est donc pas seulement touchée moralement, politiquement, diplomatiquement, mais aussi physiquement, charnellement, dans la chair même de ses propres citoyens. Parmi les pays étrangers à Israël, la Thaïlande, les États-Unis, le Népal et l'Argentine sont également durement touchés. De plus, 200 000 Français vivent en Israël, et la Première Ministre Élisabeth Borne pensait à eux : « Je pense tout particulièrement à nos ressortissants décédés lors des attaques et à ceux dont nous attendons encore des nouvelles. Je pense aussi à la communauté française d’Israël et aux Franco-israéliens. Leur situation est éprouvante. Nous sommes mobilisés et nous sommes avec eux. Je le dis sans ambiguïté : toujours la France défend la démocratie ; rien n’excuse ni le terrorisme ni la barbarie. Comme l’a affirmé dès samedi le Président de la République, nous sommes aux côtés du peuple israélien dans l’épreuve qu’il subit. ».
Cette attaque sans précédent de toute l'histoire d'Israël ne peut malheureusement pas rester sans réponse de la part de l'État d'Israël. Pris en faiblesse, il ne peut pas ne pas réagir et cette réaction, qui s'effectue actuellement, a provoqué et va provoquer encore des victimes et de la souffrance sur la Bande de Gaza. Élisabeth Borne, qui s'exprimait sur le sujet au début de la séance du mardi 10 octobre 2023 à l'Assemblée Nationale, le reconnaissait : « Ne nous trompons pas sur ce qui vient de se passer : l’ampleur de l’opération, mais aussi sa complexité et son exécution, montrent que nous faisons face un changement d’échelle. Cette barbarie et ce niveau de violence inimaginable nous rappellent les pires moments de notre combat contre l’État islamique. (…) Dans ces heures graves, la responsabilité doit guider notre action. Notre message est clair, le Président de la République l’a rappelé ce matin : (…) nous nous tenons aux côtés d’Israël et sa population et les assurons de notre soutien total. Face au terrorisme et à la barbarie des attaques terroristes, ils ont le droit de se défendre : personne ne peut leur dénier ce droit. ».
Ce qui s'est passé ces derniers jours en Israël, c'est l'équivalent des attentats du World Trade Center aux États-Unis, c'est l'équivalent aussi des attentats qui ont endeuillé la France et les Français ces dernières années, ceux de "Charlie Hebdo" en janvier 2015, ceux de Paris le 13 novembre 2015, celui de Nice le 14 juillet 2016... Les terroristes s'en sont pris à des personnes innocentes, civiles, parfois étrangères, qui ne faisaient que vivre, parfois s'amusaient, se détendaient.
Oui, comme l'a expliqué (voir plus haut) le député Meyer Habib (LR), représentant des Français en Israël, au cours de la séance de questions au gouvernement du 10 octobre 2023, ce qui est en jeu est bien notre mode de vie, notre art de vivre. Le Hamas n'a pas seulement une ambition palestinienne, il s'agit de remettre en cause notre manière de manière. La description d'Élisabeth Borne était d'ailleurs très parcellaire : « Ce samedi 7 octobre, l’horreur s’est abattue sur plusieurs villes d’Israël. Quelques heures plus tard, nous allions découvrir l’ampleur, la gravité et la barbarie de l’attaque terroriste commise par le Hamas : des tirs de roquettes massifs visant des civils ; des femmes, des hommes, des personnes âgées, des enfants exhibés, humiliés, pris en otage, tués. Ces images ont été un choc, elles étaient probablement encore en deçà de la réalité. ».
Nous avons été presque surpris, en tout cas rassurés de voir le monde en entier en communion avec les Français lors des attentats de "Charlie Hebdo", cette gigantesque manifestation du 11 janvier 2015, pas seulement celle du peuple mais aussi celle des principaux chefs d'État et de gouvernement du monde. C'était émouvant et c'était le signe que le monde était conscient du danger global qui le guettait. Au même titre que la quasi-totalité des pays du monde (et la Russie de Vladimir Poutine en premier lieu !) avait communié avec le peuple américain après l'horreur du 11 septembre 2001.
C'est pour cette raison que le monde entier doit exprimer sa solidarité envers Israël. Ne pas le faire est montrer son véritable visage. En France, les partis politiques sont au pied du mur. Tous les partis représentés au Parlement ont montré leurs valeurs républicaines... sauf un ! FI a refusé de qualifier le Hamas d'organisation terroriste (les enragés de FI préfèrent parler de "résistants") et, surtout, FI a excusé les actes absolument odieux de ce week-end.
Or, rien ne peut justifier cette barbarie. C'est comme si des responsables politiques de pays étranger expliquaient, après les attentats de Paris, que la France avait conduit une mauvaise politique vis-à-vis des ?? (je ne sais pas, des musulmans ?) et que les victimes françaises des attentats méritaient d'avoir été massacrées. D'autres ont aussi osé dire que les festivaliers qui faisaient la fête à deux pas de la frontière de Gaza étaient inconscients, aveugles du danger, comme si leur massacre était de leur faute, qu'ils l'avaient bien cherché, comme certains pouvaient dire encore récemment (c'est plus dur maintenant) qu'une jeune fille violée l'avait bien cherché parce qu'elle portait une mini-jupe.
Ces réactions d'inhumanité placent ces responsables politiques hors du champ des valeurs républicaines. Pour FI, l'affaire est donc très claire, et il faut souligner par exemple la réaction d'un député socialiste de l'Essonne, Jérôme Guedj, qui était, dans ce département à la fin des années 1990, un petit protégé politique de l'ancien sénateur et premier vice-président du conseil général Jean-Luc Mélenchon, qui a condamné très fermement la position de son ancien mentor (à la limite de l'ingratitude).
À côté de cela, des journalistes pro-palestiniens se sont enfermés dans leur idéologie, piégés par leurs habitudes rhétoriques. Ainsi, Daniel Schneidermann, dont l'observation acide (et lucide) des médias en faisait un être éclairé prêt à s'exprimer contre sa propre chapelle, en est venu à pinailler sur les mots "civils" que les médias attribueraient volontiers aux victimes israéliennes et moins volontiers aux victimes gazaouies, ou même, ce mercredi 11 octobre 2023, sur le nombre, l'âge et la manière dont seraient morts des bébés (décapités ?) dans le kibboutz de Kfar Aza, mais lui-même le reconnaît : « Morts ? Vivants ? Égorgés ? Éventrés ? Décapités ? Et combien ? Vingt ? Trente ? Quarante ? Davantage ? Poser ces questions, en sachant leur caractère dérisoire. Comme si trente ou vingt bébés massacrés, ce n'était exactement pas la même horreur que quarante. ».
Depuis le début de la semaine, des dizaines d'actes antisémites ont été répertoriés en France. La situation est donc tendue et jamais le conflit israélo-palestinien n'a été aussi prégnant dans le débat politique en France. Selon les vœux de la Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet, tous les groupes politiques ont pu s'exprimer au début de la séance des questions au gouvernement du 10 octobre 2023, à grands renforts de Jean-Paul Sartre et Albert Camus, avec une réponse globale de la Première Ministre. Cela a permis de bien prendre la mesure de la clarification qui se fait dans le paysage politique français. Les orateurs étaient principalement le président de chaque groupe, sauf pour LR et le PS où c'était le chef du parti qui s'est exprimé. En voici quelques extraits significatifs.
Éric Ciotti (Les Républicains) : « Des massacres de civils ont été perpétrés, des vieillards ont été traqués jusque dans leur domicile, des enfants ont été kidnappés, des femmes ont été violées et les terroristes du Hamas qui ont commis ces exactions menacent maintenant d’assassiner les otages. (…) Notre réaction doit être celle de tous les républicains attachés à la liberté : nous devons condamner sans réserve les terroristes et soutenir totalement Israël en lui exprimant notre fraternité et notre humanité commune. Au-delà de l’affirmation de notre soutien et de l’expression de notre émotion, il est également important de réagir, madame la Première Ministre. C’est la raison pour laquelle le groupe Les Républicains a déposé une proposition de résolution visant à la suspension de l’aide publique au développement française en Cisjordanie et dans la bande de Gaza : nous ne pouvons plus accorder de financements publics à ceux qui soutiennent ou financent le terrorisme ! (…) Il faut couper toute aide au développement à ceux qui soutiennent le terrorisme. ».
Mathilde Panot (FI) : « Nos pensées se tournent à cette heure vers le Proche-Orient, où les peuples israélien et palestinien souffrent, encore une fois. (…) Nous condamnons tous ces crimes de guerre. Un seul message doit parvenir du concert des nations en cette heure si grave, nullement propice aux polémiques franco-françaises : cessez-le-feu ! Tel est le message du Secrétaire Général des Nations Unies, celui du pape et celui de Lula, dont le pays préside actuellement le Conseil de Sécurité des Nations Unies. (…) Cela fait trop longtemps que la communauté internationale laisse la situation s’envenimer. (…) Il nous faut œuvrer au rétablissement d’un processus de paix qui mène à deux États, sans quoi les horreurs passées s’amplifieront non seulement des atrocités présentes, mais aussi des désastres à venir. (…) Aucune paix durable ne peut voir le jour sans respect du droit international ni sans qu’il ne soit mis fin à la colonisation. Madame la Première Ministre, retrouverez-vous la voix indépendante portée par la France de Charles De Gaulle à Jacques Chirac, cette voix d’une France qui est écoutée quand elle parle, cette voix qui fait entendre la parole de la paix et qui ne s’aligne pas sur les positions va-t-en-guerre d’un gouvernement d’extrême droite, cette voix qui réaffirme que toutes les vies comptent sans exception ? ».
Cette intervention de la chef des insoumis a été beaucoup chahutée par les autres députés, car elle évacuait rapidement les victimes du Hamas et les mettait au même niveau que les victimes de la riposte israélienne. Ainsi, François Cormier-Bouligeon (Renaissance) : « Condamnez le Hamas clairement ! », puis : « Ça suffit, vous êtes la honte de cette assemblée ! ». Un autre député de Renaissance : « Indigne ! ». Bruno Millienne (MoDem) : « C'est honteux, madame Panot ! ». Rémy Rebeyrotte (Renaissance) : « Vous êtes complices du Hamas ! ».
Sylvain Maillard (Renaissance) : « Certains voudraient créer ce climat de terreur sur notre sol, alors qu’une vingtaine d’attaques antisémites ont été relevées en deux jours. Il est du devoir de la représentation nationale de dénoncer avec force ces actes de haine qui sapent nos principes. Toucher à un citoyen juif, c’est toucher à la République. Dans ce combat commun des démocraties contre la terreur, la complaisance aveugle et l’ambiguïté coupable sont intolérables, car rien, absolument rien, ne justifie le terrorisme. ».
Marine Le Pen (RN) : « Ce 7 octobre 2023, nous avons assisté à ce que nous pensions ne plus jamais revoir dans l’histoire de l’humanité : des pogroms, des pogroms sur la terre même d’Israël, au cours desquels on a tué des femmes, des enfants, des hommes, uniquement parce qu’ils étaient juifs. Ces attaques sont un crime contre les humains mais aussi un crime contre la paix, contre cet extraordinaire et lent processus qui, ces derniers mois, semblait progresser et rapprocher Israël et les nations arabes. Nous, Français, avons revécu avec effroi les horreurs du Bataclan ou les tueries d’enfants de Mohamed Merah. Les scènes, d’une violence inouïe, contre des civils ou des militaires blessés ou tués, les prises d’otages, dont des personnes âgées et des enfants, sont d’une inhumanité rare. Je tiens à affirmer que ceux qui soutiennent l’insoutenable, l’excusent ou le relativisent, et dont certains siègent sur ces bancs, attentent aux valeurs humaines. Ils en répondront politiquement, y compris vis-à-vis de leurs alliés, et le cas échéant devant la justice. Je réaffirme solennellement notre soutien au peuple israélien frappé au cœur, aux familles touchées dans leur chair et à tous ceux qui souffrent dans leur âme de ces abominations. (…) Si, sur le plan physique, le gouvernement a annoncé le déploiement de forces de l’ordre, sur le plan moral, comment comptez-vous faire respecter en France l’interdiction de l’apologie du terrorisme, première étape dans la lutte contre l’islamisme ? ».
C'est malheureux à dire, mais il faut bien reconnaître que l'intervention de Marine Le Pen a été excellente, d'autant plus excellente qu'elle n'a pas voulu en rajouter avec l'immigration comme souvent, c'était le cas avec le terrorisme islamique. Elle a même été applaudie par le groupe LR, c'était la première fois !, lorsqu'elle a fustigé ceux qui relativisaient l'horreur (suivez mon regard).
Olivier Faure (PS) : « Le massacre de jeunes à une rave party, l’exécution de bébés, de vieillards, d’innocents, le kidnapping d’otages, y compris d’enfants, n’est pas un acte de résistance, mais un crime terroriste. Les actes du Hamas doivent être condamnés, comme leur projet politique, qui n’est pas la paix et qui exclut toute coexistence avec l’État d’Israël. Notre condamnation est totale. Le terrorisme n’est pas un moyen d’expression. Aucune cause ne le justifie. Aucun contexte ne l’excuse. La fin ne justifie jamais les moyens. (…) Chacun le sait, l’embrasement est désormais possible. Un scénario du pire s’écrit sous nos yeux. La tentation du chaos existe. Elle est portée par tous ceux qui, du Hamas à l’extrême droite israélienne, ont tout fait pour tuer les accords d’Oslo. La riposte ne peut donc pas être la vengeance aveugle. Notre soutien à Israël, comme à toute démocratie frappée par le terrorisme, est indéfectible dans les limites du droit international. Le droit humanitaire doit être respecté. Le siège de Gaza n’est pas acceptable. ».
Laurent Marcangeli (Horizons) : « Le 7 octobre 2023 restera dans l’histoire comme un jour où le genre humain a montré sa face la plus sombre. Le Hamas a lancé une attaque organisée, coordonnée, visant à prendre le maximum de civils israéliens en otage, quand ils n’étaient pas sommairement exécutés, chez eux, parfois par familles entières. Ce ne sont pas des crimes de guerre, une qualification qui s’applique uniquement à des actes commis par une armée régulière. Ici, les méthodes employées ont changé de nature et de degré. Elles sont désormais comparables à ce que l’État islamique a pu faire de pire. (…) La vérité est que la cause palestinienne mérite mieux qu’une organisation islamiste terroriste qui n’hésite pas à prendre des populations civiles, qu’elles soient israéliennes ou palestiniennes, comme boucliers humains. Plus personne n’ignore que le but ultime du Hamas n’est pas la paix, mais bien la destruction pure et simple de l’État d’Israël. ».
Cyrielle Chatelain (EELV) : « Notre solidarité est totale. Les Israéliens ont le droit absolu de vivre en sécurité. Les écologistes condamnent sans réserve les atrocités commises par les terroristes du Hamas. Aucune lutte ne justifie des tirs de roquettes contre un hôpital. Aucune cause ne justifie la prise d’otages et l’assassinat de civils. Aucun acte de résistance ne justifie le massacre de 260 festivaliers. Les écologistes ne seront jamais du côté de celles et ceux qui sèment la terreur et la mort. (…) Aujourd’hui, les bombardements incessants de Gaza et l’instauration d’un siège total privant 2,3 millions de Gazaouis d’eau, de nourriture et d’électricité nous alarment au plus haut point. (…) Le gouvernement français ne peut se contenter d’apporter un soutien aveugle au gouvernement israélien. La France doit réaffirmer sa position historique pour la coexistence de deux États vivant en paix et en sécurité. Les Palestiniens ont le droit absolu de vivre libres dans un état souverain. ».
Comme pour FI, les écologistes ont mis sur le même plan la sécurité d'Israël et la sécurité de Gaza. Même si le soutien à Israël ne fait pas défaut, c'est le début d'un relativisme qui est très proche de celui des insoumis.
Jean-Paul Mattei (MoDem) : « "Quelle que soit la cause que l’on défend, elle sera toujours déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente, où le tueur sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant", écrivait Albert Camus. Depuis samedi dernier, les populations civiles israéliennes sont victimes d’une attaque terroriste massive et sans précédent de la part du Hamas, qui a causé l’effroi dans la population israélienne. (…) Cette violence nous indigne, nous bouleverse profondément et ne peut laisser place à aucune ambiguïté d’interprétation quant aux motivations de ce groupe terroriste. Face à ces crimes, nous ne pouvons rester silencieux ou, pire, indulgents. Je veux le dire simplement : aucune lutte ne justifie le terrorisme. Aucun conflit territorial n’explique ces horreurs. Au-delà des communautés, c’est bien la dignité et l’humanité qui sont attaquées. ».
Bertrand Pancher (LIOT) : « C’est avec la plus grande fermeté que nous les condamnons, sans aucune réserve. Quelles que soient les causes de leurs actions, les humains ne peuvent en arriver à de tels niveaux d’atrocité contre leurs semblables. Les assassinats et les prises d’otage d’enfants, d’adultes, de femmes ou de personnes âgées sont des actes monstrueux. Nous apportons toute notre solidarité aux familles et aux proches des victimes, des disparus et des otages du Hamas, qui sont pris dans un chantage odieux. Loin de toute querelle politicienne, la représentation française et les responsables politiques que nous sommes doivent s’exprimer avec responsabilité et dignité. Face à un conflit d’une telle complexité, les prises de position sans aucune nuance, qui versent dans la surenchère, et celles cherchant des excuses ou appelant à la vengeance, ne sont décemment pas acceptables. Nul, ici, ne peut régler ses comptes avec d’autres, car ce serait une offense aux victimes et à tous ceux qui continuent de souffrir, ceux qui sont dans l’angoisse d’un enfant ou d’un parent disparu et qui craignent pour leur vie. Je le dis avec solennité : il est essentiel que nous donnions collectivement de l’hémicycle une autre image que celle que nous renvoyons parfois. ».
André Chassaigne (PCF) : « Les députés communistes ont condamné sans réserve l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas sur les civils israéliens. Comme tous ici, nous avons exprimé notre plus profonde émotion face à la violence aveugle qui s’est déchaînée sur des femmes, des enfants, des vieillards. Une condamnation s’impose, mais elle ne suffira pas à mettre fin aux violences, à protéger les populations et à trouver le chemin de la paix et de la sécurité. Aujourd’hui, Gaza est sous le feu des bombes, privée d’eau et d’électricité. (…) Une vengeance terrifiante qui s’abat, là encore, sur des femmes, des enfants, des vieillards, des millions de civils innocents. Madame la Première Ministre, la France doit aussi condamner cette opération vengeresse qui plongera un peu plus encore les peuples israélien et palestinien dans le désespoir et le deuil. Elle doit lancer une initiative diplomatique forte pour imposer le respect du droit et mettre fin à soixante-quinze ans de duplicité de la communauté internationale sur la question palestinienne. ».
Là encore, comme pour FI et EELV, l'intervention du représentant des députés communistes a été critiquée car elle plaçait sur le même plan l'horreur commise par le Hamas et la réaction de l'État d'Israël à Gaza, en insistant plus sur ce dernier point. Éric Ciotti s'est permis d'ailleurs de dire : « Avec la gauche, il y a toujours un "mais" ! ». Jean-Pierre Taite (LR) : « Ce ne sont pas vos femmes qui sont violées, ni vos enfants qui sont assassinés ! ». Et la députée Yaël Ménache (RN) : « C'est du clientélisme ! C'est une honte ! ».
Au moins, il y a eu clarification dans la classe politique devant les citoyens français. Aux partenaires des insoumis dans la Nupes de prendre maintenant leurs responsabilités pour rompre définitivement avec Jean-Luc Mélenchon ou alors pour assumer clairement son islamo-gauchisme : les socialistes, les communistes, les écologistes sont désormais le dos au mur et leurs électeurs les observent avec beaucoup d'attente.
Quant au gouvernement, la Première Ministre Élisabeth Borne a tenu à apporter précision et confirmation de sa politique dans une réponse globale aux orateurs précédents : « Mesdames et messieurs les députés, je veux également être claire sur un point : la France a toujours été l’artisan de la paix, et elle le reste. Malgré l’horreur des événements, ces violences injustifiables ne doivent pas nous détourner de la recherche d’une paix durable au Moyen-Orient et d’une solution politique dans le conflit israélo-palestinien. Le Hamas ne cherche pas à répondre à ces aspirations : il a démontré que son seul objectif était de faire couler le sang. Dans ce contexte, je n’ignore pas les interrogations sur notre aide humanitaire. Sachez qu’elle est versée à des organismes de l’ONU sur place, qui agissent directement pour assurer l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire, la santé ou l’éducation. Nous sommes particulièrement vigilants à ce que pas un euro d’aide française ne parvienne à une organisation terroriste, quelle qu’elle soit, ni à Gaza, ni ailleurs. Israël, un pays ami et allié, vit un traumatisme terrible, qui nous replonge cinquante ans en arrière. Notre devoir est d’être aux côtés de la démocratie, de dénoncer sans relâche le terrorisme, de tout mettre en œuvre pour trouver le chemin de la paix grâce à la diplomatie. Ce chemin sera très long, mais nous ne pouvons pas baisser les bras : la France tiendra sa place et fera tout pour trouver une solution politique et mettre fin à ce conflit territorial qui dure depuis des décennies. Dans ces moments tragiques, je trouve choquant et désolant d’entendre des voix dissonantes, jusque sur les bancs de cet hémicycle : c’est par la cohésion nationale et la défense de nos valeurs républicaines que nous pourrons être à la hauteur. ».
En répondant à une autre question, celle de Meyer Habib, Élisabeth Borne a ajouté, notamment sur l'antisémitisme en France : « Je l’ai dit, la première chose qui nous vient à l’esprit, c’est l’horreur : l’horreur du terrorisme, l’horreur des témoignages, l’horreur face à des hommes, des femmes, des enfants massacrés, des hommes, des femmes et des enfants enlevés, dont des fillettes de 4 ans. Le Hamas, groupe terroriste, a agi pour terroriser la population israélienne. Face à ces drames, nous sommes aux côtés d’Israël et du peuple israélien. Israël a droit à la sécurité, droit de se défendre. Rien ne peut excuser le terrorisme. (…) Vous connaissez mon engagement et celui de mon gouvernement dans la lutte contre l’antisémitisme. Aucune ambiguïté n’est possible. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : aucun acte ou propos antisémite n’est acceptable. Nous ne les tolérerons ni dans les cortèges, ni sur les réseaux sociaux. Je veux rassurer tous les Juifs de France : nous les protégeons. C’est l’engagement du gouvernement, c’est le devoir de la République. ».
Enfin, le Ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a rappelé ce que risquaient les auteurs d'expression antisémite notamment sur Internet : « Ce qui a frappé Israël samedi dernier, c’est le terrorisme. Derrière ce mot se cache un coupable, le Hamas. L’Union Européenne a dit très clairement que le Hamas était un groupe terroriste. Il n’y a aucune ambiguïté sur cette question. Je veux rappeler que notre pays souffre encore des stigmates de l’attentat du 13 novembre. Certains ont préconisé que le Hamas et les représentants d’Israël se mettent autour d’une table. C’est comme si en 2015, on avait demandé au gouvernement de la France de s’installer autour d’une table avec Daech. (…) La démonstration de soutien à un groupe terroriste, l’apologie du terrorisme, sont des infractions ! Les auteurs de messages incitant à porter un jugement favorable sur le Hamas ou le djihad islamique encourent cinq ans d’emprisonnement. S’ils diffusent leurs discours de provocation sur les réseaux sociaux, ils encourent non plus cinq ans, mais sept ans d’emprisonnement ! Dès samedi, j’ai demandé aux procureurs de la République et aux procureurs généraux, en lien avec les attentats perpétrés en Israël, de poursuivre les auteurs de telles infractions. Dix enquêtes sont en cours. J’ai également signé, il y a quelques minutes, une circulaire demandant un traitement immédiat, ferme et systématique de toutes ces infractions. Le terrorisme n’a rien à voir ici, son apologie non plus ! ».
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (11 octobre 2023)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Horreur totale en Israël ; émotion et clarification politique en France.
Terreur Al-Aqsa : Israël en guerre contre son agresseur, le Hamas.
Les Accords d'Oslo.
Shimon Peres.
Le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahou après sa nouvelle victoire.
Emmanuel Macron à Pithiviers en 2022.
Covid-19 : comprendre la situation épidémique en Israël.
Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël.
Naftali Bennett, Premier Ministre d’Israël à la place de Benyamin Netanyahou.
Israël 2020 : Benyamin Netanyahou vs Benny Gantz (3e round).
Benyamin Netanyahou a 70 ans.
Les élections législatives israéliennes du 17 septembre 2019.
Poisons et délices de la proportionnelle.
Les enjeux des élections législatives israéliennes du 9 avril 2019.
Golda Meir.
La lutte contre l’antisémitisme est l’affaire de tous !
Les Accords de Camp David.
La naissance de l’État d’Israël.
Massacre à Gaza.
Tentative de paix en 1996.
Un géant à Jérusalem.
L'un des derniers Sages d'Israël.
Israël est une démocratie.
Yitzhak Rabin.
Le Président Peres.
Ariel Sharon.
Ehud Olmert.
Benyamin Netanyahou III.
Yasser Arafat.
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