L’Etat de sièges
Du trône au strapontin, en passant par la chaise percée, la République est une grande pourvoyeuse en sièges.
Casserole musicale
André Santini, du Nouveau centre, fut naguère secrétaire d’Etat de la Fonction publique avant d’être diplomatiquement remercié lors d’un remaniement ministériel " technique" en juin 2008. Il était à l’époque - hasard du calendrier - soupçonné de "détournement de fonds publics, de faux et de prise illégale d’intérêt" dans l’affaire de la fondation Hamon.
"En 2000, le Conseil général des Hauts de Seine présidé par Charles Pasqua et la ville d’Issy-les-Moulineaux, dirigée par Santini, avaient créé un syndicat mixte dont l’objet était de recevoir près de 200 oeuvres d’art contemporain de la part de Jean Hamon. En échange, le syndicat mixte s’engageait à stocker et à entretenir les oeuvres dans la propriété du donateur, en lui payant un loyer, le temps de construire un musée sur l’île Saint-Germain.
Le musée n’a jamais vu le jour, car le permis de construire a été suspendu puis annulé par la justice, après le recours d’une association écologiste.
Mais en juillet 2003, l’affaire avait pris un autre tour lorsque le comptable de Jean Hamon s’était rendu à la police pour dénoncer des détournements de fonds publics entre le syndicat mixte et son patron. Une information judiciaire avait été ouverte en août 2003. " AFP
Issy-les-Moulineaux : affaire Hamon... ou Santini. Par Gilles Gaetner, L’Express 23 avril 2008,
Santini, récupéra vite son poste de député confié un temps à Frédéric Lefebvre. Le porte-flingue de l’UMP se trouva pour ainsi dire à la rue. La rumeur de sa nomination au poste de secrétaire d’Etat à la communication, comme lot de consolation, pour s’occuper de prérogatives placées dans les mains du ministère de la Culture, s’avéra n’être qu’une rumeur frisant ici la calomnie.
Histoire d’eau
La gestion publique de l’eau est partout une réussite, que ce soit en France ou en Europe. Son coût est moindre qu’entre les mains des sociétés multinationales qui ont des comptes à rendre principalement à leurs actionnaires. Ces sociétés se sont accaparées un juteux fonds de commerce qu’elles n’entendent évidemment pas lâcher.
En Ile-de-France le contrat qui octroyait la quasi totalité de la distribution d’eau à VEOLIA arrivait à échéance fin 2010. Le directeur général de Suez Environnement, Jean-Louis Chaussade, par l’odeur alléché, avait sauté sur l’occasion pour demander par écrit aux communes membres du syndicat des eaux d’Ile-de-France (SEDIF) sa " division en lots " afin de permettre une " réelle mise en concurrence " » entre le distributeur sortant et les autres entreprises candidates. Le contrat étant d’un montant de 371 millions d’euros par an, Véolia n’avait pas du tout apprécié les joies de la "loi" du marché.
Le SEDIF, le plus important syndicat des eaux français affermé à Veolia, assure à lui seul 50% des bénéfices français de la Générale des eaux. Son président, depuis 24 ans, n’est autre qu’André Santini, également président depuis 2005 du Comité de bassin Seine-Normandie.
Le coût de l’eau en Ile-de-France, avait été jugé beaucoup trop élevé l’association de consommateurs UFC-Que Choisir qui avait dénoncé des " surfacturations " de 85 à 90 millions d’euros sur un contrat annuel de 350 millions. Coût dont était en partie responsable le Président du SEDIF.
Quant à la Chambre régionale des comptes, elle dénonçait, le 30 mars 2010, une ’’importante lacune affectant les comptes’’ établis par Veolia, qui ne comportaient ’’ni comptes de bilan, ni comptes de stocks, ni comptes de tiers’’. ’’De ce fait, l’établissement d’un compte consolidé, seul à même de donner une image fidèle du résultat de la gestion, du patrimoine et de la situation financière du service public (...) est, pour l’instant, un objectif hors d’atteinte’’.
Et le rapport d’ajouter : ’’L’utilisation d’une comptabilité tronquée, réduite aux seuls comptes de charges (classe 6, partiellement) et de produits (classe 7), outre qu’elle rend nécessaire la création de subterfuges comptables pour en pallier certains des inconvénients, constitue une entorse aux principes de base en matière de comptabilité’’ (...)
Et le rapport de préciser que" les lacunes de la comptabilité de la régie sont donc patentes sur des points assez substantiels pour qu’il ne soit pas possible d’estimer que les comptes du régisseur donnent une fidèle du résultat de la gestion, du patrimoine et de la situation financière de la régie".
Rien que du bonheur dans la délégation de service publique puisque, le 24 juin 2010, le SEDIF renouvelait sa confiance à VEOLIA pour 12 ans, et ce grâce à la gauche (PS - PC pour l’essentiel) qui, en prônant une abstention courageuse, aura permis à la droite de sortir largement gagnante.
La perspective d’un grand service public de l’eau à l’échelle de toute la région qui garantirait à tous les usagers la même qualité et les mêmes tarifs qu’à Paris n’est plus qu’un souvenir. Aujourd’hui le tarif de l’eau est 2,93 €/m3 à Paris - gestion publique - alors qu’il peut aller jusqu’à 5,92 €/m3 dans les communes du SEDIF. Même "Les audits officiels du SEDIF ont reconnu qu’il était possible de réaliser 40 à 45 millions d’euros d’économies chaque année. Ce sont des sommes énormes".
Paris en ligne ( de mire )
Pour André Santini, un tel parcours-santé, digne d’un hercule, ne pouvait qu’aboutir à sa nomination prestigieuse à la tête du " Grand Paris ", machinerie Sarkolâtre destinée à damer le pion à la Gauche majoritaire en Ile-de-France et qui résume plutôt bien un des aspects de la politique gouvernementale :
"La loi relative au "Grand Paris " a été promulguée le 5 juin. La question fondamentale des transports publics se résume à des liaisons entre les aéroports parisiens et les " centres d’affaires ". L’obsession semble être de faire de ce " grand Paris " une place financière, quitte à accroitre les inégalités économiques et résidentielles (a fortiori entre les communes desservies et les autres)." (CGT- FO)
Le boute-en-train qui fêtera ses 70 ans en octobre, a donc bénéficié d’une amicale dérogation à la limite d’âge de 65 ans pour être nommé à ce poste en remplacement de Christian Blanc. Cet autre fumeur, viré pour en avoir mis un peu trop dans les cigares, a par ailleurs été sommé par les inspecteurs du fisc de répondre à une série de questions avant le 30 juillet : ses déclarations fiscales soulevant de nombreuses interrogations...
Lefebvre utile
Comme le code électoral interdit le cumul d’un mandat de parlementaire et d’une nomination à un conseil de surveillance d’un établissement public - du moins pour l’instant -, Frédéric Lefebvre a toutes ses chances pour devenir calife à la place du calife titulaire-démissionnaire. Bien sûr, cette fois, il lui faudra passer par les urnes, opération toujours plus délicate qu’une nomination directe.
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