Jean Sicard : « On brise le droit de grève ! »
Rencontre avec Jean Sicard, ancien responsable syndical, aujourd’hui responsable de l’animation de Marseille au Parti de Gauche. L’interview a été réalisée pendant la manifestation.
Est-ce que vous manifestez uniquement contre la réforme des retraites ?
Aujourd’hui, oui. Mais comme ils (le Président et son gouvernement, ndlr) s’entêtent, il y a un ras-le-bol général. Et puis, il y a aussi l’affaire de la Société Générale, la condamnation de Jérôme Kerviel, l’affaire Woerth/Bettencourt. Et aussi le fait que le président ne fasse pas ce qu’il dit et dise qu’il ne fera pas ce qu’il fait. Il avait promis de ne pas toucher à la retraite à 60 ans et aujourd’hui, que fait-il ?
Sarkozy, c’est un personnage peu crédible, un président dont la parole est dévaluée.
(Nous remontons vers le point fixe du PG, situé à la station métro de Noailles. Jean Sicard en profite pour me parler de son parti.)
Aujourd’hui, l’ambition du Parti de Gauche n’est plus de tirer le PS vers la Gauche, mais de passer devant lui, de le dépasser. Nous avons aussi l’ambition d’un grand rassemblement de la Gauche. Notre objectif, c’est l’union, c’est le Front de Gauche. Le Parti de Gauche a été créé pour cela, pour un front de Gauche. Et depuis que ce front existe, il y a une dynamique. Ça a fait du bien au Parti Communiste et ça nous a fait du bien, à nous aussi. On a existé tout de suite. Il faut donc continuer et rassembler plus large. Avec le NPA, pourquoi pas ? Toute la Gauche est invitée. Le PG est un parti qui a été créé pour disparaître dans un rassemblement bien plus large, non pour se replier sur nous-mêmes.
Le Gouvernement n’écoute pas le Peuple. Est-ce que c’est un gouvernement antidémocratique ?
Pour le moment, c’est un gouvernement démocratique puisqu’il a été élu. Mais il a été élu sur un programme qu’il n’applique pas ou qu’il applique à sa façon. C’est un gouvernement qui sert avant tout ses mandants, une Droite riche qui en veut toujours plus.
Il voulait rétablir le travail, il ne l’a pas fait : le PIB augmente, mais la proportion salaire/production a été inversée. Il y a vingt ans, c’était 60/40, maintenant c’est l’inverse.
Est-ce que le Gouvernement, l’Assemblée nationale et le président ont encore une légitimité ?
Tant qu’il n’y a pas de nouvelles élections, oui. Mais s’ils réfléchissent, ils sont aussi les élus de leurs électeurs : tous ceux qui ont voté pour eux donc pas que des sarkozystes.
Par contre, on devrait dissoudre l’Assemblée nationale, comme en 1968 ou en 1995. Parfois, il y a un décalage entre maintenant et il y a deux ans.
La Gauche Unitaire, elle, appelle à la démission du Gouvernement. Nous, nous signons la pétition qui demande un référendum, mais nous savons qu’ils ne le feront pas : ils perdraient.
Qu’est-ce que vous pensez de la réquisition des employés ?
La réquisition ? Ça existe. Mais quand on réquisitionne autant sur un seul site, on brise le droit de grève.
Jusqu’à maintenant, il n’y a pas trop eu de casse, mais les gens manifestent par milliers depuis le mois de juin et n’ont pas l’impression d’être entendus par leurs élus. Pensez-vous que nous allons vers une radicalisation qui peut tomber dans la violence ?
On n’est pas à l’abri d’un incident grave, d’une étincelle qui ferait que les partis politiques et les syndicats ne contrôleraient plus rien. Alors, ce serait grave, vraiment grave. Ce n’est donc pas souhaitable.
Propos recueillis par Richard Patrosso
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