Depuis que l’Espagne est redevenue une démocratie, il y a plus de 30 ans, la vie politique du pays est dominée par deux partis : le PP, actuellement au pouvoir, et le PSOE. Mais devant l’indifférenciation croissante entre les deux, les Espagnols se tournent vers une nouvelle offre politique.

La fin de bonnet blanc – blanc bonnet ?
Comme le montre ce graphique de The Economist, les deux principaux partis de la vie politique espagnole réunissait encore 75% des intentions de vote il y a moins de deux ans,
ce qui correspondait grosso modo aux résultats des élections. Certes, la plupart du temps, aucun des deux partis ne parvenait à obtenir une majorité absolue seul au Cortes, mais celui qui était arrivé en tête pouvait s’entendre avec un des petits partis du parlement, le plus souvent des partis régionalistes (catalans ou basques), qui fournissaient alors les voix nécessaires pour avoir une majorité stable pour le pays.
Résultat,
deux partis politiques ont fortement progressé. Tout d’abord, la Gauche Unie, l’équivalent du Front de Gauche, a vu ses intentions de vote s’envoler de 7 à 17%, à quelques points du PSOE. Et un autre parti, l’Union pour le Progrès et la Démocratie (UPD), classé au centre, est passé de 4,7 à 12-13%.
Ce parti s’est lancé en 2007, où il avait réuni 1,2%, ce qui montre qu’un parti modéré peut émerger. Du coup, la question qui se pose aujourd’hui, c’est de savoir quelles alliances permettront de former une majorité durable à l’issue de la prochaine élection législative, dans deux ans.
Une remise en cause importante
L’autre grand gagnant de la crise économique est le cousin du FG, La Gauche Unie, qui s’oppose
aux politiques d’austérité et de régression sociale menées par le PSOE puis le PP. Du coup, la prochaine équipe au pouvoir devrait mener des politiques qui vont boulverser le pays. Soit l’UPD intègre une coalition qui reviendra radicalement sur la décentralisation (ce qui pourrait être a priori fait plus facilement avec le PP, plus centralisateur que le PSOE), soit une coalition de toutes les gauches pourrait remettre en cause les politiques d’austérité menées jusqu’à présent.
Ce qui est intéressant ici, c’est de voir qu’en Espagne, comme partout ailleurs en Europe (si ce n’est en Allemagne), la crise favorise une remise en question profonde de la part des citoyens. Les grands partis traditionnels qui nous ont mené à la crise et n’ont pas su en sortir, sont concurrencés par de nouveaux partis. La plupart du temps (
UKIP en Grande-Bretagne,
le M5S en Italie ou Syriza en Grèce), ce sont des partis non extrémistes qui tirent leur épingle du jeu. La crise ne pousse les extrêmes qu’en Grèce (Aube Dorée)
et en France (FN), mais pour combient de temps ?
La grave crise économique que nous traversons amène des boulversements politiques dans tous les pays du continent. Nous nous approchons du moment où cela aura une traduction concrète et ce qui apparaît aujourd’hui, c’est que les peuples veulent une alternative modérée et non extrémiste.