Jean-François Copé, portrait d’un homme pressé
A ce tournant de l’histoire de l’UMP, il convient de s’arrêter sur le portrait de Jean-François Copé pour tenter de comprendre l’acharnement dont il fait preuve à occuper la place de Président de l’UMP au risque de la faire imploser.
Il est né le 5 mai 1964, il a 4 ans en 1968, il est donc de la génération d’après mai 1968.
Sa famille : son père est un célèbre chirurgien gastro-entérologue d’origine juive et roumaine, sa mère Monique Ghanassia est originaire d’Algérie. Ils sont trois enfants, il est l’ainé. Son grand père Marcu Hirs Copelovici était médecin en Roumanie. Il émigre, suite à la persécution des juifs dans ce pays, à Paris, en 1926, il se marie et échappera de peu à la rafle d’Aubusson en octobre 1943. Sa grand mère Lise Boukhabza est algérienne, petite fille d’un rabbin, originaire de Tunisie.
Famille équilibrée et multiculturelle, plutôt intéressante.
Le petit Jean-François fera ses études dans le 15ième arrondissement de Paris. En 1981 alors que François Mitterrand accède à la présidence de la république il obtient son baccalauréat en série B. 1985 il intègre Sciences Po, puis en 1987 l’ENA, dont il sortira en 1989 dans la promotion « Liberté-égalité-Fraternité ».
Il fera un premier mariage en 1991 avec Valérie Ducuing qui lui donnera un fils et une fille. Seize ans plus tard, il divorce pour épouser Nadia Hamama, d’origine algérienne.
Il enchaine les boulots d’énarque : Caisse des dépôts et consignations, Crédit local de France, puis maitre de conférences à Science Po (Economie et finances), puis à l’Université Paris VIII.
C’est seulement en 2006 qu’il fonde son club politique Génération France.fr. Ses thèmes politiques d’alors ? « L’identité de vivre ensemble et le pacte républicain »
C’est en juin 1995, à l’âge de 31 ans, qu’il deviendra député de la 5ième circonscription de Seine et marne, en remplacement de Guy Drut nommé au gouvernement de Juppé. Il sera donc le benjamin de l’Assemblée. Mais il sera toujours le benjamin des parlementaires battus en 1997 à l’occasion d’une triangulaire avec le PS et le Front national (sinistre leçon politique). Il se rabattra sur le Conseil régional d’Ile-de-France de 1998 à 2007.
C’est en mai 2007 que bénéficiant d’un décret permettant aux anciens députés de devenir avocat qu’il passe le CAPA et s’inscrit au barreau de Paris. Son entregent et son culot lui ouvre la porte du plus grand cabinet d’avocat en France Gide Loyrette Nouel, appointé à 20 000 euros par mois.
Petit retour en arrière. Il participe à la cellule économique de Jacques Chirac de 1993 à 1995 qu’anime Sarkozy. Il soutient jacques Chirac en 1995 à l’élection présidentielle et c’est cette année là qu’il entre dans la gouvernance du RPR comme secrétaire national en charge de l’économie. Puis en 2001 il prend du garde comme secrétaire général adjoint. Il sera aussi élu maire de Meaux en 1995 et réélu en 2001
En 2002 il redevient député dans la 6ième circonscription de Seine et Marne. Puis entame une carrière ministérielle : secrétaire d’Etat aux relations avec le parlement, porte parole du gouvernement (Raffarin I), il est là aussi benjamin du gouvernement à 38 ans. En 2004 il est ministre délégué à l’Intérieur, puis au Budget et à la réforme budgétaire (Raffarin III). Inamovible il garde ses fonctions dans le gouvernement Dominique de Villepin avec la réforme de l’état en plus.
Il est réélu député le 10 juin 2007 et élu président du groupe UMP à une large majorité de voix à 43 ans. Il y est enfin arrivé, en brûlant toutes les étapes, il tient son pouvoir, c’est l’homme fort de l’UMP après Sarkozy.
En novembre 2010 il deviendra donc secrétaire général de l’UMP avec un œil rivé sur la présidentielle, pour saisir au bond sa chance, en cas de défaite de Nicolas Sarkozy en 2012. Cet échec consommé, Jean-François Copé se verra pousser des ailes…, tout lui semble promis, il faut qu’il garde la direction du parti pour être le candidat de la droite en 2017. Il se déclare candidat à la présidence de l’UMP, qui expérimente pour la première fois la démocratie en son sein. Hélas François Fillon contrecarre ses projets en se présentant contre lui et en réunissant derrière lui une majorité de députés et encore plus de sénateurs.
Mais rien ne lui fait peur. Il refuse de se retirer le temps de l’élection de la direction du parti. Là, le ton était donné, celui de « tous les moyens sont bons pour garder la parti ». Impossible de réellement départagé les deux candidats au coude à coude, il s’en suit un spectacle pitoyable d’auto proclamation de Copé lui-même, puis d’une contre attaque foudroyante de François Fillon et ses équipes, celui-ci, avant de saisir la justice, va jusqu’à parler à propos de l’UMP, de parti mafieux.
Juppé échouera dans une mission de conciliation. Copé s’accroche au pouvoir, il tient politiquement la commission COCOE (Commission d'Organisation et de Contrôle des Opérations Électorales) et l’instance de recours. Désormais c’est le registre du désastre qui s’affiche dans les médias, les partisans de l’un et de l’autre s’insultent sur les plateaux TV, Copé fait faire des choses ridicules aux instances du parti et s’impose par la force comme président de l’UMP.
Il ne reste plus qu’à François Fillon de saisir la justice et d’ouvrir la voie à la dissidence en emportant une bonne parti du groupe parlementaire UMP et l’argent public qui va avec.
Cette belle carrière politique de ce jeune homme si prometteur s’est emballée… l’avenir dira quelle conséquence il encourra, mais déjà l’opprobre est sur lui, car il apparait comme celui qui a pris de force le pouvoir dans le cadre du premier exercice démocratique de l’UMP, qu’il a sinistrement plombé devant la France entière.
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