L’épopée d’Emmanuel Macron…
On a droit à tous les superlatifs concernant, ce qu’il faut bien appeler l’exploit d’Emmanuel Macron, tant il s’est imposé brutalement dans le paysage politique en mettant à bas de puissants et anciens appareils politiques. Il crée un nouveau mouvement politique qui s’apprête à ravir une majorité inédite au parlement dimanche prochain. Jupiter, tel est le surnom du Président de la République, qui court aujourd’hui dans toutes les rédactions.
L’homme est habile, intelligent et opportuniste. Mais il a aussi bénéficié de circonstances exceptionnelles que les Républicains et le Parti socialiste lui ont amenées sur un plateau. On peut, légitimement, s’interroger sur une hypothèse plus heureuse pour la droite qui aurait su opportunément se débarrasser du fardeau Fillon, pour pousser en avant un Alain Juppé bien positionné pour l’emporter… mais les républicains collectivement ont été incapables d’analyser sereinement la situation et de prendre les décisions radicales qui s’imposaient. Ils ont couru frénétiquement à la catastrophe, malgré certains d’entre eux qui avaient compris le piège qui se refermait sur eux. Aujourd’hui, même les bastions réputés les plus solides s’effondrent Nathalie Kosciusko-Morizet en fait l’amère expérience dans la deuxième circonscription de Paris (5, 6 et 7e arrondissement) où elle n’obtient au premier tour qu’à peine 18,13 % des voix contre 41,81 % pour son challenger Gilles le Gendre, candidat LREM soutenu par Jupiter.
C’est tout Paris qui est en déroute avec la défaite des candidats socialistes au premier tour et ceux de la droite qui se voient distancée dans leur fief… un ras le bol incroyable a saisi l’électorat de droite qui se met à rejeter tout ce qui leur rappelle l’ancien système, Éric Woerth dans la 4e de l’Oise est en ballotage très défavorable (devancé de 7 points par la candidate LREM) tout comme Gilles Carrez, théoriquement indéboulonnable de la 5e circonscription du Val de Marne, 10 points loin derrière la candidate LREM etc.… Il est désormais assuré que les Républicains ne seront même pas en capacité d’atteindre les 100 sièges…
Quant au Parti socialiste, il frôle l’anéantissement, comme la droite sur Paris, il est rayé de la carte (Plus aucun candidat au deuxième tour dans ce que furent ses bastions, les Hauts de France et la Seine Saint-Denis), le plus exemplaire, son premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, régulièrement réélu est éjecté de sa circonscription parisienne. Pour Le PS, on n’est même pas sûr qu’il atteigne le seuil de 15 députés nécessaire à la formation d’un groupe parlementaire à l’Assemblée.
Là aussi les dirigeants du PS, aidés par l’ensemble de la gauche s’y sont bien mis, ensemble, pour organiser cette « raclée » qui restera mémorable. Le PS a cette fois-ci étalé au grand jour ses divisions et ses clivages idéologiques sans qu’aucun responsable ne soit de taille à les contenir, comme ont pu la faire dans le passé François Mitterrand, Lionel Jospin et même partiellement François Hollande (qui tout de même, au moins, avait réussi son élection de 2012).
Certes il faut bien reconnaître du mérite à Emmanuel Macron et ses équipes… mais sans la folie destructrice qui s’est emparée de la droite et de la gauche, aurait-il aussi bien réussi ?
Tout cela n’est pas très sain… et les lendemains désenchantés ne vont pas tarder à poindre le bout du nez. Le risque d’une abstention encore plus forte dimanche, pour ce deuxième tour, est une menace bien réelle pour le camp du président qui emporterait alors une victoire à la Pyrrhus. Je ne souhaite pas l’échec, bien au contraire, de cette nouvelle majorité, je souhaite seulement qu’elle soit bien lucide sur la réalité de son succès, et surtout de la faiblesse de ses soutiens dans l’opinion française, que va venir masquer artificiellement le résultat de dimanche soir.
Dans de telles conditions… est-il vraiment possible d’engager des réformes aussi drastiques, telles qu’annoncées par le président Macron et son premier Ministre de droite ? Il faudra toute l’intelligence et la force de Jupiter pour y arriver sans trop de déboires et de désillusions.
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