Julien Dray, règlement de comptes
J’ai beaucoup aimé ce livre qui a fait vibrer plusieurs orientations auxquelles j’adhère parmi les thématiques fondamentales de réflexion d’un renouveau socialiste qui est devenu crucial.
Je commencerai par la dernière phrase de son livre : « il faut changer ou mourir ».
Oui changer est absolument nécessaire.
Le Parti socialiste doit changer, c’est évident pour le militant que je suis.
Etre socialiste, c’est mettre en exercice un contrat social, un nouveau contrat social qui se déclinerait en 3 idées force :
- une démocratie étendue,
- une justice accessible,
- la sécurisation des individus.
1)
Etre socialiste, c’est vouloir développer de nouveaux réflexes démocratiques :
c’est accepter, encourager la participation des citoyens, c’est aussi
favoriser toutes les formes d’équilibre des pouvoirs et, de là, leurs contrôles
respectifs.
Le temps où les citoyens manquaient d’information est révolu : nous
sommes au contraire dans un monde d’informations surabondantes, même
si les filtres de présentation de ces informations sont en partie
verrouillés (je pense surtout au problème de la télévision, voir plus
bas).
Il est évident que face à un monde qui bouge sans cesse, la France à
besoin de réformes : on ne pourra pas en faire l’économie, mais être
élu avec 53 % des voix n’autorise pas à vouloir imposer de force ses
vues : le paternalisme politique et l’autoritarisme réformateur n’ont
plus de place dans une démocratie moderne.
Or, l’hyperactivité présidentielle est une des formes de ce déni de démocratie qui a abouti à la crise du 21 avril 2002, crise qui n’a été que partiellement résolue au printemps 2007 :
elle illustre la tentative d’imposer l’apparence de l’action à l’action
elle-même, un peu comme si on avait doté une lanterne magique d’un
mince paravent qui en tournant sans cesse masque la vacuité de ladite
lanterne. Ce qui en fin de compte n’est qu’un mensonge.
Chirac aura été sclérosant par son absence d’action, Sarkozy est sclérosant par son apparence d’action.
En outre, le contrôle des élites politiques devient un enjeu majeur et la prise en compte des propositions Balladur risque d’accentuer la dérive autocratique du régime politique français.
Je vous renvoie à l’analyse faite par Mary-Anne Cohendet.
2)
Etre socialiste, c’est vouloir plus de justice :
- une justice socio-économique : cœur du sytème de pensée de la gauche, la justice économique est et doit rester le credo fondamental du
projet socialiste ;
- une justice médiatique : je suis scandalisé par la couverture des
grèves par les grands médias télévisuels et le matraquage publicitaire
des actions de l’exécutif : il ne peut y avoir de justice quand le
libre accès aux idées est bafoué de la sorte ;
- une justice accessible à tous : demandez aux magistrats et
professions de la défense, je n’ai pas l’impression que la réforme de
la justice mise en œuvre ce mois-ci démocratise son accès.
3) Etre socialiste, c’est aussi avoir en tête la prise en compte du fait sécuritaire : j’en viens à ce qui est un des grands points d’achoppement du socialisme.
Dans la pyramide de Maslow , la sécurité est en 2ème position : sans
sécurité des individus, d’une société, d’un état, il n’y a pas de
développement possible : on s’épuise en luttes stériles.
Pourquoi y aurait-il une opposition entre l’idée socialiste et l’idée
sécuritaire ? pourquoi ne pas accepter que ce sont deux facettes d’un même
besoin de sécurité à partager entre tous les individus d’un groupe
social.
La sécurité des personnes est plurielle : économique, juridique,
idéologique, culturelle (et médiatique), autant de moyens d’accéder à
la Sécurité sociale au sens le plus large du terme.
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