L’ambitieuse feuille de route de M. Hulot
Nicolas Hulot vient de proposer au Premier Ministre une feuille de route « très offensive » en matière d’écologie, selon Ouest France qui se fait écho d’une fuite du Monde.
Le Ministre de la transition écologique et solidaire déclare tout de go qu’il souhaite « une transformation du modèle agricole français ». On suppose que les téléphones ont dû chauffer entre la FNSEA et les différents ministères concernés par les propositions de Nicolas Hulot (Agriculture et Alimentation, Cohésion des territoires et Economie, sans oublier la Santé qui devrait être également au premier rang des ministères concernés)
Ça commence fort
M. Hulot souhaite parvenir à 50% de nourriture bio en restauration collective alors que l’ambition du Président de la République, alors candidat, dans son programme parlait de 50% de produits proposés bio, écologiques ou de circuits courts.
Bio, on sait ce que c’est, écologiques, ça fait bien mais cela ne veut pas dire grand-chose, quant à « circuits courts », il s’agit d’une véritable escroquerie puisque seule compte la notion de la distance parcourue par le produit qui par ailleurs peut être bourré de pesticides. Bref, le concept du circuit court pourrait même éliminer le bio en restauration collective qui se fournirait localement avec des produits non bio. Promesse facile à tenir donc pour le candidat Macron, alors que les propositions de son Ministre sont beaucoup plus ambitieuses et seront sans doute vivement combattue par le syndicat agricole majoritaire.
Même chose sans doute s’agissant du principe de précaution prôné par Hulot, concernant les plantes mutagènes qui ne font pas l’unanimité sauf chez les associations de producteurs et à la FNSEA… Cherchez l’erreur !
Ça continue bien, ou presque…
C’est dans le domaine de l’artificialisation des terres agricoles que Nicolas Hulot devrait trouver le consensus avec la profession agricole. En cause, l’urbanisation et les projets routiers dévoreurs de terres. Sur ce point, il bénéficiera d’alliés objectifs chez les élus locaux qui ont déjà signé des conventions ou des accords cadre avec les Chambres d’agriculture locales. Dans ces documents la principale obligation est supportée par les élus locaux qui s’engagent sur cette préservation en densifiant l’urbanisme (au détriment des habitants) alors que les efforts demandés aux agriculteurs locaux ne sont pas à la hauteur de l’enjeu écologique actuel.
Il est certain que ce sont les habitants concernés par ces dispositions déséquilibrées qui devront se mobiliser localement pour obtenir des aménagements à ces conventions.
Et puisque Nicolas Hulot s’engage aussi fortement sur la question de l’imperméabilisation des sols, on attend impatiemment que le gouvernement auquel il appartient enterre de manière définitive le projet d’aéroport de N. D. des Landes. Ce serait une belle preuve de son influence au sein de ce gouvernement.
Pour poursuivre
L’article d’Ouest France indique que « l’orientation générale voulue par N. Hulot pourrait amener à des frictions avec les tenants d’une agriculture française productiviste qui cherche à reconquérir ses parts de marchés à l’export » : Que c’est joliment exprimé !
Tout cela veut dire que Nicolas Hulot n’est absolument pas certain que sa feuille de route soit acceptée en l’état par le Premier Ministre. Cela veut dire également que la passe d’armes de la semaine dernière avec le Ministre de l’Agriculture au sujet des néonicotinoïdes n’est qu’un avant-goût de ce qui l’attend, d’autant que les compétences de M. Travers concernent aussi l’alimentation avec là aussi un lobby agro-alimentaire très influent.
Le Ministre de l’économie pourrait également mettre des bâtons dans les roues de N. Hulot étant entendu que l’exportation de nos produits agricoles et transformés pèsent dans la balance commerciale du pays et génère des emplois.
Seul point de convergence, le sujet du ralentissement de l’imperméabilisation des sols, en commun avec le Ministère de la cohésion des territoires et celui de l’agriculture au détriment de la qualité de vie des citoyens (densification de l’habitat, stabilisation en l’état des réseaux routiers, mobilité compromise, sauf en vélo…).
Enfin, le Ministère de la santé directement concerné par l’émergence des maladies liées au traitement des cultures ainsi que par les conséquences des canicules successives restera étrangement silencieux comme d’habitude et se contentera de rogner sur les dépenses classiques de santé pour rester dans les clous budgétaires.
On souhaite beaucoup de courage à M. Hulot et surtout qu’il se fasse entendre dans ce concert d’intérêts financiers et politiques divergents et surtout préjudiciables à l‘environnement et la santé des français.
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