Impérialisme allemand vs solidarité européenne
L’Allemagne tire argument de sa prospérité économique pour donner des leçons aux autres pays européens et imposer sa référence. Une Allemagne donneuse de leçons qui, sans scrupules excessifs, s’est transformée en prédateur de la Grèce, ses entreprises se portant candidates à la reprise des actifs les plus intéressants qu’elle l'avait contrainte à céder. Et plus récemment, la presse allemande a traîné dans la boue une Italie coupable de vote impertinent. Elle s’attaque là aux pays qui sont les sources mêmes de la démocratie et de l’organisation sociale de l’Europe méditerranéenne, dont il ne serait pas interdit de préférer le modèle, avec tous ses défauts, au modèle allemand si l'on devait choisir.
Il serait bon de rappeler au tandem Merkel-Schäuble, les bons élèves de l’Europe néolibérale, que la prospérité dont l’Allemagne s’enorgueillit est certes due à la qualité de son tissu industriel et notamment de ses PMI, mais aussi (et surtout ?) à des évènements extérieurs sans liens avec son modèle. Ainsi, c’est la désintégration de l’URSS (1990/1991) qui a permis sa réunification avec la réintégration de l’Allemagne de l’Est, et qui a permsi l'intégration à l'UE de 12 pays de l’ancien bloc soviétique (2004/2007) auxquels l’Allemagne de l’Est était auparavant liée commercialement dans le marché commun soviétique (COMECON). Ce sont là deux facteurs majeurs de la prospérité actuelle de l’Allemagne.
L’intérêt pour l’UE d’intégrer ces anciens pays du bloc soviétique n’était pas que politique. Jusque là confinés derrière le rideau de fer, ces pays avaient accumulé des retards technologiques et un sous équipement industriel considérables. Leur intégration à l’UE et leur relance industrielle et technologique représentait donc aussi pour les 15 pays qui les accueillaient un marché captif et des points de croissance pour toute une génération, en même temps qu’un réservoir de main d’œuvre bon marché pour retenir l’envolée des salaires. C'est pourquoi l’Europe accompagne généreusement le financement de leur développement.
Mais ce bon plan, défendu alors par Jacques Chirac (et sans doute suggéré par Schroeder), n’a pas fonctionné puisque c’est l’Allemagne qui a raflé la mise. Avantagée par les liens économiques privilégiés et rodés préexistants entre les membres de l’ancien COMECON, et par sa situation géographique, plus proche et parfois mitoyenne des pays concernés, elle a capté l'essentiel de la croissance que tous espéraient voir mieux partagée. Ainsi, une part importante des financements du Fonds Européen de Développement dont bénéficient ces pays retournent-ils en Allemagne, laquelle ne manque pas néanmoins de se plaindre d’être trop lourdement sollicitée par ailleurs par la défaillance des mauvais élèves qui n'ont pas pu profiter comme elle de cette aubaine.
Alors, s’il n’est pas pour autant question ici de nier la nécessité d’un meilleur équilibre économique et financier, il paraît nécessaire de rappeler à l’Allemagne que sa prospérité est largement due à des facteurs extérieurs à son modèle économique dont elle ne peut donc pas tirer argument pour l’imposer, et que les excédents dont elle s’enorgueillit sont autant d’investissements qui manquent ailleurs.
Qui enfin sera capable d’appeler le tandem MERKEL SCHAUBLE à un peu plus d’humilité, et au respect des autres, indispensable à une éventuelle construction européenne ?
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