Jérôme Cahuzac, le vrai calomniateur
Longtemps, Jérôme Cahuzac a nié les faits dont l'accusait Médiapart, à savoir la propriété d'un compte bancaire en Suisse. Rattrapé par les remords, selon ses propres termes, il a reconnu mardi 2 avril l'existence de ce dernier. Chronique d'une histoire dans lequel l'ancien ministre n'a rien pu faire d'autre que subir les événements.
« Une calomnie diffamatoire ». Voilà comment Jérôme Cahuzac, désormais ex-Ministre du Budget, avait qualifié l’information révélée par le site d’information Médiapart, selon laquelle il aurait été le possesseur, par le passé, d’un compte bancaire en territoire helvétique. En plus de décrédibiliser l’annonce du média d’information en ligne co-fondé par Edwy Plenel, l’ancien résident de Bercy avait osé porter l’affaire devant les tribunaux.
Il persiste et signe dans la fausseté...
Son alibi principal était bien peu consistant. Il affirmait avec une vigueur qui ne convainquait pas grand monde que Médiapart n’avait pas été capable de fournir d’éléments assez probants pour prouver l’existence de ce compte en Suisse. Et les mots qu’il emploie sont véhéments et très lourds de sens. L’élu socialiste du Lot-et-Garonne parle, sans gêne aucune, d’allégations « infondées », et également d’ « absurdités » en parlant de l’annonce faite par le site internet.
Quand Médiapart a alors décidé de sortir l’atout déterminant, à savoir l’enregistrement téléphonique avec sa voix, celui qui détenait jusqu’à il y a peu le portefeuille des Finances du gouvernement Ayrault a mené une véritable campagne médiatique lors de laquelle il a persisté et signé, s’enfonçant dans le mensonge : « Depuis le début, c'est moi qui dis la vérité (...). Je n'ai pas, je n'ai jamais eu, à aucun moment, un compte en Suisse », a-t-il assuré, invité à s’expliquer au micro de Jean-Jacques Bourdin.
...Avant d'avouer la détention de près de 600.000 euros sur un compte suisse transferé à Singapour en 2009
Quand le parquet de Paris demande le 19 mars dernier l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour « blanchiment de fraude fiscale », François Hollande n’a pas d’autre choix que de remercier son ministre. La pression devient tellement intense qu’il apparait incongru de vouloir continuer à faire confiance à Jérôme Cahuzac. L’affaire prend un tournant décisif quand ce mardi 2 avril, dans une lettre publiée sur son blog, il confirme au sortir d’un entretien avec les juges Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke qu’il a bel bien détenu ce compte en Suisse.
Dans le même billet, il tente de se confondre en excuses, mais le mal est fait, irréparable. Une personnalité politique vient de reconnaitre avoir menti à la nation. Une véritable honte pour cet homme qui a eu la chance de faire partie d’une élite, d’avoir des responsabilités de grande envergure. Mais au-delà de cela, saluons le fait qu’il s’agit là d’un triomphe de la vérité. Car que n’a-t-on pas dit sur la presse, sur les médias, que l’on a accusé de tous les défauts du monde avant que la vérité n’éclate ?
La presse en sort grandie
Toutes ces banderilles plantées dans le dos des journalistes de Médiapart sont même apparues déplacées, puisque le site internet a appuyé ses informations d’une preuve incontestable, à savoir l’élément sonore qui confond le sieur Cahuzac. Alors encore une fois, disons-le : c’est une victoire de l’information et du « droit de savoir ». Cela tombe d’ailleurs très bien, puisque c’est tout bonnement le titre du dernier ouvrage d’Edwy Plenel, présenté sur le plateau de Laurent Ruquier samedi soir dernier, livre dans lequel il rappelle notamment le devoir du journaliste, et prône l’investigation.
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