Interdiction d’un concert de soutien aux Faucheurs volontaires en Ariège
Ce concert devait avoir lieu le 26 mai à La Bastide-de-Sérou, il n'a pas été autorisé par le maire au vu des risques de troubles à l'ordre public suite aux menaces de la Fédération des chasseurs, de l'ASPAP et de la FDSEA proférées le 5 mai dernier à La Bastide-de-Sérou (09).
Ce jour-là, la salle des fêtes où se réunissaient plusieurs associations écologistes « pour établir un état des lieux de l'environnement en Ariège » était assiégée par environ quatre cents personnes (et non mille cinq cents). Alors que la contre-manifestation était annoncée depuis deux jours et que plus d'une centaine de CRS et gendarmes gardait ce village de 1200 habitants depuis le matin avec les grilles mobiles adéquates. La préfète a laissé passer un tracteur, un camion de tronc d'arbre et sa grue mobile pour entasser les grumes empêchant l'accès à la réunion pour le plus grand nombre.
Un nombre certain de ces contre-manifestants en étaient déjà à 2 grammes à Midi. Quelques-uns, munis de couteaux, auraient crevé les pneus de voitures portant le sigle anti OGM dans une petite rue adjacente si des habitants n'étaient pas intervenus en descendants de leurs appartements. Plus loin, d'autres agressaient physiquement « les pelluts » (poilus en occitan) traitant les femmes qui les accompagnaient de « salopes ».
Voilà ce qui peut se passer à la marge quand de grandes organisations veulent interdire la liberté d'expression à ceux qui ne pensent pas comme eux.
« On veut montrer à ces donneurs de leçons qu'on n'a pas besoin d'eux parce que nous sommes aussi concernés par l'environnement », Rémi Toulis, secrétaire général de la FDSEA. « C'est une provocation qu'on ne peut accepter » dira Sébastien Wyon, un des portes paroles de la Confédération paysanne au sujet de la présence d'une association qui défend la réintroduction de l'ours. Mais il y a plus grave dans la dérive des abords du ruisseau l'Arize ce jour là.
« Nous, on parle ruralité et ces gens-là méprisent ça. Donc, les voir se réunir chez nous, c'est inacceptable ! Aujourd'hui, on ne traverse pas la rivière, mais la prochaine fois, on la traversera la rivière », Philippe Lacube, porte-parole de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine Ariège-Pyrénnèes. « Nous, les Ariègeois, on veut un territoire vivant quand eux veulent le mettre sous cloche. Et ça, on ne va pas le laisser faire. On sera sur leur chemin ... On franchira la rivière ! », Jean-Luc Fernandez, Président de la Fédération de chasse.
Ces messieurs sont donc prêts à franchir le Rubicon.
Les écologistes sont eux aussi chez eux et même si certains sont venus il y a quarante, trente ou vingt ans de Normandie, des Charentes ou de la banlieue ils sont maintenant ariégeois.
Parmi eux des médecins, charpentiers, artisans constructeurs, maraîchers, agriculteurs, infirmiers, aide-soignants, etc. Des agriculteurs font appel à eux pour construire des hangars ou des cabanes pour les estives entre autres. Faire une liste ne rime strictement à rien car tout ceci constitue un tissu social vivant qui fonctionne très bien en Ariège notamment. Certains sont poilus d'autres non, dans le Gard on les appelle « les rapportés ».
Les agriculteurs se sentent incompris et mal à l'aise. Ils ont peur de la réduction des subventions de la PAC. Ils ont peur de devenir des ouvriers agricoles des banques et de la chimie derrière la façade de chef d'entreprise. Mais si le syndicat des financiers du crime économique ne voit plus son intérêt dans l'ouverture facile du robinet de monnaie électronique, maintenant qu'il a racheté presque toutes les lucratives industries européennes, il va réduire le débit. Et alors heureusement que certains territoires ont su développer ou conserver une petite paysannerie avec ses travailleurs du bois et du métal. C'est sûr que le mal nommé niveau de vie ne sera plus le même. La nouvelle génération de zadistes l'a bien compris et veut vivre bien et modestement en bonne intelligence avec la nature. Leurs assemblées générales sont pondérées et constructives, pas de spectacle ni d'applaudissements. C'est un mouvement autonome à la fois organisé et diffus. Le 10 avril dernier, une quarantaine de personnes ont occupés la chambre d'agriculture local de Ploermel 56 et la permanence du député en marche afin que le Morbihan « accueil des projets ruraux expérimentaux comme ceux qui se pratiquent sur la ZAD de NNDL ».
La plupart des écologistes reconnaît que la chasse est indispensable à la régulation du gibier. Les différentes associations doivent se parler réellement et non sous l'égide de la préfète comme cela s'est finalement passée ce 5 mai en Ariège. En juillet 2006, le Président du Conseil général, Augustin Bonrepeau, avait supprimé les subventions au festival de films Résistances suite au débat sur l'ours, alors même que les anti-ours de l'Aspap avaient pu s'y exprimer. L'excellent responsable du Festival, Marc Saracino, avait répondu au Président : « En supprimant les subventions du festival Résistances vous participez directement à la censure des seuls débats libres et ouverts organisés en Ariège ». Marc Saracino avait alors jeté l'éponge. Le festival est aujourd'hui globalement politiquement correct face aux inquisitions.
La Fédération nationale de la chasse est-elle instrumentalisée ?
Son Président, Willy Schraen, à l'oreille du Président Macron, une sorte de mire du roi. Il a notamment obtenu que la chasse change de ministre de tutelle de Hulot à Lecornu. Et il était la vedette, une semaine avant les incidents de la Bastide-de-Sérou, de l'Assemblée générale des chasseurs de l'Ariège à Saverdun. La députée FI Bénédicte Taurine y avait été copieusement huée. C'est après cette AG que la contre-manifestation a été peaufinée. Un des résultats c'est donc que le concert de soutien aux faucheurs volontaires n'a pas été autorisé. Si le maire a pris la décision, c'est la préfète, commissaire politique du gouvernement, qui lui a demandé.
Les faucheurs volontaires ont de plus en plus d'audience dans l'opinion, notamment avec leurs actions contre l'utilisation du glyphosate. Ils ont lancé une campagne d'analyses d'urine pour voir à quel point les utilisateurs sont intoxiqués. Que des agriculteurs fassent ces analyses serait un grand pas en avant. Les écolos sont inquiets aussi pour leur santé. S'écouter, se rencontrer sinon il va y avoir des troubles partout et des interdictions de se réunir, des couvre-feux ? N'y-a-t-il pas déjà des provocations sous faux-drapeaux (bâtiments incendiés à la mine de Salau, miradors de chasse abattus à Mercus) ?
Pour rester dans une sociale démocratie ne faudrait-il pas une loi pour imposer aux organisateurs de toute réunion publique d'au moins inviter « la partie adverse » par courrier ?
Pour le moment c'est chaud patate !
Joan Petit que dança
Per lo rei de França
Amb lo pè
Amb la camba
Amb la cuèissa
Amb lo dit…
…Amb lo cuol…
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