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Identité(s) nationale(s) et gauche(s) plurielle(s), mes amours ou mon amour ?

Le postier trotskiste laissera-t-il son jeune collègue homosexuel travesti afghan polyandre porter sa burqa en pays Chti ? Peut-être. Mais acceptera-t-il d’être privé de saucisson à la cantine ? C’est moins sûr ! L’important est qu’en suscitant ce type de question, l’UMP pourrait bien contribuer efficacement aux déchirements et donc à la reconstruction de la gauche plurielle.

Au vue des premières réactions, le débat va atteindre son vrai objectif : diviser la Gauche plus que gagner des voix à droite. C’est de bonne guerre. Mitterrand n’évoquait pas principalement le vote des étrangers pour récupérer des voix d’extrême gauche.

Alors que l’identité nationale française est le fruit de compromis évolutifs entre des héritages variés et parfois contradictoires, d’aucun tentent de transformer certains de ses aspects en des absolus quasi transcendants.
A l ‘inverse, d’autres, et parfois les mêmes, parviennent à nier toute plausibilité aux valeurs qui constituent notre patrimoine commun.

La plus part de leurs interventions sur le sujet, constituent souvent à la fois :

- Une attaque en règle de l’identité nationale sur le fond

- Un mélange contradictoire de relativisation ou d’absolutisation des ses aspects anecdotiques

- Une mise en exergue des contradictions internes des gauches,

- Une contradiction des principes de ces mêmes gauches.

En les poussant à afficher leurs idées, nul doute que l’on provoquera des chocs en retour au sein de la gauche républicaine. Car celle-ci partage largement les positions de la droite du même nom.
 Certaines valeurs unissent en effet une très grande majorité de français, même quand ils diffèrent sur les modalités de leur mise en œuvre. A droite, elles font l’objet d’un consensus. C’est à gauche qu’elles posent problème… !

1 Ce qu’est vraiment notre identité nationale :

Si par identité « nationale » on entend notamment des caractéristiques qui hier ou aujourd’hui, distinguent la Nation française d’autre pays comparables, il est assez facile d’en faire une liste approximative.

L’identité nationale de la France est marquée, et ce depuis la Monarchie par :

- La place centrale de la question d’identité nationale dans les débats -qu’ils jugent illégitime- !

- La place centrale de l’universalisme dans les réponses - qu’ils remettent en cause- .

- La place centrale dans leur mise en œuvre d’un Etat - qu’ils veulent réduire à l’impuissance. 

- La place centrale des questions démographiques - qu’ils semblent ignorer

- La cuisine ! Ce qu’ils admettent, sans en tirer les conséquences, mais trahissant, ce faisant, qu’ils sont malgré tout des français comme les autres…


Le débat sur « l’identité nationale » fait parti de l’identité française. 

Certains cuistres à « mémoire courte » nient sa légitimité ou célèbrent une mythique « diversité » « moderne ». Comme l’a bien montré Emmanuel Todd, il n’est pas d’autre pays d’Europe qui connaisse une variété anthropologique comparable à celle de la France et ce, depuis au moins les invasions barbares.
Composée de populations en tendance spontanément égalitaires et universalistes, d’autres à priori favorables aux hiérarchies et au communautarisme, d’anarchistes nés et de partisans de l’ordre, elle a adhéré à, ou inventé, des formes idéologiques permettant de les contraindre, ou de leur faire admettre, bon gré mal gré, qu’ils avaient une identité minimale commune : Nationale.
Notre histoire est celle de balancements et de luttes d’influence entre ces différents modèles parfois plus égalitaires, parfois plus hiérarchisant.
En ce sens, une certaine gauche n’a pas tort de réaffirmer que notre identité nationale est un compromis évolutif entre des « diversités » parfois contradictoires. Ce point fait du reste l’objet d’un large consensus. Il n’est en rien nouveau. Il a toujours « fait débat ».

Il n’en demeure pas moins des constantes. La France a constitué son identité centrale en adhérant toujours aux formes idéologiques les plus universalistes.

Elle a été plus catholique que les autres, -fille aînée de l’église- parce qu’il n’est pas, comme son nom l’indique, de religion plus universaliste. Elle a été plus « droit de l’hommiste » pour les mêmes raisons n’hésitant pas à aller jusqu’à un grandiose absurde. Elle a enseigné aux Sénégalais que leurs ancêtres étaient des Gaulois blonds. Pour faire croire que des Alsaciens, des Corses, ou des Bretons ont la même identité, il faut que celle-ci soit définie de façon assez abstraite par une croyance commune en l’égalité des hommes. Celle-ci est bien partagée par le Catholicisme comme par le Républicanisme ou le Socialisme français. Et si nous sommes tous semblables, alors, bien sur, nos ancêtres sont les mêmes…Absurde certes, mais pas dépourvue d’une certaine grandeur assez typiquement française. ! On imagine moins bien un anglais expliquer à un pakistanais que ses ancêtre étaient bretons. Résultat concret ? Les sénégalais auront pu être officiers de l’armée française dés Louis XV, les afro américains, hors pilotes, dès la guerre de Corée….

L’identité nationale française a donc toujours voulu et été prête à intégrer le plus de monde possible. Le français étant le prototype de l’homme universel toute personne remarquable pouvait être considérée comme française de droit, voir les élus américains au moment de la Révolution. Mais il y avait quand même quelques critères qualitatifs. On n’a pas donné la citoyenneté à tous les Américains…..

Cette grande continuité d’un fond universaliste sous des formes changeantes transcende largement les familles politiques et les « identités communautaires ou politiques ».

Du front national, qui lors des évènements de Nouvelle Calédonie était le seul à défendre une ligne parfaitement républicaine. Aux sionistes français, persuadés, par universalisme républicain, que les Falachas était juifs, quand leurs homologues anglo-saxons étaient non moins persuadés qu’ils étaient noirs par différentialisme anglo-saxon. En finissant par les altermondialistes catholiques et royaux ! Car si ils existent dans de nombreux pays, il faut bien constater que l’idée a été développée, popularisée, organisée d’abord et avant tout par des Français. Le concept est qu’un pouvoir fort et dominant les particularismes nationaux permettra seul de faire valoir un intérêt général défini de façon assez dogmatique. Les alters se placent ainsi en droite ligne dans la tradition catholique, royale et étatique de la France…..

Car sur le plan fonctionnel, la France a toujours confié à un outil, l’Etat, le rôle de promouvoir ces idéologies identitaires aussi inventées et parfois imposée que choisies. Celui-ci refusant aux corps intermédiaires toute chance réelle de remettre en cause les équilibres fragiles qui les rendaient plausibles. En leur interdisant notamment tout rôle autonome dans L’Etat.


La place centrale d’un Etat fort mais « au dessus de la mêlée ».

De la monarchie à nos jour, en passant par le Jacobinisme, malgré les décentralisations, l’Etat Français reste plus présent et plus centralisateur que ses homologues européens. Notre taux de prélèvement obligatoire est notoirement plus élevé. Quand la tendance est à leur contrôle, même notre droite fait moins bien que, disons, des socialistes étrangers (la Suède par exemple).
En désaccord sur le niveau optimum, Gauche et Droite sont d’accord pour qu’il soit élevé. Tous sont attachés au « service public ». Même à droite, il est de nombreux électeurs qui n’éclatent pas de rire quand on leur explique qu’il est absolument nécessaire que le facteur soit fonctionnaire, donc Français, pour mettre une enveloppe dans une boîte aux lettres.
Il existait également un consensus pour qu’il s’élève au dessus des querelles partisanes. L’appareil d’état doit mettre en oeuvre la politique définie par des dirigeants politiques, mais il ne doit pas en tant que tel être un acteur politique autonome, ni être asservi à des intérêts particuliers. Pendant les guerres de religions, la plus part des Rois ont tenté de mettre l’Etat au dessus de la mêlée en assurant, même aux protestant, l’accès aux prébendes fonctionnariales.
En revanche, contrairement à ce qu’affirment de nombreux intervenants, l’Etat a toujours eu un rôle déterminant dans la réflexion, la définition et la diffusion des idéologies définissant une identité nationale. Ainsi la diffusion de langue française, et parfois même l’injonction de son utilisation dans certaines provinces, a toujours été une affaire d’Etat tous régimes confondus.


La place centrale depuis le XVIIIe siècle des questions démographiques.

Premier pays à avoir connu sa transition démographique, la France a vu sa place relative chuter dramatiquement dans les trois siècles écoulés et elle à réagit de deux manières

Par l’appel plus ou moins organisé, notamment par l’Etat, à de la main-d’oeuvre étrangère en fonction des intérêts nationaux.

Les rois ont fait venir des italiens pour la musique, des allemands pour le textile la 3ème République des polonais pour les mines, Les 4ème et 5ème des kabyles, des portugais italiens, maliens etc.. dans le bâtiment, l’industrie et pour vider nos poubelles. Tous le monde quand on avait besoin de chair à canon. Des « Suisses » à la légion étrangère la tradition reste vivace.
Peut-être la sixième fera-t-elle venir des informaticiens indiens si notre éducation nationale persiste à former plus d’intermittents du spectacle que de mathématiciens ?
L’universalisme de principe et originellement à usage interne de la France lui a facilité l’intégration des ces nouveaux venus.
Au besoin, un peu de volontarisme, par exemple avec le droit du sol, a même pu faire bon marché d’une éventuelle volonté des parents de conserver à leurs enfants leur propre nationalité.
Prétendre qu’il y aurait dans cette histoire une tradition d’accueillir la misère du monde est évi-demment une tartufferie. Comme si les pseudos générosités des nations n’étaient pas toujours la continuation de la défense de leurs intérêts propres, emballés dans des rhétoriques justificatrices.
La cinquième tardive a considéré que compte tenu de nos naissances enfin suffisantes et du chô-mage, il n’y avait plus urgence à importer massivement de la main d’œuvre peu qualifiée.
Louable souci social, car le réfugié Afghan, n’est évidemment pas un concurrent sur le marché du travail du salarié qualifié du privé et encore moins, plus paradoxalement, du postier, ou du man-œuvre des ponts et chaussées Français
Consensus à nouveau : on ne sache pas que la gauche républicaine ait rouvert les frontières en grand. Et nul racisme ou refus de la « diversité ». Essayer de prétendre le contraire participe de la stupide réduction ad Hitlerum de Sarkozy qui a remplacé le projet politique pour une partie de l’opposition.

Plus récemment, par la place originale d’une politique familiale. Elle est une conséquence autant qu’une cause.

Une forte spécificité « nationale » de la France est que les Français, seuls en Europe, persistent à avoir des enfants au niveau du seuil de renouvellement des générations. Notons qu’en cela, ils sont plus proches des américains (horreur !), que de tout autres européens. Ils y sont encouragés par une politique particulièrement généreuse pour les familles. Là aussi, large consensus. Avec quelques nuances de mise en œuvre, cette politique est consensuelle et identitaire.
Consensuelle : Jospin en s’attaquant à la fiscalité de la garde d’enfant à fait l’expérience électorale que les Français de gauche en avaient également.
Identitaire oui, parce que non exclusivement économique. On ne fait pas des enfants, pour les « allocs » mais parce que l’on a envie « que cela continue », donc, qu’au fond, on est assez satis-fait de sa propre vie. De ce que l’on est, de sa propre identité.
À moins de faire l’hypothèse, pas complètement absurde au demeurant, que les électeurs de droite auraient plus d’enfants que les électeurs de gauche, cela veut dire que dans l’ensemble, les Français sont heureux ou conservent l’espoir de le devenir.
Or, dans la polémique actuelle, un des grands leitmotivs des discoureurs de la gauche de gauche est qu’au fond, ils ne le sont pas et que d’ailleurs ils n’existent pas……Mais ils mentent doublement.

De la gastronomie comme facteur consensuel de satisfaction et d’exclusion…

Même ceux là s’accordent à reconnaître qu’il est doux de vivre dans un pays au 360 fromages (même Yannik Noha ! ) Pour le coup, total consensus ! Certes, cela revient à dire qu’il existe une France, jouissant d’une identité et qu’elle présente des aspects sympathiques. Mais une certaine gauche fumeuse n’ira jamais jusqu’à en tirer des conclusions.
Là ou elle se trahie et montre au fond son adhésion à la « francitude », c’est qu’en réalité, la gastronomie exclue autant qu’elle soude…. !
Célébrer le fromage, n’est-ce pas une forme subtil d’antisémitisme dés lors que la religion juive interdit de mélanger la présure au lait…. Passons sur le saucisson et le vin rouge pour ne pas en-courir les foudres des islamophobeophobes… Aucun « islamophobe », ne renie le couscous comme plat national français, mais on n’est pas prêt d’exporter des pieds panés en Arabie saou-dite. Bienfait de la mondialisation ? Certains anglais se seraient mis aux grenouilles, mais ils ne constituent sans doute pas la majorité de l’espèce. Quand à faire manger un fromage au lait cru à un Finnois ou un néerlandais…
Même la « gauche geignarde » reconnaît à travers son attachement à notre cuisine, que la France est faite de diversité, universaliste, prête à « intégrer », distincte des autres sociétés. Sans oublier, bien sur, un rôle central de l’état toujours prêt à distribuer les appellations contrôlées sous ré-serve de contrôle de qualité et, tel le Super Dupont de Gotlieb, à voler, le cas échéant, au secours de la nouille française !
Loin d’être anecdotique, notre gastronomie est vraiment un reflet de notre identité nationale. Diversité, universalisme, théorisation, inscription dans la durée, reconnaissance par l’extérieur, unifiante à l’intérieur mais excluante pour certaines autres cultures.
Par son adhésion à notre cuisine, la gauche qui se prétend anomique trahie qu’elle est en fait bien française….


2 Les déchirements autour de ses aspects plus anecdotiques

Le reste ? On voit une gauche dans le désordre essayer de se rattacher aux branches de principes qui seraient sacrés intangibles et indiscutables, en tout cas par « les autres » mais sur les quels, elle, et principalement elle se divise facilement.
Ceci à nouveau est typiquement français. Dans les pays anglo-saxon, plus homogènes, la common law tire de l’expérience et du temps, des règles du « vivre ensemble » évolutives.
La France hétérogène produit des grands principes sacrés qui veulent surplomber les différences.

Alors, on parle de modèle « social ». Mais on ne voit pas que la France soit nettement plus sociale que la Suède ou l’Allemagne. A l’inverse, l’abandon d’une priorité sociale, au bénéfice de minorités, de « diversités » en tout genre, d’origine américaine, (horreur !) touche d’autres gauches que les nôtres.

On parle de laïcité, mais si l’Amérique reconnaît tous les cultes, contrairement à la France, elle n’en subventionne vraiment aucun.
Ce sont l’universalisme, la recherche de la paix idéologiques dans l’appareil d’Etat et la définition d’une citoyenneté ne tenant pas compte des statuts individuels qui sont laïques pas l’anticléricalisme. Accorder des droits citoyens spécifiques en fonction d’un genre ou d’une pratique sexuelle par exemple, est beaucoup plus anti-laïque que d’autoriser des aumôneries dans les lycée, et cela, toute une partie de la gauche raisonnable le perçoit très bien même si elle n’ose le dire qu’à voix basse. Elle sait au fond, que les lois anti-homophobe, anti islamophobe ou femmo-philes, constituent une stigmatisation de ces populations contraires à nos traditions laïques, et de surcroît d’origine américaine (horreur !). A droite, a part peut être un vague désir d’une loi anti nabophobe……
On a dit au 19 ème heureux comme un juif en France parce que la France a proclamé, tout les droit en tant que citoyens, aucun en tant que groupe.
Permettre toutes LES identités privées sous réserve d’une adhésion à UNE identité nationale citoyenne minimale, voilà ce qu’est la laïcité à la française. Elle est garantie par la neutralité du service public face aux identités individuelles ou communautaires en externe et à la pression de groupe corporatistes en interne.
Ors, on à fait une loi sur le voile pour « l’externe », mais quand mettra-t-on un termes aux luttes internes entre enseignants favorables à des tables à part pour enfants musulmans dans le primaire pour respecter la « diversité » et ceux qui veulent que tous le monde mange ensemble dans une perspective laïque ? (Voir le rapport Obin sur l’école face à l’obscurantisme religieux).

On parle du français, mais on assiste aux luttes sans merci entre chantres du français seule langue républicaine contre animateur socio cul exigeant que l’on fasse toute sa place au patois picard...Défenseurs du soutien scolaire en français contre partisans d’apprendre l’Arabe à l’école aux petits kabyles. Néobourdieusiens qui refusent d’apprendre à des enfants défavorisés la seule langue, trop « légitime », qui leur permettra peut être de s’en sortir, contre instituteurs vraiment laïques qui se battent pour leur donner une chance.

On parle de l’accueil des étrangers, mais là aussi, l’Amérique est en pratique beaucoup plus accueillante. Et en France, certains sont plus « accueillant que les autres ».
 La France a accueilli ceux dont elle avait besoin, comme tout le monde, et avec la volonté claire d’en faire des Français, pour des raisons démographiques. Noter que sous nos rois, elle était plus accueillante puisque les étrangers pouvaient non seulement être fonctionnaires, mais même avoir des responsabilités politiques. (Maréchal de Saxe, Mazarin, etc….) Malgré l’opposition, déjà à l’époque, d’une certaine intelligentsia. François premier à du créé le collège de France parce que la Sorbonne refusait à des non-nationaux le droit d’enseigner….

Et de nous « révéler « et de nous répéter doctement, que les français ont des origines diverses ! Grande nouvelle ! Car tous les français, et pas seulement notre président, vivent « les diversités » dans leur chair et dans leur quotidien. Tous ? Non ! Une poignée d’irréductibles parvient peut être à se « préserver » quelque peu.

Le projet TRA mené par l’Ined avait établi de mémoire, que 40% des français ont au moins un étranger dans leurs ascendants à la troisième génération. Compte tenu des mariages et des mémoires familiales, il n’y a vraisemblablement pas un de nos concitoyens qui n’ait une conscience charnelle du fait que les français « viennent de partout ».
Les gens épousant par définition ceux qu’ils connaissent, le seul bémol serait que l’électorat frontiste, populaire, de banlieue, par proximité géographique et sociologique est vraisemblablement plus exogame avec des étrangers. Celui des fonctionnaires, donc français, de gauche, de l’éducation nationale réputé particulière-ment endogames sans doute moins. Qui plus est une étude résumée dans le nouvel obs montrait qu’un électeur de gauche à plus que les autres du mal à « épouser « des opinions politiques divergentes. Toutes les diversités ne seraient pas bonnes à prendre…Epouser un afghan polygame ? Peut être ! Mais mon voisin électeur frontiste….Jamais ! ? Et sans aller jusqu’au mariage… 40% des enfants d’enseignants de la région parisienne échappaient à la carte scolaire. Mixité sociale et « diversités » oui, mais pour les autres. Touche pas à mon gosse…26% de chômage pour les migrants légaux, mais 30% du marché du travail, les emplois publics, leur sont interdit à eux et aux français les moins diplômés. C’est peut être une vague culpabilité qui mobilise la gauche pour exiger que « les autres » soient plus accueillants….
Prétendre que le niveau souhaitable d’immigrations serait le même pour un pays qui renouvelle ses générations que pour un pays ou elle ne compense pas la chute de sa natalité montre à tous le moins un parti pris. Affirmer la stricte équivalence d’intérêt pour la France à importer de l’afghan qui ne parle pas français plus tôt que du malien avec lequel nous avons une part d’histoire commune également. Revendiquer le droit inaliénable des tziganes roumains à camper sous nos estacades, mais l’interdiction strict au médecin de même nationalité d’être autre chose qu’un supplétif précaire, sous payé, relégué aux tâches dont personne ne veut au sein de l’hôpital public de l’hypocrisie la plus noire.
Il est assez odieux d’entendre la gauche fonctionnarisée pratiquant une préférence nationale fervente, pleurnicher sur l’accueil des étrangers.

On parle énormément de République
mais c’est oublier qu’elle n’est pas synonyme de démocratie. Il ne s’agit pas du tout de signaler que beaucoup de pays d’Europe sont des monarchies démocratiques, mais bien au contraire, de rappeler que la République moderne est une invention américaine (horreur !) visant en pratique à modérer la démocratie. « Son objet est de contenir les passions de la multitude au nom des principes d’une sage représentation. L’extension du suffrage, l’abolition de l’esclavage, la création de nouveau droit, sont les grandes étapes d’un lent processus de démocratisation. (Denis Lacorne) ».
En définissant l’identité française comme sacramentellement Républicaine, on exclue, une partie de sa population et de son histoire mais surtout peut être, la possibilité d’un avenir encore plus démocratique….
On comprend assez bien que la droite adhère aisément et pleinement à la république mais la gauche ? Qui niera qu’il y existe une gauche qui souhaite aller plus loin en matière de Démocratie ?

On parle enfin des droits de l’homme
, sans en général savoir ce qu’ils contiennent. Ils posent directement la question du lien entre identité et immigration parce qu’il est évident, quoi que l’on en dise, qu’il est notamment question de l’Islam. Le monde musulman, seul, à des réticences à signer les déclarations communes. Il a les siennes, comportant, entre autre, en creux ou en relief, l’interdiction de changer de religion ou, pour une femme musulmane, d’épouser un non musul-man. Conception peut être légitime localement mais qui heurte quelque peu l’inexistante identité française. Et pas par islamo phobie spécifique. Il n’est pas sur que le modèle familial polyandri-que du Kerala indien serait mieux accueilli mais la proximité géographique fait que quantitative-ment parlant, les migrants sont souvent musulmans.

Entre pensée magique et relativisme ?
Avec la mort de Levy-Strauss, on peut se demander si on n’a pas enterré aussi la gauche raisonnable. Car tous ces termes se rattachent à la pensée magique dés lors qu’ils sont présenté comme des absolus surplombant la société et dont elle n’aurait pas le droit de débattre alors que justement, nous en débattons depuis au moins 15 siècles et que ce débat est un aspect de notre identité.
La république a été votée à une voix prêt. La laïcité est certainement un élément de l’identité française. D’ailleurs on ne parvient pas à traduire ce mot en « étranger ». Le fait que beaucoup de pays survivent sans, montre cependant « qu’une autre vie est possible ». Ou alors ne tombe-t-on pas dans un inadmissible refus nombriliste des « diversités » ?
A l’inverse, trancher en prétendant qu’ils n’existent pas ou seraient dépassé par des principes encore plus universels du type au fond tous se vaut, au non du refus de toute hiérarchisation des valeurs, de tout choix collectif au nom de la liberté individuelle, c’est nier la possibilité d’une société, en un nihilisme de façade.


3 Une approche qui met en évidence les problèmes identitaires de la gauche « anomique »


Ors la « gauche bavarde » oscille entre ces deux extrêmes. Il faut d’ailleurs sans doute voir là le reflet de ses propres problèmes identitaires

Mes amours ?
Cas d’école, Libération, qui revendique « les identités » en lieu et place de « l’identité ». Tout le monde sait que le recours au pluriel en matière de concept vise à les amoindrir. Tout le monde fait la différence entre mes amours et mon amour. Une partie de la gauche est ainsi pour Les familles mais contre LA famille. Pour Les emplois mais contre LE travail. Et dans certains cas, pour « LES » patries, mais contre « LA « patrie », en particulier depuis qu’elle est exilée en Région.
Il est incontestable que nous avons tous des identités au multiples facettes cela n’implique nullement que notre citoyenneté, notre identité « nationale », qui ne concerne qu’un pan de notre existence, puisse ou doive-t- être variable et changeante.
L’idée d’une identité nationale multiple est d’une certaine façon un oxymore ou à tous le moins un « mystère » au sens théologique. Surtout, elle n’est pas très favorable au développement du lien social….
Elle débouche très logiquement, et on le voit dans de nombreuses contributions, sur de interrogations du type : avec qui, quand et où pouvons nous, nous, vraiment être français. Bien entendu, compte tenu de la façon dont est posée la question, les réponses sont faites en termes d’exclusion, donc en rupture totale avec la tradition française….

La remise en cause de l’universalisme par des définitions excluantes de l’identité.

Ainsi dans un article d’Agoravox, l’auteur commence par une attaque ad hominem. Besson a été à gauche puis à droite, il n’a donc pas d’identité ! Il est mal placé pour en parler. Il célèbre la diversité de la société mais dénonce celle d’une personne ! Il affiche une vision "identitaire" de la politique. Ele n’est plus un choix démocratique mais une identité, un état. Comme dans l’islam, l’enfant naît bon et à "gauche" et la société le pervertit ? Changer de choix politique dans sa vie serait un péché ou une pathologie ?
Dans cet autre, l’auteur affirme sans rire qu’être français, c’est être contre Sarkozy. Excuser du peu ! On exclut déjà une bonne moitié de la population. Il affiche ainsi dans le seul domaine politique une sorte de communautarisme par ailleurs dénoncé. Surtout, une faible conscience démocratique.
Au lieu de réfléchir sur ce qui est français, il semble souvent être question d’exclure ce qui ne l’est pas, renvoyer des Afghans, voter Sarkozy, financer l’école libre, ne pas être républicain, etc… A la fin, il ne reste pas grand monde….

 Ces exercices d’exclusion au nom d’un universalisme démocratique sont assez savoureux…

La remise en cause d’un état indépendant comme constitutif de la nation française au nom des beautés du service public ne l’est pas moins.

On continue en dénonçant le service public : si il n’est pas partisan ! Un auteur dénonce l’intervention des préfets dans l’organisation du débat. Fonctionnaires, ils obéissent au gouvernement. Mais ce qu’on dit des préfets on pourrait le dire de l’école, de la poste etc...Les mêmes qui défendent le service public au nom de son objectivité désintéressée intrinsèque, trouvent qu’il devient éminemment suspect si le gouvernement n’a pas la bonne couleur.
Ainsi ils affichent une préférence pour un état outil partisan qui a pu et peu exister, mais est clairement contraire à toutes nos traditions.
D’autres souhaitent que l’état soit le moins interventionniste possible sur le plan politique, et exigent qu’il le soit le plus possible sur le plan des financement et de l’idéologie. Qu’il s’interdise de contrôler ce que font les enseignants, le SP audiovisuel, ou le monde associatif mais s’oblige à les financer à guichets ouverts. Qu’il impose aux citoyens ce qu’ils ont le droit de penser sur les homosexuels, la colonisation etc… mais qu’il ne se mêle pas des programmes scolaires ou, … de l’identité nationale.
Cet « Etat », mais en fait cette administration, acteur politique autonome engagé, cogéré par des syndicats corporatistes et des lobbies, quantitativement obèse et indépendant d’un politique impuissant est il conforme à nos traditions ? A la démocratie ?
Ors, telle est la revendication paradoxale de certain en général et plus particulièrement en matière d’immigration.

Le refus paradoxal d’un rôle à l’Etat dans les choix d’accueil de populations migrantes.

Les mêmes qui célèbrent l’altruisme du service public face à l’égoïsme du privé dans à peu prêt toutes les sphères d’activité, considèrent qu’il est un domaine ou le laisser-faire laisser-passer et l’initiative privée ou individuelle devraient seule régner, l’immigration.
Ils adoptent une positon ultra-libérale en contradiction avec toutes les traditions interventionnistes française. Pourquoi dans ce seul domaine, l’état devrait-il oublier l’intérêt général de ceux qui habitent en France au profit de l’intérêt particulier de tous ceux qui souhaitent venir habiter ici ?

Du service public imaginaire à l’identité imaginable….

Jean-François Bayart dans Le Monde offre un exemple extrême en refusant à l’état tout rôle en matière d’identité nationale, « qui d’ailleurs n’existe pas », pour célébrer le service public « élément constitutif de l’imaginaire national ». Comme si le service public « était autre chose que les services de l’Etat ? Comme s’il avait vocation à en être distinct, autonome, donc hors du choix politique des citoyens ! Comme si la fonction publique était un clergé extérieur à la société, disposant d’une vérité révélée qui aurait mission d’enseigner le « peuple » en dehors de son contrôle. A ce stade, même la république ne trouve pas grâce à ses yeux. Le plus rigolo, c’est quant il l’accuse d’avoir livré les juifs. Là c’est certain, l’Etat français, c’est-à-dire le politique, c’était la République. Que ce soit des fonctionnaires, tous les fonctionnaires à part les 5000 révoqués par Vichy, qui aient mis en œuvre cette politique ne lui pose pas de problème quant à la question de la direction politique du dit service public et à sa supposée extériorité constitutive et « imaginaire ».

Un observateur attentif constate qu’à la fin, il « imagine » quand même cette identité nationale qui n’existe pas. Etre français consiste à être comme ce qu’il est vraisemblablement lui-même fonctionnaire, diplômé, de gauche, d’une famille recomposée.

Sont français ceux qui sont comme nous ? Ou : les plus français que les autres…

Dans ces conditions, tenter de mettre à niveau, l’immigré récent musulman est effectivement une pure perte de temps et il vaut mieux l’accepter comme il est. Car s’il est peut être « recomposable », s’il peut finir par voter à gauche, s’il peut devenir diplômé, ce n’est pas demain que les syndicats lui permettront d’être fonctionnaire…
Et même si on y parvenait ! Le succès de « bienvenu chez les chti », film qui met en scène le fantastique humanisme nécessaire pour surmonter le quasi insurmontable fossé culturel qui sépare un postier du nord d’un postier du sud, laisse assez mal augurer de l’intégration réelle des futurs postières afghanes quelle que soit leur orientation sexuelle et qu’elle portent ou non la burqua…
On comprend mieux aussi ce que Besancenot, qui entre entièrement dans les critères de Bayart, entend par identité "sociale"...

Mais ce débat met aussi en exergue l’abandon des valeurs traditionnelles que revendiquait la gauche

Toute une partie de la gauche, républicaine, laïque, universaliste sociale et nationale, sait qu’au fond, entre une riche et belle femme homo et une pauvre femme hétéro et moche, la plus exclue des 2 qu’elle soit afghane ou non…
Gauche et droite républicaine ont une conscience aussi aiguë que commune que :
La seule diversité qui importe vraiment, c’est celle qu’il y a entre ceux qui s’en sortent bien et ceux qui s’en sortent mal.
Ce sont prioritairement les seconds qui doivent faire l’objet de l’attention nationale, indépendamment de leur sexe, de leur religion ou de leur taille ( halte à la nabophobie !)…. mais compte tenu de leur citoyenneté.
La nation étant le seul patrimoine des plus défavorisés, leur expliquer qu’elle n’existe pas constitue une agression méprisante.
Il y a une véritable provocation anti-sociale de nantis des « identités », à se mobiliser pour trois afghans qui n’ont pu se rendre en Angleterre, quand on laisse croupir les enfants des Français les plus pauvres dans les lycées dépotoirs de l’éducation nationale ou qu’on en arrive à réserver aux bac plus trois la tâche "régalienne" de mettre une lettre dans une boîte.

Parce que la Nation est le cadre le plus évident du progrès social, les positions d’une certaine gauche sur la question sont aussi le marqueur de son abandon des problématiques sociales et de sa trahison de valeurs traditionnellement revendiquées par la gauche.
C’est peut être par fidélité à ses convictions que Besson a trahi son parti !


La majorité est en train de réussir le même coup qu’avec le foulard à l’école en ce qui concerne l’identité nationale.

Pour résumer, la gauche qui s’exprime le plus en ce moment affirme en gros qu’être français ne veut rien dire, qu’il n’y a pas d’identité nationale et que d’ailleurs ils sont les seuls vrais français et que quiconque penserait autrement se retrancherait de lui même d’une identité nationale qu’ils incarnent seuls et qui d’ailleurs n’existe pas….

Pourquoi pas ! Mais il n’est pas mauvais qu’ils l’affichent, parce qu’à côté, il y a la « gauche républicaine » qui se pose en ce moment des tas de question sur ses liens réels avec ces gens là.
Combien de profs laïques ont voté Chirac parce qu’à la fin il « y a en a marre des débats équivoques entre diversité, et unité, statut de la femme et respect des cultures d’origine, imposés par des pseudo-intellectuels aussi subventionnaires que minoritaires qui imposent des vérités absurdes au service de leurs plan de carrière personnel et au détriment des débats démocratiques ».
Parce que oui, l’écrasante majorité des français considère à tort ou à raison, que dans notre pays une femme a le droit de choisir son conjoint et entend bien continuer ainsi.

Reconstruire la gauche en partant de l’identité nationale ?

Pas un électeur de droite ne doute que Ségolène et ses électeurs ne soient français. Mieux, l’essentiel de la gauche républicaine est au fond convaincue que l’on peut être français et voter pour un autre candidat que le sien. Les uns et les autres chantent la marseillaise avec le même plaisir et la même distanciation quasi brechtienne quant à son contenu idéologique historiquement marqué, sans se torturer pour savoir si elle est raciste ou annonce le grand soir….

En lançant le débat sur l’identité nationale, la droite française accompli une de ses vocations de l’heure. Contribuer à permettre à cette gauche-là de se reconstruire sur la base des ses vraies convergences et de ses vrais divergences avec ses adversaires politiques et néanmoins compatriotes, en se débarrassant des faux débats que certains veulent lui imposer par un pseudo nihilisme intéressé.

Et si ceux qui prétendent s’exclure de l’identité nationale -qu’ils se considèrent comme plus français, moins français, pas du tout français ou les trois à la fois- finissent par se marginaliser dans notre vie politique, qui s’en plaindra ?
 
 

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4 réactions à cet article    


  • chrisgalond 3 décembre 2009 09:25

    Article bien trop long... Dommage car intéressant.


    • Gazi BORAT 3 décembre 2009 10:29

      L’auteur dispose de temps..

      Dans une isba bloquée par la neige, cernée par les loups... La provision de vodka épuisée depuis une semaine..

      Que faire, dans une telle situation ?

      Rajouter sur Agoravox un X° article sur les tourments identitaires de l’UMP..

      Ca réchauffe...

      gAZi bORAt


    • eric 3 décembre 2009 10:45

      @ gazi bora Vous oubliez le divan et la jeune tzigane qui sert le thé, je vous recommande de lire Oblomov si ce n’est déjà fait....


    • bo bo 3 décembre 2009 12:34

      comme dans un des films de Nikita Mikhalkov : quelques jours de la vie d’Oblamov : article charmant mais ne fait rien avancer

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