Karachi : une plainte vise Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux et Franck Louvrier pour « violation du secret de l’instruction », « violation du secret professionnel, recel et complicité » ainsi qu’« entrave au déroulement des investigations »
Deux familles de victimes de l'attentat de Karachi ont déposé plainte ce lundi, avec constitution de partie civile, pour "violation du secret de l'instruction de l'enquête" et "violation du secret professionnel" contre Nicolas Sarkozy, Franck Louvrier et Brice Hortefeux.
Cette plainte a été déposée devant le doyen des juges d'instruction du TGI de Paris par Me Olivier Morice, avocat des familles de victimes de l'attentat de Karachi, qui avait fait 14 morts, dont 11 Français en 2002.
Elle concerne un communiqué de l'Élysée diffusé le 22 septembre 2011, dans lequel la présidence avait alors assuré, après la mise en examen de Nicolas Bazire, l’ancien directeur de campagne d’Edouard Balladur, que "Nicolas Sarkozy n’apparaît dans aucun des éléments du dossier". Il devait mettre un terme à la polémique qui pointait du doigt le rôle de Nicolas Sarkozy dans le supposé financement occulte de la campagne présidentielle d'Édouard Balladur en 1995, intimement lié avec le volet financier de l'affaire Karachi.
Le communiqué avait déclenché la stupeur dans la classe politique et les syndicats de magistrats. Comment comment la présidence avait elle pu en être aussi sûre sans avoir eu accès aux éléments du dossier, ce qui serait anormal en vertu de la séparation des pouvoirs ?
Le président de l’Union syndicale des magistrats, Christophe Regnard, avait réagi vivement en déclarant : "C'est assez incroyable que l'Elysée reconnaisse aussi benoîtement qu'il a eu accès à des pièces. Il ne faut pas être naïf, on sait que les informations remontent. Mais d'habitude cela demeurait caché !". D'ailleurs Matthieu Bonduelle, également du Syndicat de la magistrature, avait lui aussi réagi en trouvant inacceptable ces incursions scandaleuses de l’exécutif, en particulier de l’Elysée dans le cours de la justice. (Voir vidéo ci-dessous).
Me Olivier Morice, le 26 septembre 2011 avait déposé une plainte contre les conseillers de la présidence de la République, elle avait été classée sans suite par le parquer de Paris. L'avocat avait reçu, le 4 janvier 2012, un courrier de François Molins, procureur de Paris, justifiant le classement sans suite de la plainte, cans lequel on pouvait lire : "Aucune enquête n'a été ordonnée à propos du communiqué de presse du 22 septembre 2011, dès lors que ce communiqué a été publié au nom du président de la République."
Or, depuis le 15 juin, Nicolas Sarkozy n'est plus protégé par son immunité présidentielle découlant de l'article 67 de la Constitution, il peut donc être visé par une procédure judiciaire. C'est pourquoi les familles des victimes de l'attentat ont réitéré leur plainte.
D'après l'avocat Olivier Morice, concernant le fond du dossier, sa plainte rappelle : "il est manifeste à travers le communiqué de la présidence de la République que Nicolas Sarkozy n'est pas mis en cause, dans l'affaire dite de Karachi, en sa qualité de président de la République, mais du fait des fonctions qui étaient les siennes, en sa qualité de ministre du budget du gouvernement dirigé par Edouard Balladur de 1993 à 1995. Les actes qui sont susceptibles de lui être reprochés sont des actes totalement étrangers à sa fonction de président de la République".
A la suite de cette plainte, un juge d'instruction devrait être désigné pour mener des investigations, mais seulement si cela est estimé nécessaire.
Le 12 mars 2012, François Hollande s'était engagé à déclassifier les documents relatifs aux contrats d'armement cités dans l'affaire Karachi, depuis il l'a confirmé le mercredi 6 juin. Cela fait des mois que les juges en charge de l'enquête bataillent pour obtenir la levée du secret défense face à un gouvernement peu coopératif. (Voir vidéo ci-dessous)
Sources : 20 minutes, Le Monde, TF1, Le Monde,
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