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L’Envol de la Grenouille : un roman anti-déprime pour un temps déprimant

 

En cette période de gueule de bois post-électorale, il peut être rafraîchissant de voir les péripéties politiques depuis une petite ville de province, sur la côte Ouest. Dans L’Envol de la Grenouille (paru fin 2018), Muriel Fiez transcrit sa dure expérience de candidate. Son héroïne, Clothilde, qui milite pour un parti écologiste, et se déguise en grenouille lors des manifestations, nous avertit qu’il y a loin entre l’enthousiasme et le dévouement de la base, et la personnalité et les motivations des dirigeants.

Certes, le roman s’insère dans des thématiques à la mode : le machisme des hommes de pouvoir, la solidarité entre femmes, la sororité. Mais l’auteur assure qu’elle a bien vécu, mutatis mutandis, les situations qu’elle transpose ici, et dont la brutalité surprend : un chef local de parti qui, jouant de son charisme, manipule une collaboratrice, feignant d’en faire sa candidate pour ses qualités personnelles et ses mérites de militante, et lui assigne des missions dangereuses et illégales, non pas même pour faire gagner son parti (la circonscription étant difficilement gagnable) mais pour satisfaire une vengeance personnelle. Où l’on voit, et c’est bien d’actualité, qu’il se concocte autant de chausse-trapes entre camarades d’un même parti qu’entre partis ennemis. D’autres thèmes rappellent des situations qu’on connaît bien, comme les collusions entre hommes politiques et intérêts financiers ; le roman surprend davantage en montrant que ceux qui dénoncent la corruption et l’ancien monde, loin d’être des chevaliers blancs, peuvent être des requins plus redoutables que les corrompus « classiques ».

On a donc tous les ingrédients d’un roman noir. Mais M. Fiez ne traduit ici aucune amertume : le roman est au contraire plein d’entrain, le vent marin y souffle allègrement et sa dynamique héroïne fait, au fil des péripéties, son apprentissage politique, en même temps qu’elle débrouille une véritable intrigue policière.

Les films politiques ont connu leur grande époque dans les années 60-80 ; aujourd’hui, ceux qui s’annoncent comme tels sont souvent des ratages, que ce soit Silvio et les autres, de Sorrentino, ou Un Peuple et son roi, de Schoeller, ou bien ils oublient leur intention politique pour se changer en simples films d’action, comme El Reino, de l’Espagnol R. Sorogoyen. On observe par contre un renouveau d’activité politique dans le domaine des livres, mais il ne faudrait pas qu’il soit limité aux périodes d’élections.

 


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Auteur de l'article

Rosa Llorens


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