Lors du procès Clearstream, sous la foi du serment, Dominique de Villepin déclare, à propos de rétro-commissions :
« Il n’y avait peut-être pas de preuves matérielles, mais de nombreux indices. Notamment des écoutes, beaucoup d’écoutes. Et quand vous entendez toujours les mêmes noms revenir, ceux d’intermédiaires, surtout Takieddine dans mon souvenir…Il n’y avait aucune ambigüité »
De son côté la mission d’information parlementaire observe :
« L’irruption soudaine et plus qu’étrange de MM. El Assir et Takieddine, à la demande du cabinet du ministre de la Défense, a conduit à ajouter 4% de commissions supplémentaires. » Tout en constatant : « L’existence de rétro-commissions n’est pas une certitude. »
Le 15 avril 2010 Monsieur Takieddine, un druze libanais de 60 ans résidant dans le 16ème arrondissement de la capitale, est entendu par le juge instruisant l’attentat de Karachi. Il assure ne pas avoir été un intermédiaire dans l’affaire Karachi. Voici ce qu’il déclare en mai 2010 au JDD :
"J’accuse Jacques Chirac et Dominique de Villepin, à l’Elysée, et leurs "hommes", le diplomate Maurice Gourdault-Montagne et, notamment, un homme de l’ombre Alexandre Djouhri, d’avoir par leurs agissements, fait que la France passe aujourd’hui pour un des pays les plus corrompus au monde et ne vende plus rien à l’international.
Si j’étais, comme ils le prétendent, un "intermédiaire" des balladuriens, pourquoi sont-ils venus me voir, via Charles Millon, à peine nommé ministre de la Défense de Chirac, pour me proposer de travailler pour eux. »
Selon cette déclaration, Monsieur Léotard n’a pas sollicité les services de Ziad Takkieddine, mais Charles Fillon, son successeur, oui.
Ce que dément Charles Millon assurant au juge à son sujet : « il voulait continuer à être un intermédiaire en Arabie Saoudite. Takieddine n’était pas seul mais je ne me souviens pas de qui il était accompagné. Je lui ai dit que non, d’ailleurs je n’ai eu recours à aucun intermédiaire à titre personnel lors de la négociation des contrats en cours à l’époque où j’étais ministre. »
Afin d’être clair sur ses activités et zone d’influence, Ziad Takieddine évoque Miksa, un contrat d’équipements de surveillance des frontières de l’Arabie Saoudite en question au cours des années 2000 pour lequel son savoir-faire fut sollicité. A cette occasion, il révèle que la proposition émanant du clan Chirac étaient 22% plus élevée que celle du ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy. Il affirme avoir été contacté par le Général Rondot, envoyé par l’Elysée début 2004, pour lui parler du contrat Miksa et lui proposer un "partage" des commissions entre « chiraquiens » et « sarkozystes ». Un élégante façon d’informer les lecteurs du JDD de la probité du monde politique et de l’existence de rétro-commissions.
Il faut, ici, s’étonner qu’un ministre de l’intérieur du Gouvernement, Nicolas Sarkozy à l’époque, ait eu la possibilité de soumettre des propositions d’équipements de surveillance des frontières à un état étranger. Ce sans même avoir fait part en détail de son offre à son Chef, Jean Pierre Raffarin, et, pour le moins, à Dominique de Villepin, Ministre des Affaires étrangères, voire au Ministre de la défense Michèle Alliot-Marie. Voilà qui pourrait valoir une Cour de Justice de la République, un mois, après que le Président ait achevé son dernier mandat.
En effet, l’alinéa 1 de l’article 23 de la Constitution dispose : « Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire, de toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle. »
Vous aurez bien sûr noté, des déclarations de Monsieur Ziad Takieddine, qu’il n’a pas eu de contact avec Nicolas Sarkozy avant l’affaire Miksa et qu’il ne peut donc dire quoi que ce soit sur celle de Karachi qu’il ne connaît pas. Toutefois c’est une très lourde charge à l’encontre de Jacques Chirac et des « chiraquiens » quant aux rétro-commissions dont il s’agit dans cette déclaration. Aucune plainte pour diffamation n’a, à ce jour, été enregistrée à l’encontre de cette accusation.
De tels propos n’épargnent pas Nicolas Sarkozy. Non seulement, Ministre de l’Intérieur il fait du business pour son compte personnel, en concurrence avec les offres de l’état, mais encore, selon la proposition élyséenne du Général Rondot rapportée par l’homme d’affaires, Sarkozy est censé accepter des commissions sur les ventes d’équipements militaires de surveillance à l’étranger. Aucune plainte n’a été déposée par le Président, pourtant chatouilleux de son image, contre Monsieur Takieddine. Faut-il s’étonner ?
Bien entendu l’avocat du Général Rondot, Maître Morain, a cru devoir préciser que son client ne connaît pas ce Monsieur et ne l’a jamais rencontré. Après tout n’importe qui peut se faire passer pour le Général et rencontrer Monsieur Takieddine. Sans doute s’agissait-il du Thierry le Luron de service ou d’un de ces journalistes pédophiles qui accompagne le gamin de la Présidence dans ses tournées.