Les médias ont disserté et philosophé longuement, hier, sur la victoire historique d’un Noir à la course à la Maison-Blanche, Barack Hussein Obama, sans réellement dire un mot sur les insuffisances de son adversaire qui ont permis son avènement, et le krach de John McCain. Raisons multiples : les deux mandats catastrophiques de George W. Bush, l’économie, la division au sein du Parti républicain entre les tenants d’un libéralisme reaganien et les adeptes du néo-conservatisme, puis de l’impulsivité du « Maverick » (anti-conformiste, dissident, imprévisible) dont les erreurs de jugements et les coups de tête ont fait le reste.
Un culte de la personnalité maoïste et diabolisation
John McCain a reconnu, avec classe, la victoire de son adversaire, Barack Hussein Obama, et son échec, qui, a-t-il précisé, est de son seul ressort. L’homme a, sans doute, sous-estimé son adversaire, tout comme Hillary
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Clinton l’avait fait précédemment. Visiblement, les républicains n’avaient pas retenu la leçon.
« Nous nous sommes battus, nous nous sommes battus aussi dur que possible. Et bien que nous ayons échoué, cet échec c’est le mien, pas le vôtre », a-t-il déclaré.
Il n’a, dans un premier temps, que parlé de ses exploits. Ancien prisonnier de guerre au Vietnam, héros américain, etc. Pire, il promet d’être le seul capable de mettre aux arrêts, le spectre des Etats-Unis, l’ennemi public n° 1, Ben Laden. Première erreur que récupèrent les démocrates en l’accusant de haute trahison dans la mesure où, détenir un secret comme celui-là, le garder pour soi et ne pas le dire, est passible de la cour martiale, pour haute trahison…
Baser une campagne sur la diabolisation à outrance de son adversaire, après avoir suivi les primaires des démocrates, fut une bévue considérable. Barack Obama avait su déjouer tous les plans diaboliques de l’équipe
d’Hillary Clinton, surfant, il est vrai, sur la baraka et, aussi, sur une sérénité à toute épreuve. Cela a probablement permis qu’on le juge différemment et, lui, il a insisté sur l’héritage de Bush dont McCain a été incapable de se défaire. Le mémorable « Je ne suis pas le président Bush » lors de leur dernier débat, en dit long sur les tergiversations de l’imprévisible.
Influence néfaste des apparatchiks pro-Bush
D’entendre certains républicains influents qui lui reprochent, aujourd’hui, de n’avoir pas fait assez, en insistant notamment sur les relations, que dis-je, la supposée proximité de Barack Obama, avec le révérend
Jeremiah Wright, le professeur d’université
William Ayers, considéré comme terroriste, par eux, c’est bien l’hôpital qui se moque de la charité.
John McCain a fait l’erreur monumentale, d’écouter en coulisses, des faucons comme
Karl Rove, qui prédit la veille la victoire de Barack Obama, ou encore son pendant,
Steve Schmidt, moteur de sa campagne, qui lui a suggéré, semble-t-il, le choix du boulet Sarah Palin, gouverneure de l’Alaska, qui s’est avéré désastreux pour le candidat républicain, qui signait ainsi, tout seul, comme un grand, son arrêt de mort présidentiel, après avoir rencontré sa colistière, une seule fois, pendant deux heures, disent ses proches.
John McCain n’a ainsi pas convaincu ceux qui voulaient aussi le changement au sein de son parti. Il ne s’est nullement inspiré de la défaite de l’ex-
first lady, Hillary Clinton. Il ne s’est pas rendu compte que l’Amérique changeait. Il a cru naïvement, lui aussi, à cet
effet Bradley, qui lui a probablement donné de faux espoirs, oubliant que son adversaire avait toujours mené dans les sondages et que, lui, ne l’avait fait qu’une semaine après l’arrivée de Sarah Palin qui, communication après communication, avait montré ses limites.
L’économie ou le talon d’Achille de John McCain
De savoir qu’avant le passage dans les urnes, 62 % des Américains, donc, dans leur majorité, votaient pour un homme capable de résorber la crise financière, chacun pouvait donner perdant, John McCain qui, clamait haut et fort que les questions économiques n’étaient pas son dada. Il argua même, avant le krach financier, que l’économie américaine était ancrée sur des bases solides. Pire, il interrompra sa campagne, dit-il, pour y trouver une solution. Echec et mat.
Hier encore, au sortir des urnes, le nombre de ses concitoyens qui se préoccupaient plus de l’économie que de Ben Laden, de la guerre en Irak ou de l’Afghanistan, était passé à 87 %, d’où l’ampleur de la défaite. En revanche, ce qui est plutôt surprenant, c’est même le score de John McCain. Avoir obtenu 48 % des suffrages est même miraculeux. D’aucuns parlent d’un vote racial. Or, peut-on réellement se tirer une balle dans les pieds simplement parce qu’on ne désire pas avoir un président noir ?
John McCain n’était pas lui-même, pas véritablement convaincu des solutions à apporter au marasme financier, comment pouvait-il donc convaincre les autres ? Le moral dans les chaussettes, ses nombreuses hésitations ou encore son passage pitoyable à des aveux complets d’impuissance lors de l’ultime débat avec son adversaire et ses propositions intenables de rachat notamment des crédits immobiliers subprimes non remboursables pour les ménages, n’ont fait que convaincre les indécis sur son incapacité à gouverner. John McCain a dû s’écrier : « Wall Street m’a tué ! »