Incompétence ou mauvaise foi ?
Jeudi 8 septembre, Martine Aubry a accordé depuis Berlin une interview à BFM TV. La chaîne a mis la vidéo correspondante en ligne. J’analyse ici deux des échos que cette interview a suscités. Sur son site Internet, le Nouvel Observateur titre : « Martine Aubry claque la porte lors d'une interview en direct ». Je ne m’attarderai pas sur l’image de cette porte que je n’ai ni trouvée ni vu claquée. Légèrement moins éloigné de la réalité, le site pure médias titre quant à lui : « Martine Aubry met fin prématurément à une interview sur BFM TV ». Depuis que j’ai commencé la réaction de ce billet, je remarque que Le Post à son tour titre « Martine Aubry s’échappe en pleine interview », formule répétée servilement par Yahoo. Vous pourrez constater ici que ces médias préfèrent de loin la désinformation à l’objectivité.
Le NouvelObs écrit ainsi : « Martine Aubry, visiblement agacée par une question portant sur la mise en examen de Jean-Noël Guérini, a préféré quitter le champ de la caméra alors qu'elle était interrogée depuis Berlin par BFM TV, jeudi 8 septembre ». Vous trouverez ici la vidéo et le texte du NouvelObs :
Je pense que vous conviendrez avec moi que, s’il y a agacement, il est tout sauf visible : l’expression du visage n’est pas altérée, le débit reste identique, le ton ne s’élève pas, comment un journaliste peut-il se laisser aller à une telle déformation des faits ? De plus, est-ce maladresse ou calcul, la formulation de la phrase laisse penser que, agacée par la question, Martine Aubry a préféré ne pas répondre alors qu’elle a effectivement répondu.
Cette vidéo est également visible ici, avec le commentaire du site pure médias.
Je relève dans le commentaire qui l’accompagne ceci : « Martine Aubry était là pour parler finances publiques. Pas pour évoquer les affaires qui agitent le microcosme politique national […] Les deux journalistes ont respecté l'accord, en l'interrogeant principalement sur le sujet pour lequel elle s'était rendue en Allemagne. Puis ils abordent, logiquement, le fait politique du jour : l'affaire Guérini ». J’en déduis qu’il y avait entre BFM TV et Aubry un accord pour ne parler que de finances publiques. Contrairement à ce qui est écrit ici, il n’y a absolument rien de logique à ce que l’on questionne à Berlin Mme Aubry sur l’affaire Guérini. Un principe élémentaire est qu’on ne parle jamais des affaires françaises depuis l’étranger. Ce n’est pas parce que notre Président y contrevient régulièrement que ce principe n’a plus à être respecté. La réalité des faits est qu’Alain Marschall n’a pas respecté ce qui était convenu avec Martine Aubry mais cela n’a pas empêché celle-ci de lui répondre.
Le NouvelObs poursuit dans ses errements : « Alors que le journaliste était sur le point de lui poser une nouvelle question sur la décision de justice, évoquant le premier secrétaire par intérim du parti, Harlem Désir, la candidate a retiré son micro et quitté l'interview ». C’est ben vrai, ça, ct’pauv’ Martine, est-elle gourde ?, elle savait don’pas qu’ « le journaliste était sur le point de … ? ». pure médias, quant à lui, prête à Mme Aubry des dons de voyance, en écrivant : « Sentant probablement venir la relance et la question suivante » Elle avait d’autant moins de raison de le deviner que le journaliste s’était engagé à ne parler que de finances publiques. En fait, avant de l’interroger sur l’affaire Guérini, oubliant l’accord passé, Alain Marschall déclare : « Vous ne pouviez pas échapper à une question ». Non seulement elle n’a pas échappé à cette question mais elle y a répondu sans dérobade et, demeuré confiante dans la parole de ce journaliste, elle ne pouvait imaginer que celui-ci récidive après un premier coup de canif dans leur accord.
Tout téléspectateur habitué au duplex sait fort bien qu’après l’émission d’une phrase, un délai de quelques secondes s’écoule avant que son destinataire puisse le recevoir. On le remarque d’ailleurs fort bien sur la vidéo avant la réponse de Martine Aubry. L’arrêt de l’interview n’est pas dû à une manifestation de sa part mais simplement au fait qu’elle a retiré son oreillette avant d’avoir reçu la question d’Alain Marschall. Et contrairement à la glose de ces journalistes, elle n’avait pas à s’attendre à d’autres questions, étant donné qu’elle avait répondu aux précédentes, y compris à celle hors sujet.
Ceci n’empêche alors les deux mufles de service, Olivier Mazerolles et Alain Marschall, de se répandre en exclamations :
« Vous voyez, Olivier, c’est la manière de mettre fin à un entretien sans que l’on soit prévenu et s’y attende, mon cher Olivier ». Respectez votre parole, et vous vous épargnerez ce genre de déconvenue.
« - Reconnaissez que c’est
- c’est pas terrible
- un peu cavalier, quand même
- c’est pas terrible, voilà […]
- c’est pas terrible, c’est pas terrible, voilà » Alors, Monsieur Mazerolles, un peu d’imagination et de variété dans l’expression.
Ces gens, si prompts à juger ceux qui les font vivre, feraient bien de temps en temps de réapprendre ce qu’est la déontologie du journalisme. Pour l’instant, ils font preuve dans l’exercice de leur métier d’incompétence ou de mauvaise foi, à moins que ce soit des deux.
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