L’abstention : un acte démocratique ?
Comme toujours, quand une réaction saine et populaire surgit et fait gripper la magouille politique bien huilée, des voix s'élèvent pour essayer d'éviter le désastre prévisible. Pour inverser la tendance, un seul recours proposé : les foudres de la justice. Déterminons les vraies responsabilités.
Bernard Larguèze
C'est un député, de surcroît écologiste, qui a eu cette idée saugrenue : rendre le vote obligatoire avec sanction pénale à la clé. Quelle grosse tête : punir la victime !
L'honorable parlementaire, dont l'innocence fait rêver, livre même la raison de l'abstention, c'est parce que, dit-il, "ON NE FAIT RIEN". Il a raison puisque cette manifestation démocratique sanctionne le Pouvoir en place : fiscalité étouffante qui empêche toute reprise économique, mauvaise volonté de résoudre le problème des retraites par une unification des régimes (également celui des parlementaires). Sans oublier les promesses en l'air concernant notamment les logements, dont la fin de crise est toujours reportée au quinquennat suivant.
Que de motifs pour être abstentionniste !
Ne dit-on pas que les élections sont du pain bénit permettant de se débarrasser d'une équipe estimée non performante et la remplacer par une autre, prometteuse. Après plusieurs expériences négatives, les citoyens se sont aperçus que ce discours angélique n'est plus adapté à la politique telle qu'exercée actuellement où magouilles, mensonges, combines, corruptions font trop souvent la une des journaux.
Sans oublier le mensonge politique consistant à promettre et à ne rien réaliser (ou si peu), à prendre des mesures fiscales ou liberticides non prévues dans le programme et, pour des gros enjeux, comme les traités commerciaux Union Européenne/Etats-Unis, Canada, tenir les accords sous le sceau du secret, donc en les cachant aux citoyens alors qu'ils auront des effets négatifs sur l'économie européenne. Tout un ensemble qui n'incite pas particulièrement à déléguer notre pouvoir souverain.
La proposition du député-vert est primaire. Elle vise à transformer en délit une saine réaction populaire, de surcroît légitime, provoquée par le non-respect des engagements des élus.
Le taux d'abstentions augmentant à chaque consultation prouve, non pas le j'm'en foutisme, mais le réveil du peuple-souverain qui n'est plus d'accord avec les changements qui lui sont imposés
On tire à boulets rouges sur l'abstention qui, quoi qu'on pense, a donc une signification car, même s'il y a des citoyens désintéressés, il y a aussi des protestataires qui ne se reconnaissent ni dans les candidats, ni à l'intérieur du système politique proposé. La démocratie permet à chacun de s'exprimer, abstention comprise.
Mais l'abstention c'est aussi un baromètre qui rappelle aux maîtres éphémères qu'ils sont sous contrôle ? C'est aussi une soupape qui libère un peu la tension. Ne pas en tenir compte serait s' attendre à d'autres réactions. A 70% d'abstentions le peuple pourrait descendre dans la rue et, qui sait, armé de piques.
L'abstention pose, certes, un problème qui pourrait être maîtrisé si l'on redonnait de la vertu aux fonctions électives : Donner aux citoyens les moyens légaux pour actionner en justice les parjures, les combinards, les corrompus. Rendre inéligible à vie tout élu poursuivi en justice durant l'exercice d'un mandat et ayant fait l'objet d'une condamnation devenue définitive. N'ouvrir la voie parlementaire qu'à des candidats justifiant d'au moins cinq ans d'activité économique ou manufacturière. Fixer à 70 ans la limite d'âge pour exercer un mandat représentatif. Réduire de moitié le nombre d'élus, dans toutes les instances représentatives, ce qui ferait autant d'économies pour le budget de l'Etat et un soulagement fiscal pour les citoyens.
Pour redonner ses valeurs au suffrage universel, il devrait être reconnu également de consulter le peuple par référendum, en en facilitant l'accès, sur tous projets de réforme sociétale, par exemple : le MPT, la régionalisation, l'immigration, la réforme de l'organisation de la Santé, la "refondation" de l'enseignement, la retraite, etc.
De ce qui précède on peut conclure que l'abstention est un geste hautement démocratique car porteuse d'un message intrinsèque aux candidats et leurs partis. Pourquoi ? parce que les candidats obéissent tous, eux mêmes, à des donneurs d'ordres de la mondialisation et aux magnats de l'argent-dette, représentés dans le Gouvernement actuel. Le message "abstentionniste" est donc également pour eux et peut se transformer en réactions violentes, même très violentes. Ce pourrait être le cas, par exemple, si l'épargne individuelle était pillée, pour rembourser une dette factice (ou ses intérêts), considérée comme une escroquerie, car constituée de monnaie de singe.
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