L’homme du 16ème siècle a tout inventé !
L'homme moderne, ce n'est pas l'homme du XXIème siècle, collé à son téléphone portable, cramponné à sa zapette et gavé de télévision et de publicité, ce sur-consommateur avachi. Non, c'est l'homme du XVième siècle, l'homme curieux et l'esthète de la Renaissance. De grands noms l'attestent : Montaigne, Erasme, Thomas More, La Boétie. Pour ne citer que ces quatre-là. Mais laissons-les parler plutôt !
Erasme (1469 – 1536) a dédié son célèbre « Eloge de la folie » (1509) à son ami Thomas More. Il y prône le retour à une éthique chrétienne plus simple, ne craignant pas de se mettre à dos à la fois les catholiques et les réformateurs en ne prenant pas parti, un centriste avant l'heure en somme. Ce fils de prêtre et ancien prêtre lui-même, gardera jusqu'au bout sa foi catholique mais il aura combattu contre l’ignorance et la superstition au nom de ses convictions d’humaniste qu'il plaçait au-dessus. Par ce morceau de virtuosité mêlé de délire, Érasme fait parler la déesse de la Folie et lui prête une critique virulente des diverses professions et catégories sociales. La Folie fait son propre éloge, mais un éloge transformé par Érasme en une véritable satire. Il vise juste ! (la vidéo ci-dessous comprend de savoureux extraits lus et illustrés).
Montaigne (1533 - 1592) est, avant Descartes, le fondateur de l'introspection. Son unique ambition est de faire son propre portrait : « Je n’ai d’autre objet que de me peindre moi-même » Mais il dépeint principalement ses pensées, il veut voir plus clair en lui-même, dans ce qu’il appelle son « arrière-boutique ». L’amitié de Montaigne et de La Boétie est restée célèbre. Montaigne a écrit dans dans l’édition posthume de ses Essais : « Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer. Parce que c’était lui , parce que c’était moi ».
La Boétie surprend son siècle avec « Le Discours de la servitude volontaire » (ou le « Contr'un »), un court réquisitoire dressé contre la tyrannie, éruditi et profond écrit par un jeune homme d'à peine 18 ans. Il surpend encore aujourd'hui par l'actualité et l'acuité de son propos. La question qu’il se pose, touche à l'essence même de la politique : « pourquoi obéit-on ? ». Un homme ne peut asservir un peuple si ce peuple ne s’asservit pas d’abord lui-même. Montaigne cherche à en connaître l'auteur : de sa rencontre avec La Boétie, naît alors une amitié qui va durer jusqu'à la mort de ce dernier. Ecoutez ce qu'il dit dans la vidéo ci-dessous et vous serez stupéfait de la modernité de son réquisitoire intraitable !
Le dernier des auteurs étudiés ici n'est pas le plus sympathique. Il s'agit de Machiavel (1469 - 1527). Il écrivit "Le Prince". Il donna son nom au machiavélisme qui a encore cours aujourd'hui et même peut-être plus que jamais de par le monde, par des voies hypocrites... Machiavel pose d'emblée qu'il n'y a pas de pouvoir vertueux s'il n'y a pas de pouvoir effectif. Aussi la question fondamentale posée par « Le Prince » n'est pas « comment bien user du pouvoir selon les vertus morales et chrétiennes ? » mais « comment obtenir le pouvoir et le conserver ? ». Les extraits de chapitres lus dans la vidéo ci-dessous sont très représentatifs de sa pensée qui ne prend aucun détour.
Je dis après tout cela que l'homme moderne est l'homme du XVIème siècle ? Et vous, qu'en dites-vous ?
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