J’accuse… !
J’accuse… !
Il y a près d’un an, dans un article intitulé « les premiers de cordée, ces nouveaux héros de la République », j’écrivais ceci :
« Martyrisés par le fisc, les 10% de français et plus encore les 1% les plus riches, ont bien mérité de la Patrie...
Pour lutter contre l'évasion fiscale (quoi, il y aurait de nombreux délinquants fiscaux parmi eux ???) et soi-disant pour favoriser l'investissement productif, on supprime l'impôt de solidarité sur la fortune et on instaure le prélèvement forfaitaire unique ou « flat tax », plafonné à 30 %, sur les revenus du capital.
La facture ? Environ 4,5 milliards pour lesquels les français devront économiser, se serrer la ceinture au profit de ceux qui spéculent... Les français qui aiment la France, pas les délinquants fiscaux... Pas ceux qui changent de nationalité pour le fric et qui en sont fiers, au mépris de leur Patrie, de ce qu’elle représente et de tous ceux qui la respectent ! Non, les français qui payent leurs impôts en France, ceux qui travaillent souvent trop pour trop peu, ceux qui à droite « se lèvent tôt » ou à gauche « se couchent tard »... Dirigeants d'entreprises, de PME, ouvriers, employés, fonctionnaires, investisseurs immobiliers ou autres... Concernant ces derniers, qualifiés de « rentiers » par nos plus hautes autorités, ils font vivre les entreprises du bâtiment et leurs salariés en période de difficultés économiques ou de pénurie de logement... [...
D’ailleurs, la République doit les honorer, organiser des hommages ou funérailles nationales (peu importe) aux fraudeurs fiscaux, si possible après leur avoir décerné la légion d’honneur : il faut bien les remercier de leur dévouement et de leur loyauté désintéressés envers la Patrie.
Près d’un an après, les faits m’ont donné raison :
Que dire d’un Président de l’Assemblée Nationale passé entre les mailles des qualifications pénales de la loi, mais dont l’attitude reste moralement plus que discutable voire inacceptable[1] ?
Que dire des 40 milliards du CICE, en partie versés à des groupes de la grande distribution comme Carrefour ? Quel impact sur l’emploi et sur l’emploi industriel en particulier ? Ce dernier est sans ambiguïté sur la fortune de M. Bernard Arnault, estimée à 73,2 milliards en 2018…
Que dire du plus haut représentant de l’Etat qui fait preuve d’une attitude à mon sens indigne de sa fonction, déplacée et méprisante envers les français ? Je parle de la vraie France, de la France qui travaille… ou de celle qui aspire à le faire.
Des Bretons, qui « sont partout » (cette « mafia française »)[2] et dans certaines entreprises « pour beaucoup illettrés »[3], des contestataires vosgiens, ces « gens qui décident d’être contre tout »[4], des ouvriers corréziens, ceux « qui foutent le bordel »[5], des « fainéants », « cyniques » et « extrêmes »[6], des « gens qui ne sont rien »[7], de tous ceux du Pas-de-Calais « ce bassin minier » où « il y a beaucoup de tabagisme et d’alcoolisme »[8] (comme dans bienvenue chez les ch’tis !), des « rentiers »[9], de ceux qui n’ont qu’à « traverser la rue » pour trouver du travail[10] et de tous ces « Gaulois réfractaires »…
Evidemment, comme à chaque fois, tous ceux qui entendent ces propos indignes interprètent mal, comprennent mal, bref sont idiots ou doivent se faire poser d’urgence des prothèses auditives… Tous des schizophrènes pourrait-on peut-être ajouter à propos de Français, qui décidément ne comprennent rien de rien au très biblique Message du Nouveau Monde, de son Gourou et de ses Apôtres de tout poil, ultra-libéraux ou « bobos écolos »…
C’est certainement qu’ils y trouvent Jupiter… Car dans LREM, M ne signifie malheureusement pas Moïse ou Messie…
Aujourd’hui, la politique menée est clairement et largement désavouée, comme le montrent toutes les enquêtes d’opinion… Malgré les nombreux efforts du gouvernement, le soutien du Peuple français aux gilets jaunes ne faillit pas…Il n’est pas altéré, malgré la propagande de médias complices focalisant sur les violences, pour entretenir l’ambiguïté sur leur attribution aux gilets jaunes ou aux casseurs…
Quant à certains « bobos écolos » (pas tous heureusement), ils doivent prendre garde et ne pas se tromper de cible : ce n’est pas au Peuple de payer l’addition du suicide écologique planétaire orchestré par et pour les profits des puissants (toujours les mêmes) par une classe politique mondialement asservie ou complice.
Comment oser demander aux Français qui travaillent encore plus d’efforts (on leur en a toujours demandé) lorsqu’à peine élu on supprime l’ISF en brandissant ce trophée comme un symbole politique du Nouveau Monde ? Ce n’est ni compréhensible, ni audible, ni acceptable !
Comment traiter les propriétaires fonciers de « rentiers » pour justifier le maintien de l’IFI pour certains et bientôt l’augmentation des taxes foncières pour les autres, c’est-à dire tous ceux qui sont propriétaires de leur logement (car la suppression de la taxe d’habitation devra bien être compensée) ?
Il faut bien penser aux pauvres Bettencourt (35 milliards), Pinault (23 milliards) ou Arnault au détriment de ceux que certains traitent de « petits riches » (quelques milliers d’euros mensuels) ou de français qui ont travaillé dur, investi en France (eux) ou emprunté sur 20 ou 25 ans, pour leur logement, pour le rêve d’une vie ou pour préparer une retraite que nos gouvernants s’évertuent à précariser (et pour laquelle plus d’efforts nous seront encore demandés bientôt …) !
Il faut favoriser l’investissement nous dit-on à propos de l’ISF. Comment ? En engraissant les comptes dans les paradis fiscaux et la création de sociétés off-shore ; a-t-on déjà oublié les panama papers ?
En favorisant la spéculation boursière ? Toute personne informée sait que les véritables investissements supposent la création d’entreprises ou l’accroissement de leurs fonds et capitaux propres…
En faisant des cadeaux aux « repentis » fiscaux ?
Les Français qui soutiennent dans leur très grande majorité les gilets jaunes ne veulent plus de tout cela. Ils ne sont pas écoutés… Pire, ils ont le sentiment d’être pris pour de sombres crétins par une classe politique loin d’être irréprochable. Aujourd’hui, combien de condamnés ou de mis en examens parmi les candidats aux élections … y compris présidentielles ? On croit juste rêver !
De tout cela, les Français n’en peuvent plus et rejettent les anciens ou nouveaux mondes de politiques qui se confondent. Les signes avant-coureurs de ce rejet ne sont pas nouveaux… L’abstention qui progresse inexorablement depuis longtemps en est un évident symptôme…
Aujourd’hui, il est urgent que les politiques et le Président de la République écoutent le Peuple qui gronde ou se préparent à pire.
Qu’adviendrait-il si se répétait l’attitude de la cour qui continuait à donner des bals à Versailles à l’aube de la Révolution française ? Si se répétait l’attitude d’un roi qui même ramené de force aux Tuileries par le peuple indigné, ne prit jamais vraiment la mesure de la colère qui s’exprimait sous ses fenêtres ?
La classe politique ne doit pas l’oublier : l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 consacre le droit de résistance à l’oppression. Ses articles 13 et 14, le droit pour les citoyens de consentir « librement » l’impôt « par eux-mêmes » (ou par des représentant dignes de les représenter) en fonction de leurs « facultés » contributives.
La résistance actuelle à l’oppression fiscale et la quête de justice face à l’impôt constituent donc l’exercice d’un droit. Faute d’être entendues, ces revendications s’amplifieront inéluctablement.
J’accuse une large partie de la classe médiatique et de la classe politique qui nous gouverne d’autisme et d’irresponsabilité face au désarroi des français qui s’exprime… Aujourd’hui, la colère n’est plus seulement celle des plus démunis : elle devient aussi et surtout celle des classes moyennes exsangues, de la France qui travaille et de ses forces vives (cadres, employés, commerçants, artisans, fonctionnaires, petits propriétaires, entrepreneurs…) qui se font « dépecer » au bénéfice des « premiers de cordée », lesquels pour l’essentiel contribuent largement aux 60 à 80 milliards d’évasion fiscale et, avec leurs semblables, à la faillite écologique de notre planète !
Monsieur le Président de la République, votre Nouveau Monde est massivement rejeté et vous êtes aujourd’hui gravement désavoué par une très large majorité du Peuple de France… Vous devez vous démettre ou vous soumettre en acceptant la dissolution de l’Assemblée Nationale… Faire preuve de la grandeur caractéristique de certains de vos illustres prédécesseurs. En 1969, Charles de Gaulle l’avait dit : « Si je suis désavoué par une majorité d'entre vous, (...) ma tâche actuelle deviendrait évidemment impossible et je cesserais aussitôt d'exercer mes fonctions »[11]. Et il l’avait fait…
[1] affaire des mutuelles de Bretagne
[2] 26 juin 2018 entretien avec le pape François
[3] 17 septembre 2014 Europe 1
[4] 18 avril 2018 déplacement à Saint-Dié-des-Vosges
[5] 4 octobre 2017 déplacement en Corrèze
[6] 8 septembre 2017, discours à Athènes
[7] 29 juin 2017, inauguration à Paris la Station F
[8] 13 janvier 2017, en visite à Nœux-les-Mines
[9] 1er février 2017
[10] 15 septembre 2018
[11] Discours du 25 avril 1969 avant le référendum sur la régionalisation et la réforme du sénat
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