L’assemblée nationale, vue de l’intérieur
Le 22 mars dernier, j'étais à l'assemblée nationale pour participer à la séance de questions au gouvernement. Entre pleurnicheries et élans guerriers, aucune remise en cause de la politique étrangère française.
L'arrivée des députés dans l'hémicycle.
A 14h45, le défilé des députés commence. Au fur et à mesure qu'ils arrivent, je vois les affaires et les polémiques défiler devant mes yeux, M. Woerth et l'hippodrome de Compiègne, Balkany et ses 3 villas saisies par la justice. Je me demande sincèrement comment un homme avec tel passé judiciaire peut encore siéger à l'assemblée, la république se moque du peuple.
Le défilé continue avec Mme Cosse et son double mandat qui n'en est pas un selon elle. Les autres stars de la politique s'installent à quelques mètres d'où je suis installé, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Marion Maréchal Le Pen, Myriam El Khomri... Je suis dans la télévision.
Heureusement, Thomas Thévenoud et Jérôme Cahuzac ne sont plus là. Plus dans l'hémicycle, mais libre et certainement jugé par la cour de justice de la république, une cour où siègent des parlementaires. La séparation des pouvoirs n'est que théorique. Une fois que cette cour a statué, il n'est plus possible d'être jugé au pénal. Chez les élus de la république, on se juge entre potes, c'est plus commode.
Peu après 15h00, heure à laquelle tous les présents sont enfin assis à leur place, la première question est posée dans un chahut digne d'une classe de seconde professionnelle dans un cours de philosophie, je suis effaré par l'indiscipline des gens qui ont tant de responsabilités.
Attention, tous les élus ne sont pas à mettre dans le même sac. La plupart d'entre eux respectent les règles déontologiques. Mais, il me semble que les contrôles ne sont pas à la hauteur de ce que pourraient exiger des français avertis.
Première question sur les attentats de Bruxelles.
Après le 11 septembre, le 11 janvier, le 13 novembre, voici le 22 mars, nouvelle date pour de nouvelles commémorations.
Cette fois-ci, les attentats ont eu lieu dans un endroit que je fréquente souvent, l'aéroport de Zaventem. Après ces événements, je ne peux m’empêcher de repenser aux déclarations de Monsieur Laurent Fabius, ancien ministre des affaires étrangères, qui a déclaré en public alors qu’il était en poste : « Al Nosra fait du bon boulot en Syrie ».
Cette déclaration indique, sans ambigüité, que la France a soutenu des terroristes en Syrie pour accomplir ses objectifs stratégiques, destituer Bachar Al Assad.
La France a donc entretenu le chaos dans la région sans penser aux conséquences dramatiques que nous connaissons aujourd’hui au sein même de l’Europe, que ce soit les attentats sur le sol européen ou le flux incessant de réfugiés. Cette politique est une erreur et un échec lamentable pour la France.
J'ai eu l'occasion de demander à plusieurs députés de commenter ces propos de Mr Fabius, je n'ai reçu aucune réponse satisfaisante. L'un m'a répondu : "il faut d'abord que je vérifie vos déclarations". Un autre m'a dit : "il a vraiment dit ça ? ". Bref, aucune réponse et pas le moindre début de remise en cause de la politique étrangère française.
Une grande partie du peuple de France ne supporte plus de voir les mêmes attentats se répéter, encore et encore, alors que la politique étrangère de la France ne change pas.
Tout ceci ne fait qu'accélérer l'ascension du front national.
Les causes profondes
Les élus refusent de parler des causes profondes. Ils préférent gesticuler et proposer plus d'armes, plus de guerre, plus de chaos en guise de solutions, sous les applaudissement d'une grande partie de l'assemblée, que ce soit les élus de droite ou de gauche. J'ai été sidéré par le succès de la réponse va-t-en guerre de Mr Valls à une question sur les événements de Bruxelles.
A cet instant, je me suis vu dans Star wars, Palpatine ovationné alors qu'il déclarait la création de l'empire galactique. Notre empire galactique étant l'état d'urgence et l'état de guerre dans lequel nous sommes empêtrés jusqu'au cou.
La vérité est que ce show télévisé vise à cacher la réalité. La réalité est qu'il est grand temps de revoir notre stratégie en Syrie, en refusant la guerre et en préférant une solution négociée avec Bachar Al Assad. Ce même tyran, qui a été reçu à l’Elysée et a participé au défilé du 14 juillet en 2008. Ces faits sont très récents.
Aussi, la Russie devrait être traitée comme un partenaire privilégié, quoi qu’en pense les Etats-Unis d’Amérique. La France doit reprendre la main, faire ses propres choix et forcer ses partenaires à les suivre. Elle doit négocier avec Bachar Al Assad et la Russie sur le dossier Syrien, elle doit stopper l’embargo contre la Russie, qui a des effets collatéraux catastrophiques sur notre agriculture.
N'espérez rien du gouvernement en place
La vérité est devenue complotiste et l'inertie au changement est très grande. Cependant, les choses commencent à changer et les gens commencent à ouvrir les yeux sur le monde, grâce notamment aux réseaux sociaux.
Je reste profondément convaincu que des changements profonds vont se faire à court ou moyen terme. Le monde se rebelle, Trump aux USA, Le Pen en France, Podemos en Espagne, UKIP en Angleterre... Ces frondes prennent de l'ampleur.
Fin de la journée
Je quitte l'assemblée nationale préoccupé par la violence des propos que j'ai entendu.
En me promenant aux alentours, je m'arrête sur une stelle à l'effigie d'Aristide Briand, qui en 1926, a fait cette déclaration :
"Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à l'arbitrage, à la conciliation, à la paix."
Cette lecture me remplit d'espoir. Mais, je me demande qui aurait la force et le courage de porter de tels propos devant les puissants aujourd'hui. Marianne, mais t'es où ?
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