Juppé, une retraite de Ministre
A voir se pavaner cette semaine sur le petit écran “le meilleur d'entre nous” comme le définissait Chirac en son temps, je ne pus que me remémorer la lente procession vers l'abîme du fils prodigue qui le fit à son jeune âge voter tout d'abord pour le trotskiste Alain Krivine, de son propre aveux, pour finir à la retraite, comme un moins que rien, un vulgaire Ministre des Affaires étrangères au service d'un Roi Soleil à la démarche claudicante.
Condamné pour les frasques du RPR, il le fut par une peine assortie d'un an d'inéligibité. Ce qui ne l'empêcha pas de revenir sur la scène publique comme si de rien n'était, non sans avoir en un premier temps profité de sa position pour favoriser son fiston de locataire.
Son mot d'ordre aujourd'hui : tous derrière De Funès, le pire ennemi de son boss d'alors, mais le petit chef est le seul à pouvoir lui assurer autre chose qu'une simple pension de fonctionnaire ; celui que d'aucuns voient comme un sauveur potentiel se garderait bien de sauver son patron du désastre annoncé, on ne sait jamais, les socialistes risquent de vite sombrer dans l'opinion des bobos, et la place sera alors à nouveau à portée de tir du jeune retraité. Cinq ans à se la couler douce aux frais de Marianne, ce n'est pas si mortel que ça.
Rappel de la situation ubuesque du retraité :
Le Point 24.01.2003 :
Une retraite mal à propos
Alain Juppé, ou l'art de se tirer une balle dans le pied… Au moment où il s'engage dans le débat sur les retraites, l'ancien Premier ministre, qui milite depuis des années pour l'allongement de la durée de cotisation des fonctionnaires, au moins à quarante ans, vient de faire valoir ses droits à la retraite d'inspecteur des finances après… trente-huit ans et trois mois ! Le Président de l'UMP se défend en affirmant qu'il ne fait qu'appliquer la loi. Et c'est exact : bien qu'il ait peu fréquenté l'Inspection des finances, Alain Juppé a pu cotiser en tant qu'élu détaché de son corps d'origine. Les cotisations sont calculées sur la base du traitement qu'il aurait touché s'il était resté à l'Inspection des finances, en tenant compte de l'avancement à l'ancienneté. Théoriquement, la retraite ne peut être prise qu'à 60 ans, mais il existe une dérogation pour les élus en cours de mandat, qui ramène la barre à 50 ans ! A 57 ans et demi, Alain Juppé n'est donc pas le plus jeune élu-fonctionnaire à la retraite. Laurent Fabius, par exemple, a pris en 2001 sa retraite du Conseil d'Etat à 55 ans… Lorsque la procédure de liquidation sera achevée, la retraite d'Alain Juppé devrait atteindre 3 654 euros par mois. A cela s'ajoutent ses indemnités de maire (1 261 euros), de président de la communauté urbaine (1 219 euros) et de député (5 522 euros) de Bordeaux. Toutefois, ces trois indemnités sont plafonnées par la procédure d' « écrêtement » à une fois et demie l'indemnité de base de député, c'est-à-dire 7 775 euros. La retraite de fonctionnaire, en revanche, est pleinement cumulable. Le revenu global de Juppé atteindra donc 11 429 euros mensuels .
O n° 302 du 28 décembre 2002 page 21910 :
Décrets, arrêtés, circulaires- Mesures nominatives
Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
Arrêté du 13 novembre 2002 portant admission à la retraite (inspection générale des finances)
NOR : ECON0200088A
Par arrêté du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie en date du 13 novembre 2002, M. Juppé (Alain), inspecteur des finances, est admis, sur sa demande, à faire valoir ses droits à la retraite, à compter du 1er janvier 2003.
ÉTAT CIVIL : M. Alain Juppé - Né le 15 août 1945 à Mont-de-Marsan ( Landes ) - Circonscription d'élection : Gironde (2ème) - Groupe politique : UMP - Profession : Inspecteur des finances - MANDATS ET FONCTIONS À L'ASSEMBLÉE NATIONALE - RÉÉLU le 16/06/2002
LE JDD le 28/02/2011 :
Il restera maire de Bordeaux et ministre d'Etat. Alain Juppé – qui passe de la Défense aux Affaires étrangères, en remplacement de MAM – l'a confirmé lundi lors d'une réunion du conseil municipal de la cité girondine. Et ce, malgré les critiques et les propos de François Fillon. Lundi matin sur RTL, le Premier ministre avait en effet pointé du doigt ce cumul de mandat. “Je ne lui demanderai pas d'abandonner la mairie de Bordeaux. Maintenant, il est incontestable, et Alain Juppé le sait, que c'est un poste qui, par les déplacements qu'il impose, fera en sorte qu'il sera moins présent à Bordeaux“, a laissé entendre le chef du gouvernement. Mais le cumul ne pose aucun problème au nouveau locataire du quai d'Orsay : “Il n'y a aucune règle qui interdise à un ministre d'exercer un mandat local et le nombre de mes collègues qui se trouvent dans cette situation est considérable“, a justifié Alain Juppé, citant notamment François Fillon lui-même, puisque le Premier ministre est également président de la communauté de communes de Sablé-sur-Sarthe.
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