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Accueil du site > Actualités > Politique > J’ai reçu les propagandes officielles

J’ai reçu les propagandes officielles

Peu de temps avant de choisir, l’électeur reçoit les professions de foi officielles des douze candidats à l’élection présidentielle. Petite analyse comparative.

Dans ma boîte aux lettres, j’ai reçu, toutes fraîches, les douze propagandes des douze candidats à l’élection présidentielle du 22 avril 2007.

Observons donc comment ils veulent nous amadouer, comment ils se vendent. Mon propos ne concerne donc que la forme, petites impressions du citoyen lambda.

Le papier est de format A4 sur quatre pages (A3 plié en deux, en noir et blanc ou en quadrichromie, ou entre les deux (ça dépend du budget du candidat).


Nicolas Sarkosy

J’aime bien la première page, type affiche électorale.

La photo est bien, l’homme de buste, le sourire un peu crispé, mais ça conforte l’idée de l’importance des responsabilités. Seul, l’œil gauche paraît faux jeton. L’œil droit plus brillant en revanche semble très sincère, convivial et agréable (serait-ce le résumé de la bivalence de cet homme ?). Le décor est beau : ciel bleu, prairie verte, arbres virtuels en petit, une sorte de mélange de la Force tranquille de Mitterrand et de photo officielle du président Chirac.

Prenons maintenant le slogan : « Ensemble tout devient possible ». Il montre le côté volontariste du candidat, mais est-il en mesure de rassurer les gens ? Possible pour qui ? Si tout est possible, il n’y aura pas de limite. Ne faut-il pas plutôt encadrer le pouvoir ?

Les prénom et nom sont clairement indiqués ainsi que le site internet.

Les trois pages suivantes sont quasi illisibles : trop de texte. Les gens prendront-ils le temps de tout lire ?

Je note qu’il y a six têtes de chapitres, mais pas numérotées (celui qui aime un texte bien structuré a du mal), et les titres commencent sans arrêt par « Je veux être le président... » de..., qui... agaçant ça, déjà qu’on le sait très narcissique (comme les autres), là, ça renforce ce sentiment.

Les phrases manuscrites : au début, aucune sémantique au féminin « Mes chers concitoyens », rien des concitoyennes. Certes, c’est compris dans le package, mais tout de même... Et à la fin, bof. Que des phrases négatives : « Je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas etc. »

Et les petites photos identiques en bas à gauche ne sont pas plaisantes : le sourire est factice, mes yeux entre la farce et la duperie.

Dans le texte dense, je lis « Je veux d’abord être le président de la valeur travail ». Je retiens pour plus tard.

Les caractères en tout petit sont plutôt sympathiques, il est dit plein de choses intéressantes, encore que les propositions semblent assez intéressantes, globalement très libérales (comme la suppression des droits de succession).

Dans le chapitre sur l’État « fort et impartial », il n’y a pas beaucoup de crédibilité quand on vient de lire Marianne (« Je gouvernerai dans la transparence »... « Je veux que la justice soit indépendante, mais aussi responsable ».

Et ce sont tous ces « mais » qui ne rassurent pas du tout : « Vos syndicats seront plus forts, mais aussi plus représentatifs et plus responsables. », « Je renforcerai la présence des services publics (...), mais je veux aussi que le service public réponde mieux à vos attentes en étant plus efficace (...) ». « Je veux que la France reste un pays ouvert mais si l’immigration n’est pas maîtrisée... », « La France [doit rester] une grande nation de culture mais je veux aussi que la culture soit (...) accessible au plus grand nombre. ». Dans chaque « mais », il y a des menaces, des remises en cause, des incertitudes (« tout est possible »).

L’éducation est reléguée en avant-dernière place, et l’écologie est dans le même paragraphe (un peu fourre-tout) et ne jouit même pas de caractères gras (où est le pacte de monsieur Hulot ?).

Mention est faite que le papier est 100% recyclé.


Ségolène Royal

Pas de couleur. Que du noir, rouge et blanc. Un peu tape-à-l’œil. Pas de mention « papier recyclé » indiquée chez Sarkozy. On dirait un tract gauchiste.

La première page est catastrophique. La photo noir et blanc de Royal est laide, le sourire inexistant, le front coupé, la tête guillotinée. Alors que Ségolène Royal est une jolie femme avenante, elle n’est ici pas du tout mise en valeur. Le rouge choque, casse la douceur des traits du visage.

Le slogan « La France Présidente ». Pourquoi pas ? Le fond blanc est glacial, mais ce qui glace le plus, c’est les petits truc en bas à droite : des logos de partis politiques. Le PS (ah oui, c’est vrai, Royal est socialiste). Un truc illisible mais provenant de Chevènement (combien de divisions ?) et R... pour (si on a une loupe) « parti radical de gauche ».

Mais pourquoi le slogan a changé ? Il me semblait qu’il était en rapport avec un ordre juste.

La deuxième page, c’est le baratin de la candidate.

Ça commence et finit en manuscrit, comme chez Sarkozy. « Françaises, Français, Mes chers compatriotes ». Étrange, les chers compatriotes, comme chez Sarkozy, mais les Françaises et les Français indiqués avant permettent de parler aux deux sexes, normal pour une femme.

La blabla est trop dense. « Je vous ai écoutés » (les premiers mots). Est-ce pour rassurer ? on veut des propositions. Tout un paragraphe pour vendre les 6 000 débats participatifs qui pondent un projet vieux de deux ans déjà.

L’ordre juste est enfin évoqué, mais furtivement. Suit une incantation. Mais le texte qui se poursuit est plutôt pas mal.

Dernier paragraphe en manuscrit. Belle écriture. On dirait l’écriture manuscrite de François Mitterrand. Est-ce voulu ?

Donc, globalement, la deuxième page est nettement plus réussie (malgré le fond glacial blanc) que la première.

La troisième page choque. Gros traits rouge, points (non numérotés) en rouge. Toujours du « Je veux ». Au moins, elle ne le répète pas, car la volonté est avant les items. Cela dit, si c’est simple et clair, l’utilisation systématique dans la même ligne du rouge, du noir gras et du noir italique rend un peu confus les choses. Il aurait fallu supprimer un des trois styles.

Arg ! le premier point est : « Je veux réhabiliter la valeur travail ». Exactement comme chez Sarkozy. Y a-t-il donc vraiment des différences entre eux ?

On retrouve les fameux (ressassés durant toute la campagne) « gagnant-gagnant » et « donnant-donnant ».

Rien sur l’écologie (où est donc passé le pacte de monsieur Hulot ?) et il faut attendre la page d’après sur une vague ouverture de débat sur l’énergie.

Le rouge, on l’imagine, sert à bien montrer que Royal est de gauche gauche.

La quatrième page est très synthétique et claire : dix mesures (numérotées cette fois-ci, très bien) sur ce qui va changer avec elle, avec un peu de rouge pour faire beau.

En revanche, l’indication du site internet, en tout petit en bas de la dernière page, n’est pas pertinente. Et le nom de domaine du site internet trop compliqué. Le numéro de téléphone est en revanche pertinent : tout le monde n’a pas internet.


François Bayrou

Beau papier glacé. Beaucoup de cadres et de titres en orange, qui est la couleur de l’UDF depuis la révolution orange en Ukraine en décembre 2004, mais qui ne va pas forcément partout.

La mention « imprimé sur papier de qualité écologique » est indiquée. Je ne sais pas ce que cela signifie, mais est-ce du recyclé ?

Ainsi, la première page reprend l’affiche électorale. Un Bayrou en buste, pas debout comme Sarkozy mais assis. Le fond bleu (toujours le ciel) ne va pas vraiment avec l’orange du slogan.

Le visage paraît prendre conscience des grandes responsabilités de la fonction, mais en croisant ses mains, il semble être en position de défense et pas de situation d’ouverture. Le poing droit est fermé à tel point qu’on dirait qu’il est énervé. De l’autre main est montrée ostensiblement son alliance, comme chez Le Pen d’ailleurs. Est-ce pour marquer sa différence avec Royal et Sarkozy, dont les situations conjugales sont moins claires ? possible.

En haut à droite, petit texte en manuscrit. Belle écriture manuscrite, petit texte court, simple. En bas, le slogan « La France de toutes nos forces ».

En page deux, à part la bande du haut montrant en petit Bayrou dans son Béarn, c’est une lettre sous forme assez ennuyeuse et classique. Elle commence en typographique avec le pompeux « Madame, Mademoiselle, Monsieur » et rajouté à la main « Mes chers compatriotes » (tiens, tiens, comme les deux précédents).

Suit tout un texte peu lisible en caractère Courier. C’est bien espacé, et le fond est blanc cassé qui fait un peu moins glacial que chez Royal.

Dans le texte, il y a du « Je veux être le président qui... » comme chez Sarkozy. Mais il est assez clair pour expliquer sa démarche, avec une phrase bien mise en valeur car entre deux espaces : « Je rendrai à la République les principes d’une saine démocratie ».

Il finit en manuscrit avec une tournure presque étonnante : « Je vous confie ce grand choix, avec affection ». C’est presque agaçant, ce n’est pas lui qui a proposé cette élection, c’est la Constitution, cela fait un peu prétentieux (atténué par l’affection). Même si le sens voulait dire en gros qu’il s’en remet à nous, citoyens.

Troisième et quatrième pages : son « programme d’action ». Il devait effectivement préciser le mot « programme » vu que ses détracteurs disaient qu’il n’en avait pas.

Il aurait mieux fait de mettre ces deux pages en pages centrales (deux et trois), cela aurait été un peu plus homogène (comme chez Nihous ou Voynet). Le fond gris clair n’est pas plaisant non plus.

Titres numérotés et écrits en orange. Là, l’écologie arrive en deuxième position (sur les vingt). Et l’éducation en première position. Ses deux priorités affichées, donc.

Il y a quelques mesures concrètes. Hélas, le texte entre les titres est peu lisible. Chaque phrase aurait dû commencer par un tiret par exemple. Ou au moins par un retrait.

Cela peut devenir vite incantatoire : « Je multiplierai l’emploi ».

En quatrième page, divisée en trois parties, il y a une colonne entière écrite à la main. Il justifie le slogan d’origine : il y a une cohérence globale du document.

L’indication du site internet est mise en trop petit, alors que dans ses meetings, Bayrou glisse son nom de domaine bien en gros derrière lui.

Enfin, cela finit par l’homme, avec une photo d’un Bayrou écoutant attentivement. Il n’a pas six enfants, mais sa femme et lui ont six enfants (c’est un peu plus respectueux pour sa femme dans la formulation). En revanche, il n’est pas mis qu’il a aussi onze petits-enfants. Veut-il éviter d’être pris pour un vieux malgré ses 55 ans ? En tout cas, il est le plus âgé des trois principaux candidats.

Suit enfin une biographie très sommaire avec une phrase qui peut étonner : « Ils (= sa femme et lui) ont choisi de vivre dans leur village des Pyrénées ». Soit. Mais il a dit aussi qu’il ne changera pas ses habitudes de vie s’il est élu. Alors, président, habitera-t-il encore dans les Pyrénées ?


Jean-Marie Le Pen

Papier glacé mais peu agréable à lire, il faut le déplier et le retourner pour voir en fait seulement deux pages verticales de format A3. Pas de papier recyclé mentionné.

C’est une sorte de gros autographe impersonnel. Un poster pour les fans.

La première page A3 est son affiche électorale. Fond sombre dans un meeting sans doute, un Le Pen debout montré jusqu’à la taille, pochette à la veste, le bras gauche tendu vers le lecteur, comme un sympathique grand-père voulant inviter ses convives à rentrer chez lui.

Les lunettes paraissent un peu de travers (peut-être une illusion d’optique car elles sont bien mises pourtant), les cheveux bien recoiffés vers l’arrière. La vue de face gomme au visage les rides qu’il peut avoir et celles qui restent lui donnent une plaisante bonhomie.

En haut, en tout gros, dans le simple : « Voter Le Pen ». Inutile de s’empêtrer avec un slogan.

En bas à gauche, le logo Le Pen Président 2007 avec la flamme tricolore (je croyais que c’était interdit d’utiliser le tricolore) du Front National (parti qui n’est mentionné nul part ici).

En bas à droite, en trop petit, le numéro de téléphone et le site internet.

Et sur le veston, l’autographe simple et court de Le Pen : « Vive la vie, vive la République, vive la France », avec la reprise de la fin du meeting de Bayrou au Zénith le 21 mars 2007 (« Vive la France ! vive la vie ! »).

Vrais boutons de manchette de chemise chez Le Pen, faux chez Bayrou (invisible chez Sarkozy).

Je retourne la page, et on lit une imitation (dans sa forme) de l’Appel du 18 juin 1940 ! Oui, il a osé, celui placardé dans les rues de Londres. Le liseré n’est pas bleu blanc rouge mais orange blanc rouge.

Il poursuit dans l’imitation en recitant Jean-Paul II qu’il avait eu le mauvais goût de citer le 21 avril 2002 : « N’ayez pas peur, entrez dans l’espérance ! ».

En fait, ce texte n’est qu’une lettre du même style que ceux des autres dans la forme, mais écrite en plus gros et avec des caractères gras parfois.

Grosso modo, tout va mal, on ne vous a pas encore écouter, 2002, 2005, je suis le seul homme providentiel. Il évoque parfois Dieu (« grâce à Dieu, [votre bulletin de vote] peut tout changer »).

Et il assène, martèle ses leitmotiv : « Je serai le défenseur de la France et des Français d’abord » en y mettant un peu de douceur : « Ma vision de la France est réaliste et humaine », « Mon projet est avant tout populaire »... afin de conclure par une demande de chèque en blanc « Faites-moi confiance pour incarner le peuple et l’État ».

Seule la signature est manuscrite de ce côté-là.

Ne cherchez pas un programme, le candidat qui n’a pas de programme, c’est Le Pen justement. À quoi bon ? Tout le monde connaît ses idées et elles se résument en quatre lignes qui semblent être des têtes de chapitre d’un projet qui n’est pas là.

A-t-il besoin d’entrer dans le détail ? Ce n’est sûrement pas son intérêt (est-il libéral ? est-il étatique ? quelle est sa vision de la politique de la recherche ? etc.). Le Pen n’entre pas dans le détail et cette légèreté était déjà marquante dans sa propagande officielle du second tour de l’élection présidentielle de 2002.

Que dire de plus ? Que mon papier a eu des taches rouges venant de la flamme du logo, ce n’était peut-être pas assez sec avant d’être packagé.

Et les autres candidats ?

La propagande d’Olivier Besancenot est assez originale. En première page, reproduisant son affiche, on dirait vraiment un réclame pour hypermarché, avec plein de couleurs et de signes un peu dans tous les sens. Le site internet est bien mis en valeur, coincé en sandwich entre le prénom et le nom qui ne sont pas de la même police de caractères. Le slogan paraît très publicitaire : « Nos vies valent plus que leurs profits ! ». L’emploi du « nos » et du « leurs » (qui ?) montre le ton du discours basé sur l’antagonisme et la division (la lutte des classes ?). Besancenot a un visage d’enfant de chœur et LCR est indiqué avec la mention « 100% à gauche » sur la veste en jeans qu’on dirait qu’il veut vendre. Et ça fait un peu yaourt, avec 20% de matière grasse. Les trois pages qui suivent sont peu lisibles avec un texte dense, écrit en petit (avec des titres en rouge) et un fond jaune-orangé qui perturbe l’aisance de la lecture. Seul candidat gauchiste à dire « Je veux ». On a droit à une seconde photo identique à la première. La seconde moitié de la dernière page est assez convaincante : « En votant pour moi, vous choisirez un travailleur qui vit comme vous, et ensemble, si nous sommes une force, nous ferons vivre l’espoir qu’un autre monde est possible. ». Possible ? Tiens donc. Pas de mention papier recyclé.

À la première page de José Bové, on a droit à la photo d’un Astérix sympathique, avec en dessous une lettre assez indigeste, mais qui commence par la différenciation : « Je suis un candidat différent des autres. ». Les traits jaunes égaient plutôt et font penser aux champs de tournesol. Bové utilise le « possible » de Sarkozy avec le slogan « Un autre avenir est possible ». Bové signe de façon illisible (en politique, il faut toujours signer lisiblement) et écrit en manuscrit « Aux urnes, Citoyennes, Citoyens ! » ce qui, ma foi, est bien trouvé. Les deux pages centrales donnent quelques propositions, mais présentées de façon dense et pas agréable à lire. Le site internet est bien mis en évidence, mais le nom de domaine est trop compliqué. En dernière page, plein de belles photos souvenirs dont une de Bové se rendant à la prison, comme si c’était une fierté.

Marie-George Buffet utilise aussi le même rouge que Ségolène Royal, serait-ce la concurrence ? Première page : lettre aux électeurs classique avec sa signature illisible. Photo en buste la montrant passionnée et sincère et site internet bien mis en valeur. En pages centrales, vers l’extérieur, à gauche, une colonne argumentaire contre Sarkozy, Bayrou et Le Pen (mais Le Pen n’est évoqué qu’en fin d’argumentaire, l’amalgame est donc patent), et à droite, une colonne sur ses 15 propositions. Au centre, plein de paragraphes un peu désordonnés et on ne s’y retrouve pas et on a droit à une nouvelle même photo (pourquoi ?). La quatrième page est la suite des pages centrales, tout aussi désordonnée mises à part les propositions. Pas de mention « papier recyclé ». Au fait : Buffet ignore superbement Royal, mais surtout, n’a indiqué qu’elle est communiste qu’en tout petit (serait-ce devenu honteux ?) de cette manière : « candidate de la gauche populaire et antilibérale soutenue par le Parti communiste français et par des milliers d’élu(e)s ».

Arlette Laguiller a mis un beau portrait d’elle en première page, très sobre. Les trois pages suivantes sont très indigeste, un long discours partagé parfois de titres en rouge, et quelques phrases en gras, mais globalement, c’est une opposition surtout à Sarkozy, ensuite à Royal et enfin à Bayrou. Pas de slogan, comme chez Le Pen : « votez Arlette Laguiller ». Site internet peu mis en valeur. Pas de mention « papier recyclé ».

Belle première page et belle photo dans la forêt du chasseur Frédéric Nihoux, pages centrales claires et en couleur, et quatrième page en guise de lette aux électeurs avec partie manuscrite. L’ensemble est plaisant et réussi, l’homme semble sympathique, jeune, conviviale, attaché à la ruralité (mais il ne montre pas non plus son fusil de chasse), et le papier est recyclé.

Le papier de Gérard Schivardi est noir et blanc et semble provenir des années 1970, avec beaucoup de texte dense et écrits en petit. Schivardi avait dû modifier son texte car il prétendait être « le candidat des maires », il a finalement retenu cette expression beaucoup plus vague : « candidat présenté par des maires » (rappelons que pour être candidats, il faut avoir cinq cents signatures d‘élus, essentiellement de maires). Sa candidature est pour lui l’occasion d’avoir une caisse de résonance. Il ne s’agit pas de vendre de la farine, mais d’utiliser son droit d’expression. Seuls les intéressés liront. Pas de mention « papier recyclé ».

Philippe De Villiers s’offre son portrait en gros plan avec sourire crispé et back-ground (« ancien ministre ») sur fond bleu (et le slogan « La fierté d’être Français » est orange, c’est la mode). En page 2, lettre en petit, aucun mot manuscrit sauf la signature, des inconnus qui témoignent en faveur de De Villiers. En page 3, présentation axée uniquement sur l’homme. Et en page 4, les dix priorités de son projet présidentiel. Pas recyclé non plus.

Dominique Voynet en gros plan sur fond vert et de planète, pull bordeaux et sourire crispé. Lettre aux électeurs aux caractères trop petits. Site internet bien visible. Pas de mention « papier recyclé », étrange pour une écologiste. Les deux pages centrales pour les 15 orientations et 50 propositions, clairement exposées. En page 4, une biographie de Voynet et le reste n’est que témoignages : d’écologistes la soutenant comme Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère, Yves Cochet, Cécile Duflot ou encore Marie-Christine Blandin mais aussi d’hommes populaires qui l’ont juste autorisée à être cités : Allain Bougrain-Dubourg et Nicolas Hulot. Aucun mot manuscrit.

Alors qu’elles sont très coûteuses pour certains « petits candidats », les propagandes officielles ont-elles encore une influence sur l’électeur ?

Peut-être que si, finalement, car à force d’avoir une overdose d’émissions télévisées, ou à la radio, d’articles dans la presse ou même sur internet, ces propagandes sont une sorte de lettre de recherche d’emploi avec CV où la personnalité se dégage rapidement et où les idées apparaissent assez clairement.

Sylvain Rakotoarison


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12 réactions à cet article    


  • Bulgroz 20 avril 2007 13:48

    Sylvain,

    Il me semble que le papier recyclé est obligatoire sans possibilité d’y déroger même en payant une amende.

    Les professions de foi sont donc toutes sur papier recyclé.

    A l’île de la Réunion, les imprimeurs ont été obligés d’affréter un boing spécial car cette obligation n’a été connue qu’il y a un mois, enfin c’est ce que j’ai compris en captant de loin Télé Réunion.


    • Bulgroz 20 avril 2007 14:02

      Correction, voir réponse du ministre de l’écologie et DDV durable sur cette question : (JO Sénat 15/2/2007)

      http://www.senat.fr/basile/visio.do?id=qSEQ060623743&idtable=q174646|q174829|q175261&_c=impression+professions+de+foi+elections&rch=gs&de=20060420&au=20070420&rqg=dqrnstpa&dp=1+an&radio=dp&aff=sep&tri=p&off=0&afd=ppr&afd=ppl&afd=pjl&afd=cvn

      Obligation pour les enveloppes Incitation forte pour les bulletins et professions

      Pourtant, je n’ai pas eu la berlue, j’ai réellement vu à la télé Réunion (mais je n’habite pas la Réunion) il y a un mois, un représentant des imprimeurs se plaindre qu’ils étaientdans l’obligation d’affréter un boing car les stocks disponible sur l’Ile n’étaient pas en papier recyclé.


    • nasko 21 avril 2007 04:00

      J’aime bien le coté « objectif » de l’article. Quel dommage qu’il ne soit pas du tout objectif.


    • Dominique Dutilloy Dominique Dutilloy 21 avril 2007 14:27

      Je confirme puisque j’ai reçu ce même courrier électoral : les douze candidats ont tous, sans exception, utilisé du papier recyclé...

      Rien qu’en le touchant, on reconnaît ce style de papier, qui n’a pas la même texture qu’un papier imprimé non recyclé...

      Qui plus est, ce papier recyclé utilisé par les douze candidats est de nouveau recyclable...


    • Guyane vigilance 20 avril 2007 14:45

      Info supplémentaire concernant les professions de foi :

      en Guyane, nous n’avons pas eu la chance de recevoir celle de Schivardi.

      De plus, seuls 3 candidats sont présents à l’affichage : François Bayrou, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.


      • tipaul 20 avril 2007 14:53

        bravo, bravo, bravo pour ce long - et surement un peu fastidieux sur la fin [1]- travail

        [1] fin du travail de rédaction, il n’y a pas de jugement de valeur sur les candidats cités en fin d’article smiley


        • vivelecentre 20 avril 2007 20:35

          travail interessant

          sur les textes, le plus souvent incantatoire quelque soit les candidats

          cela doit faire parti des regles du jeu

          Par contre quelques erreurs sur les bio par exemple, concernant bayrou

          « il est l’auteur de tres nombreux ouvrages dont.. » ( 3 cités)

          c’est un grand ecrivain ?

          « Ils ( lui et sa famille) ont choisi de vivre dans son village des Pyrénées »

          Je pense qu’il y a une erreur, Bayrou est president d’un parti politique dont le siege est parisien, d’autre part, il est deputé depuis tres longtemps et( au moins dans son programme, il s’engage pour une presence assidue des deputés à l’assemblée


          • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 20 avril 2007 20:57

            J’ai oublié de signaler (car je l’avais signalé pour Ségolène Royal, Marie-George Buffet et Jean-Marie Le Pen) que ni sur la profession de foi de Nicolas Sarkozy, ni sur celle de François Bayrou n’est indiqué le soutien ou l’investiture de leur parti respectif, à savoir l’UMP et l’UDF, mais est-ce nécessaire alors que c’est de notoriété publique ?

            À vivelecentre :

            Bayrou n’est évidemment pas un grand écrivain, sinon il ne ferait qu’écrire, mais il a publié à ma connaissance 12 livres :

            - La Décennie des mal-appris, François Bayrou, Flammarion, 1990, ISBN 2-08-066472-7

            - Le droit au sens, François Bayrou, Flammarion, 1996, ISBN 2-08-067204-5

            - Hors des sentiers battus : entretiens avec Sylvie Pierre-Brossolette, François Bayrou, Sylvie Pierre-Brossolette, Hachette littératures, 1999, ISBN 2-01-235258-8

            - Relève, François Bayrou, Grasset, 2001, ISBN 2246618215

            - Penser le changement, François Bayrou et Luc Ferry, Atlantica, 2002, ISBN

            - Oui : Plaidoyer pour la Constitution européenne, François Bayrou, Plon, 2005, ISBN 2259201830

            - Au nom du Tiers-État, François Bayrou, Hachette Littératures, 2006, ISBN 2012372503

            - Projet d’Espoir, François Bayrou, Plon, 2007, ISBN 2259201628

            - Le roi libre, François Bayrou, Flammarion, 1994, ISBN 2-08-066821-8

            - Saint-Louis, François Bayrou, Flammarion, 1997, ISBN 2080672088

            - Henri IV raconté par François Bayrou, Perrin jeunesse, 1998, ISBN 2-262-01301-2

            - Ils portaient l’écharpe blanche : l’aventure des premiers réformés, des Guerres de religion à l’édit de Nantes, de la Révocation à la Révolution, François Bayrou, Grasset, 1998, ISBN 2-246-55981-2

            Quant à sa vie privée, ce que je crois savoir, c’est qu’il vit à Paris la semaine et qu’il est le week-end prolongé dans le Béarn, car il est aussi conseiller municipal de Pau et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, mode de vie très classique chez les élus ayant des responsabilités à la fois nationales et locales.

            Nicolas Sarkozy n’a pas ce problème puisqu’il vivait il y a encore quelques jours place Beauveau au ministère de l’Intérieur, et la mairie de Neuilly et la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine ne sont pas très loin de Paris.

            Quant à Ségolène Royal (présidente du conseil régional du Poitou-Charentes et députée) et François Hollande (député-maire de Tulle), je ne connais pas leur mode de vie géographiquement bien complexe.


          • vivelecentre 21 avril 2007 07:48

            merci pour votre reponse equilibrée.


          • Dominique Dutilloy Dominique Dutilloy 21 avril 2007 14:31

            Sylvain Rakotoarison, là aussi, je confirme... Je connais plusieurs personnes qui ont cotoyé et qui cotoient François Bayrou... Toutes sont unanimes : c’est François Bayrou qui rédige ses textes...

            Par contre, il doit très certainement les faire dactylographier : là, c’est tout à fait possible...


          • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 21 avril 2007 12:40

            Il était des professions de foi...

            Je viens d’achever la lecture annotée des douze professions de foi. L’impression d’un fourre-tout sur format imposé qui tente, avec plus ou moins d’efficacité, le panorama des thèmes majeurs.

            Le Pen : les « cinq ans désastreux pour notre pays » qu’il décèle lui fait naturellement oublier le passage calamiteux de membres de son parti à la tête de municipalités.

            Schivardi : son monde aberré : chez lui, « tout devient possible » en anéantissant la baraque UE, en se torchant avec ses directives, en s’asseyant sur notre signature des traités.

            Bové : l’apologie du pire dans la IVe République (sous couvert du bâton à droite pour faire croire à une VIe) avec « la proportionnelle intégrale ».

            Besancenot : Il faudrait rappeler deux évidences à l’intégriste révolutionnaire : partir de ces pays en s’en remettant aux bonnes volontés nationales, c’est l’assurance d’une guerre civile totale suivie d’une partition de l’Irak, dramatique pour la région, et d’une reprise en main sanguinaire de l’Afghanistan par les talibans.

            Laguiller : Vive la politique de l’autruche-Laguiller qui veut nous retirer des théâtres internationaux pour enfler davantage les services publics intérieurs. Belle preuve de générosité internationaliste !

            Buffet : elle paralyse la raison avec sa fumeuse stigmatisation des « privilégiés », caste (on n’est pas loin de l’accusation ethnique) qui, avec ses « 20 milliards d’Euros » peut se la couler douce « pour 1000 ans ».

            De Villiers : avec son département en bandoulière, avec son programme à œillères et avec son anti-construction européenne, il préjuge de sa qualité à la place de Président par un syllogisme branlant.

            Voynet : « sans pesticides (...) sans OGM (...) sans incinérateurs (...) sans nouvelles autoroutes (...) sans nouvelles centrales nucléaires ». En lisant trop vite la fin, l’attention encore impressionnée par ce cumul, on repère un dernier souhait « sans écologistes ! » certes précédé dans la même phrase par un « On ne fera pas d’écologie ». Si ce n’est pas du nihilisme ça !

            Nihous : il faut « obliger les parlementaires à avoir un mandat local » ! Formidable projet démocratique qui obligerait les électeurs, sans doute avec un canon de fusil de chasse sur la tempe, à élire maire ou conseiller municipal leur p... de député-technocrate.

            Sarkozy-Royal : c’est de l’ordre un peu juste chez l’une et juste de l’ordre chez l’autre ; du tout qui devient possible chez l’un et du possible en tout chez l’autre ; une « France présidente » pour l’une et le « Président d’une France » pour l’autre...

            Bayrou : Ce français François qui, seul, nous adresse, de sa main, son « affection ».

            Pour le tour d’horizon intégral, cf mon blog.


            • Dominique Dutilloy Dominique Dutilloy 21 avril 2007 14:21

              Sylvain Rakotoarison... J’ai bien aimé votre petite critique littéraire et de mise en page...

              « En bas à gauche, le logo Le Pen Président 2007 avec la flamme tricolore (je croyais que c’était interdit d’utiliser le tricolore) du Front National (parti qui n’est mentionné nul part ici) », écrivez-vous...

              Cette flamme, dont vous parlez dabs votre article, appartient en fait au Front National, puisqu’elle est présente l’expression : "Le Pen Président 2007...

              Je dirais même, puisqu’il s’agit d’une flamme d’un genre nouveau -en fait, l’accent aigu du mot « Président » mis en évidence et aggrandi-, qui a du être inventée par le Comité Le Pen Président (CLPP), qui en est le concepteur et le créateur...

              La seule flamme, qui a été interdite grâce à un procès gagné par Jean-Marie Le Pen contre Bruno Mégret pour « plagiat de logo », est cette flamme, qui était le logo du Mouvement National Républicain (MNR).

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