Quel que soit le moyen d’expression, et même internet, le problème de la démocratie restera le même. A l’évidence notre Président de la République, élu, il convient de le rappeler, « démocratiquement », cherche à museler tous les contrepouvoirs.
Nous parlons de « démocratie » mais c’est plutôt de « pseudo démocratie » qu’il conviendrait de parler, et, ceci, dans tous les pays dits « modernes », ou plus exactement « modernistes »… paroxysme de modernité et plus réellement modernité. Des pays modernistes inscrit dans une fuite en avant économico rationalo technoscientiste absolument sans aucun sens, on peut même dire crétine du changement pour le changement !
Vous commenciez plutôt bien votre article en vous interrogeant sur les idéaux chers aux fondateurs de notre république où l’expression populaire restait seule maîtresse des enjeux politiques. En effet, il serait d’ailleurs intéressant, à cet égard de mettre face à face les idéaux de « liberté », d’ « égalité » et de « fraternité », ceux de la République, avec ceux de « libéralisme systémique », de « darwinisme social » ou « dumping social », de « concurrence sauvage » que prône le libéralisme économique et ses corollaires que sont le « libre échangisme » et le « capitalisme financier » ; des principes totalement contradictoire dans l’esprit. Il conviendrait, et il y a urgence en la matière, de lever ces contradictions ; visiblement, entre la « gauche caviar socialiste », totalement convertie au libéralisme économique (1) et ses corollaires, et la droite cassoulet (une petite saucisse et plein de fayots autour), caporaliste, la démocratie est assez mal partie ! En vertu de sa nature systémique exclusive, de son rationalisme positivo technoscientiste on ne peut plus dogmatique, le libéralisme économique et ses corollaires s’exercent en dehors de toutes considérations simplement républicaines voire des principes mêmes de démocratie et d’humanité !
Vous demandiez si la technocratie n’avait pas eu raison des motivations originelles ? La question même appelle la réponse : bien sûr que oui ! La science est devenue générique de savoir et du « Savoir », et il n’y aurait plus de « Savoir », et même de principes, que de nature scientifique ou technoscientifique ! Il y a le temps de la science, inventé par l’humain, et il y a le temps humain, la temporalité humaine, liée à la nature humaine, véritable état de nature. Le temps humain est dialectique disait Plotin ; autrement dit : la temporalité humaine (le passé, le présent et un avenir possible) fait l’intelligence humaine.
Il faut incriminer l’exclusive de la logique technoscientifique, cette logique « positvo technoscientiste », déjà abandonnée pourtant, mais à laquelle nous sommes revenus en douce depuis une bonne trentaine d’années ; la seule logique qui vaille désormais, et que l’on veut absolument appliquer à l’humain… comme s’il était une machine docile sans capacité de réaction. Je vais même plus loin, car, j’estime qu’il faut incriminer jusqu’à l’« Humanisme » lui-même qui relève précisément de cet esprit positivo technoscientiste en plaçant la technologie humaine, en fait un progrès à tout prix et à n’importe quel prix, bien avant l’humain : bien avant le principe même d’humanité ! Appelons un chat un chat : humanisme n’est pas « Humanité » ; le grand principe n’est pas l’humanisme mais l’ « Humanité » !
Être moderne c’est simplement être de son temps : ni en retard, ni en, avance sur son temps ; quant au modernisme… c’est uniquement de la fuite en avant !
Par contre le sens de cette phrase m’échappe : « Tout est devenu communication, instrumentalisation du pouvoir par la lenteur du système et des méandres de son organisation ». Pouvez-vous expliquer un peu plus ?
Toute chose, qu’elle soit de nature physique, de nature artificielle ou même de nature métaphysique humaine (conceptuelle) ; toute chose porte en elle sa propre négation ; ceci, non pas de manière intrinsèque, par leur nature, mais uniquement par l’usage bon ou mauvais pour l’humanité, pour le principe d’humanité, que, nous autres, les humains, faisons de ces choses ! De là l’importance du jugement simplement humain, d’une rationalité humaine totalement niée, et de la nécessité de nous interroger sur ce rationalisme technoscientiste exclusif de lui-même appliqué à l’humain ! La science et la technique doivent être au service de l’homme, de tous les hommes, et non de quelques privilégiés : fussent-ils des capitaines d’industrie ! La science et la technique doivent être au service de l’homme et non du seul capital : de ses seuls tenants et aboutissants !
Les NTIC relève de la technocratie, de cet esprit technocratique tellement critiquable. D’une manière générale les NTIC appartiennent à ce qu’on appelle plus généralement les « I. A. », les « intelligences artificielles » ; qu’on appelle, de manière fantasmagorique, faussement « intelligence » car il ne s’agit en fait que d’ « ingénierie mécaniste », donc d’intelligence avant tout humaine. Le problème c’est que cette soi-disant intelligence artificielle, intelligence programmatique humaine, a une fâcheuse tendance à remplacer, et même remplace, l’intelligence simplement humaine, le bon sens humain, qui passe alors au dernier plan. Une intelligence simplement humaine, qui, du fait de cette prédominance de l’ « I. A. » se trouve totalement niée !
Intelligence artificielle oblige (traitement de l’information par une logique binaire… l’intelligence humaine relève d’une logique bien plus complexe que l’on peut qualifier de « métaécosystémique ») ; donc, intelligence artificielle oblige, nous avons une fâcheuse tendance à confondre information et savoir tout comme savoir et intelligence ! D’une manière générale, si l’information participe du savoir, et sans aucun doute y participe, en même temps, et à elle seule, information n’est pas savoir ; de même si le savoir participe de l intelligence, et sans aucun doute y participe, en même temps, et à lui, savoir n’est pas intelligence : les choses sont bien plus complexes que cela !
Je pense que les difficultés auxquelles nous sommes confrontées, bien sûr celle environnementales, qui semblent, comme par un sursaut de conscience, intéresser beaucoup de monde ; mais également celle sociétale, qui, comme par fatalisme, intéressent beaucoup moins : que toutes ces difficultés sont de nature bien plus fondamentale que ce que pensent la plupart des gens. Bien plus fondamentales, ces difficultés, que ce que pensent nos hommes et femmes politiques de tout bord qui entendent nous diriger et même diriger le monde !
Pour en revenir à votre préoccupation concernant la démocratie, le problème n’est pas que les hommes politiques s’exprime sur internet ; le problème c’est que l’homme politique, comme visiblement la femme politique, ne sont pas des êtres humains ordinaires : ce sont des animaux politiques ! Des animaux politiques avec avant tout instinct politique et une logique des plus mauvais car avant tout politicienne ; tant qu’ils resteront des animaux politiques, il n’y a rien à espérer d’eux ! Il n’est pire sourd et pire aveugle que celui qui ne veut, ni voir, ni entendre, ceci par aveuglement paradigmatique doctrinal ou par aveuglement rationalo technoscientiste… ce qui revient au même !
Les concepts de « démocratie » et de « République », même d’humanité, avec l’ontologie, la déontologie, l’éthique et l’altruisme, nés en Grèce sous l’antiquité, on mis plus de deux millénaires à nous parvenir : pour en faire quoi ? A l’évidence nous avons un sérieux problème de démocratie ! D’ailleurs, à la même époque, celle de l’antiquité, et la notion est d’importance car elle montre que nous n’avons rien inventé… même nous régressons ; à cette même époque Xénophon, qui avait une réflexion économique importante et étonnante pour l’époque, pourrait-on penser (deux titres de ses ouvrages portaient celui d’ « Economique » et celui de « Revenus ») ; Xénophon, faisait une différence énorme et essentielle entre ce qu’il appelait la valeur d’usage (le service rendu) et la « valeur économique », purement économique, d’un bien ! Ainsi expliquait-il la valeur d’une flûte est différente selon l’usage que l’on en fait. Cette valeur n’est pas la même pour qui fabrique la flûte que pour qui en joue ! A avec la division du travail cette notion de valeur est encore d’autant plus différente que le processus de fabrication d’une flûte, avec l’industrialisation, est devenue considérablement complexe : conception, fabrication et nécessaire innovation, voire pseudo innovation ! Il en va de même pour toute chose pour la flûte comme pour la politique : quelle est la valeur d’usage de la politique pour un homme politique ? Est-ce la même valeur d’usage démocratique que pour un individu lambda ? Nous pouvons en douter !
Je propose, pour faire avancer un peu les choses, seulement u peu en replaçant les choses, du moins la politique, dans un contexte démocratique que l’Ethique de Kant (2) figure dans la constitution française, dans un article adéquat qui concernerait la représentation démocratique, la démocratie représentative. Que cette Ethique de Kant s’applique à tous les hommes politiques, à la représentation démocratique ! Quelle figure même cette éthique de Kant dans une constitution européenne : tout simplement dans toute constitution républicaine au même titre que les principes de la République !
(1) Définition historique du libéralisme économique : le libéralisme économique est une théorie du XIX è siècle selon laquelle le système économique doit être considéré comme un système de nature essentiellement « physique » (science dure) fonctionnant en vertu de ses propres lois « naturelles » et, qui doivent être fondamentalement indépendantes de l’intervention de facteurs extérieurs, d’ordre social, institutionnel, politique, idéologique.
(2) Ethique de Kant :
« Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle » et non individuelle ou personnelle.
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité en toi-même et en autrui comme une fin et jamais comme un moyen ».
« Agis comme si tu étais législateur et sujet dans la « République » des volontés libres et raisonnables ».