Indignez-vous, de préférence pour des broutilles
J’ai assisté médusé à la cabale médiatico-politique du week-end dernier à l’encontre de Manuel Valls, cabale certes on ne peut plus justifiée, mais tout à fait symptomatique du niveau de la politique actuelle ; et si j’ai beaucoup à redire de mes adversaires politiques, j’ai parfois de vertes réprimandes à l’encontre de mes partenaires.
Manuel Valls, comme tout bon politique qui se respecte dans notre démocratie moderne, est le pur produit de ce que fabrique en masse notre république si glorieuse, vantée en toute circonstance. Baigné dans l’argent public depuis toujours, n’ayant jamais eu à compter ni ses sous ni ceux du contribuable, et persuadé que l’argent ne coûte rien tant que c’est l’état qui paie, il a bénéficié de cette manne qui affluent de vos porte-monnaie, pour un usage on ne peut plus personnel. Persuadé que lui et la République se confondent, s’il peut y avoir objet de contestation, on ne peut certainement pas feindre la surprise, et pousser des cris d’orfraie.
Nous savons, de notoriété publique, que nos élus ne sont pas à un usage près de détournement d’argent non pas systématiquement de manière délibérée et cynique, mais par le fait même qu’un homme politique voit une frontière toute relative entre son monde privé et son monde public. Cette frontière relative a un nom : elle s’appelle une bulle. Y vivre est assez plaisant, qu’ils soient de droite ou de gauche.
Si donc cet abus (qui en est un) doit produire un tel tremblement de terre, comment se fait-il qu’on n’atteigne pas des degrés autrement plus ultimes, et plus tapageurs sur bien d’autres sujets :
- La Sécurité Sociale, modèle inefficace et vorace, fait l’objet de pertes considérables, par la fraude, l’abus, la négligence, et même par la pertinence de sa redistribution. Quand est-ce que « les français » s’en scandalisent avec un tel fracas ? Jamais, ou bien peu. (1)
- Les liens incestueux entre La LMDE, l’UNEF et le PS, qui brassent de l’argent public de A à Z, et qui ne soulèvent plus aucune indignation, alors que tous, à droite comme à gauche, sont au courant.
- La fonction archaïque et l’usage complètement abusif des réserves parlementaires, argent public redistribué au bon vouloir du prince.
- La cotisation imposée aux syndicats depuis le 1er Janvier 2015 sur tous les salaires de France, sans aucune autre raison que le postulat stipulant qu’on doit contribuer à leur maintien en vie
- L’acte de présence tout relatif de députés, européens ou non, pour toucher leur indemnité parlementaire. Ça vient et ça s’en va. Comme les sous.
- L’arnaque monumentale de la CSG / CRDS, « taxe temporaire » en CDI, qui ne rembourse rien du tout, mais qui appelle toujours plus d’abus, d’incompétence et de déficit. Pour rappel, on vous la prélève sur tout revenu quel qu’il soit. Sa pertinence est nulle, mais les français aiment les efforts vains, pour le panache. (1)
- L’argent du contribuable déversé dans une « agence de presse » - L’AFP pour ne pas la nommer – qui elle se charge de faire la pluie et le beau temps sur l’information, et donc l’opinion. J’omets volontairement l’argent gâché le service public de l’audiovisuel.
- Les régimes spéciaux, aberrations proclamées et assumées, dont les députés sont les premiers bénéficiaires, dont tout le monde sait qu’ils doivent mourir, mais qui sont défendus coûte que coûte par ceux-là même qui puisent leur légitimité grâce… à ceux qui en bénéficient ! Magnifique ! (1)
- Etc.
En réalité, la droite s’indigne sur des broutilles à défaut de se battre pour l’essentiel, ou du moins pour des enjeux qui en valent la peine. Acquise au projet de loi sur le renseignement, inapte à arrêter les pressions grandissantes sur la GPA, acquise à la grande idée de l’Europe - avatar de la petite idée de la France -, peu amène à condamner le collège unique (avec certains collèges plus uniques que d’autres), à abattre la superpuissance des syndicats (dont la légitimité glorieuse et ancestrale devrait être introduite au Panthéon), à contrer les sommations de gauche à penser « juste », à mettre un terme au monopole de la Santé, à défendre les fonctions régaliennes du pays, à étatiser ce qui doit l’être – en recentrant nos pouvoirs délaissés à Bruxelles –, à libéraliser le reste – l’économie et l’activité –, à abattre les dogmes de leurs adversaires, à réhabiliter la défense et la sécurité du territoire, à mettre un terme aux emplois-aidés-contrats-génération-emplois-jeunes-emplois-d’avenir-oui-oui-tout-ça-c’est-pareil-c’est-vous-qui-payez, à optimiser la fonction publique au regard de ses objectifs, qu’elle est même bien en peine de définir, à dénoncer le dogme immobilisateur d’en face, etc.
La droite s’indigne pour 14 000 € d’un billet d’avion. En proportion, c’est comme-ci des parents clouaient au pilori un de leurs enfants qui a piqué un euro dans la caisse familiale. Pour le principe, ça compte. Mais que doit-on alors dire de l’aîné qui pompe tout le fric ?
La droite ne doit pas être le triste reflet de la gauche, en moins idéologique et plus lâche. La droite a des valeurs, des idées, du bon sens, et de nombreux motifs pour s’indigner et pour combattre, de préférence efficacement. Depuis 2012, elle s’oppose médiatiquement pour mieux se coucher politiquement. En rang de bataille, ce ne sont pas des fantassins, ce sont des cors, qui sonnent quand une guêpe les pique. Ils font n’importe quoi car ils ne pensent qu’au pouvoir qu’un Hollande incompétent leur lèguera à sa mort.
Alors de grâce, partisans de droite (et d’ailleurs), indignez-vous, certes, mais avec discernement et intelligence !
(1) Dont Liberté Sociale, association à laquelle j’appartiens, propose la réforme complète, étudiée et chiffrée, de la Santé jusqu’aux retraites en passant par les mutuelles, et qui accessoirement ne manque que de votre soutien pour poursuivre et faire aboutir son action !
35 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON