L’affaire DSK : quelques observations
L’affaire Dominique Strauss-Kahn appelle quelques observations.
1) - Les réactions de la classe politique sont nauséabondes. Une bande de faux culs, le trouillomètre à zéro devant un acharnement juridique imprévu, répand des larmes de crocodile en jubilant intérieurement de voir disparaître un concurrent électoral. On ne saurait imaginer récital plus écœurant de pommades venimeuses et de fourbes condoléances.
2) - Nous, nous n’avons aucune raison de jouer les pleureuses. Dominique Strauss-Kahn était un malfaiteur politique, un zélé serviteur des pires aspects du capitalisme et de l’hégémonie américaine. Il a mené à bien de néfastes privatisations sous le règne de Jospin, comme celles de France-Telecom, Thomson, Aérospatiale ou Air-France. A la tête du FMI, il a contribué à écraser les économies de nombreux pays et à étendre chômage et famine dans le Tiers monde. Sa promotion au titre de meilleur candidat “socialiste” était une sinistre farce qui ne pouvait que discréditer encore davantage (si besoin était) la social-démocratie française. Sa mise à l’écart pour des motifs politiques n’aurait été qu’un bon débarras.
3) - Nos journalistes se livrent à une grotesque autocritique parce qu’ils n’ont pas parlé de ses obsessions érotiques, connues de tous les initiés. En fait, ils ont bien fait de respecter une tradition française de séparation de la vie publique et de la vie privée, évitant de mélanger sexe et pouvoir, ce qui les aurait portés à dénoncer trop de politiciens pour leurs ardeurs intimes.
4) - Les Etats-Unis, qui n’ont pas de ces scrupules, étouffent certaines affaires de cul embarrassantes – comme celle de Clinton et de Monica Levinski ou celle des maîtresses de Schwarzenegger – pour en dramatiser d’autres, au bénéfice de la presse à grand tirage ou d’un entourage puissant abattre un rival gênant.
5) - Leur justice, dans le cadre de ce “deux poids deux mesures”, fait parfois étalage d’une rigueur inspirée par son hypocrisie puritaine – comme dans les cas de Polanski ou de DSK – qui lui permet de se draper dans une morale de prêcheur demeuré, aussi fausse que celle qui justifie les guerres impériales.
6) La présomption d’innocence, dont doit bénéficier toute personne soupçonnée, est complètement ignorée par les grands médias populaires qui étalent un scandale manquant encore de preuve pour aguicher leurs lecteurs.
7) - Les troubles rapports américains avec le sexe – qui a le charme de la sorcière qu’il faut brûler – les incitent à broyer leurs tentations par des sentences ahurissantes. Même pour les fermes partisans que nous sommes de la défense des femmes, sanctionner un viol qui n’a pas eu lieu, une éventuelle fellation forcée et des attouchements excessifs par 70 ans de prison semble une peine disproportionnée. Combien de fois plus sévère que celle encourue par un escroc financier ou un magouilleur de bourse qui a fait des dizaines de milliers de victimes...
8) Enfin, livrer à la presse un homme menotté promené en public comme les accusés du régime maoiste en Chine, est une odieuse humiliation qui ne devrait être imposée à aucun inculpé. Tout être humain, même prévenu, a droit à un minimum de dignité.
En conclusion, si DSK est puni – nous disons “si” parce que ses avocats vont probablement trouver un moyen de le sortir du pétrin – il le sera mal, et pour le moindre de ses méfaits. S’il l’est avec équité, nous ne déplorerons pas sa carrière compromise, car il a cent fois mérité politiquement sa chute. Celle-ci n’aura pas été provoquée pour les vraies raisons. Mais nous disons franchement que nous ne la regrettons pas.
Tant pis pour DSK s’il a préféré son érection à son élection.
Louis DALMAS.
Directeur de B. I.
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