Hortefeux à volonté sur le social !
Après avoir tranché à coups de quotas dans la matière humaine, non sans dégâts, voici notre ministre affecté aux affaires sociales. A lui les manettes ! Bien sûr, il n’y connaît rien mais justement, c’est le but recherché : un ministre qui n’a aucune fibre sociale et qui saura couper, trancher, sans états d’âme dans les budgets sociaux.

Lui qui a restreint la politique de regroupement familial se voit chargé de la famille ! Lui qui a expulsé des clandestins, se voit confier une tâche presque identique : prêter main forte à Christine Boutin qui veut expulser les pauvres des HLM sous-occupés ! Petit tour d’horizon - morne horizon ! - de ce que présage l’attribution du ministère des affaires sociales à Brice Hortefeux.
D’abord, observons qu’une action concertée semble se dessiner avec la réduction des crédits du planning familial décidée par Roselyne Bachelot, la ministre de la santé. Il semble que sanitaire et social vont avancer main dans la main dans le même sens : celui des restrictions. Le planning familial fait partie de la politique familiale, c’en est le volet sanitaire. Le centre de planification familiale est (on dira bientôt "était") un des lieux d’accueil pour les jeunes filles et les mères qui y trouvent conseils et information sur la contraception, l’IVG, le contrôle des naissances, les infections sexuellement transmissibles, la violence conjugale, sexuelle...Mais voilà, l’heure est aux restrictions budgétaires et l’éducation familiale n’est plus une priorité. Alors que la question se posait plutôt de savoir de combien il fallait revaloriser le tarif (qui est de 8 euros de l’heure) les rémunérations des bénévoles devenus des professionnels grâce à une formation dispensée de 400 heures, c’est en sens inverse qu’il est tranché : moins d’argent ! Même s’il est vrai que le budget du planning familial n’a jamais eu les faveurs du gouvernement, ce gouvernement-ci essaie manifestement de refiler le financement en douce aux collectivités locales. Il y a celles qui voudront bien s’en charger et les autres, ce qui créera des inégalités d’accès à ces services sur le territoire français.
Mais revenons aux missions gérées en propre par Brice Hortefeux. Ce dernier est en charge du ministère du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville.
Il aura donc à traiter le travail et les Relations sociales : un rapport officiel (repris ici par Le Monde) nous apprend justement que le "travailler plus pour gagner plus" est un échec). Il devra s’occuper des relations avec les partenaires sociaux et des suites de la grève du jeudi 29 janvier qui vont lui donner de quoi s’occuper puisque Sarkozy a déclaré qu’il rencontrerait les syndicats pour imposer son calendrier et ne pas tenir compte de leurs revendications ni de la manifestation pourtant déclarée "légitime" par lui.
Le Handicap : Les coupes sombres ont commencé avant l’arrivée du nouveau ministre. Handicapés. Ainsi, et alors que la PCH (allocation qui remplace l’AAH) a vocation, aux termes de la loi Handicap du 11 février 2005, à prendre en charge l’ensemble des dépenses liées au handicap, donc les frais de transports, un décret a plafonné la prise en charge de ces frais à 12.000 euros sur 5 ans, soit 200 euros par mois en moyenne et plusieurs caisses d’assurance maladie avaient fermé le robinet. Or les frais réels supportés par les personnes handicapées ou leur famille peuvent être très nettement supérieurs. D’où un tollé légitime qui a infléchi un peu la position du gouvernement, lequel a rendu une sorte de jugement de Salomon. Mais la question n’est pas réglée pour autant et les coups de boutoir peuvent reprendre à tout moment.
La Politique de la ville : c’est-à-dire la SRU (Solidarité et Renouvellement urbains) : Le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a déclaré que l’Assemblée nationale suivrait le Sénat en refusant à son tour toute modification de la loi SRU sur le logement social, dans le cadre du projet de loi Logement de Christine Boutin. Mais ce n’est pas un cadeau du gouvernement, c’est un recul de ce dernier face aux manifestations nombreuses de mécontentement tout-à-fait justifiées des professionnels de la politique de la ville justement relayées par les sénateurs en octobre. Pour rappel, le gouvernement avait voulu comptabiliser l’accession sociale à la propriété dans le quota de 20% de logements sociaux pour échapper à l’obligation imposée par la loi SRU aux communes de plus de 3.500 habitants.
La Politique du logement : Alors que le projet de loi Boutin sur le logement est examiné à l’Assemblée depuis mardi, la polémique fait rage. Le Figaro a mis en ligne une interview vidéo d’Etienne Pinte, député maire des Yvelines. Celui-ci, bien que faisant partie de l’UMP, n’hésite pas à déclarer « absurde » que certaines sommes votées au Parlement n’aient pas encore été dépensées. Il pointe le risque évident d’un ajustement à la baisse des crédits 2010 si tous les crédits ne sont pas consommés, malgré les besoins criants.
Voilà sous quels auspices débute le ministère des affaires sociales version Brice Hortefeux et nous n’avons cité ici que ces quelques exemples bien connus. Le lieutenant de Sarkozy, fils de banquier de Neuilly et parrain d’un des fils du président, est aussi l’ami des riches qu’il aura à coeur de satisfaire en compensant les généreux cadeaux fiscaux par des prélèvements arbitraires sur les budgets sociaux.
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