L’humour Hollandais

On connaissait l’humour belge, pratiqué par les Wallons, au détriment des Flamands, l’humour suisse lorsque les Suisses Romands se moquent des Suisses Allemands, mais qui connait l’humour Hollandais ?
Mais il ne s’agit pas de l’humour de ce pays où l’on plante des tulipes, et ou l’on fume de l’herbe, il s’agit d’évoquer celui qu’aime pratiquer le récent candidat à la course présidentielle, François Hollande. lien
En politique, à part quelques rares cas, l’humour se fait généralement au détriment des hommes politiques, et il arrive plus souvent que ceux-ci en fassent involontairement.
Ce qui n’était pas le cas d’un grand Ancien, Georges Clemenceau, dont le parcours politique est émaillé de très belles saillies en politique. lien
N’est-ce pas lui qui disait : « un traitre est un homme politique qui quitte son parti pour s’inscrire a un autre. Par contre, un converti est un homme politique qui quitte son parti pour s’inscrire au votre ».
L’humour dont il faisait preuve a même donné naissance à un livre : « tout l’humour de Clémenceau » (Guy Breton, élection Grancher-1995)
Daniel Mayer, dans son livre « l’humour en politique » fait un passionnant tour de la question. lien
Edgard Faure, girouette notoire, pratiquait un humour plus noir : « chez moi, quand on tue le cochon, tout le monde rit…sauf le cochon ».
Pourtant, tout le monde n’est pas d’accord de voir l’humour manié par ceux qui briguent nos suffrages, tel Jospin, le célèbre « austère qui se marre » qui déclare qu’il ne faut pas abuser de l’humour en politique, (on peut lui faire confiance) ou Jean-Marc Lech, président d’Ipsos qui déclare : « l’humour est antagoniste avec le métier de politique car il suppose de ne pas se prendre au sérieux. La question pour un homme politique n’est pas d’être drôle ou sympa, mais d’avoir des résultats. L’humour pour « relégitimer » la politique, c’est pathétique ». lien
On l’aura compris, cet homme ne doit pas rigoler tous les jours.
D’ailleurs ses analyses sont contestables : en 1995, c’est lui qui avait prédit un duel Chirac Balladur…et l’élection de Jospin en 2002. lien
Preuve que son analyse est sujette à caution, Coluche, qui faisait de l’humour sa profession, aurait fait vraisemblablement un bon score s’il avait maintenu sa candidature. lien
Il faut aussi noter à l’occasion l’élection de Jon Gnarr, authentique humoriste professionnel, lequel à obtenu récemment la première place à la tête de son pays. lien
Comment ne pas aussi évoquer Raffarin et ses « raffarinades », digne héritier de La Palisse, célèbre pour ses déclarations d’une logique incontestable.
En voici quelques unes : « les jeunes sont destinés à devenir des adultes » ou bien « les veuves vivent plus longtemps que leurs conjoints ». lien
Par contre, pour André Santini, la question ne se pose pas. Pour lui « l’humour est une façon d’exister et d’être populaire », ce qui lui a permis de gagner à plusieurs reprises le prix de l’humour politique.
Il ajoute « l’humour est une forme de révolte. C’est aussi un remède à la colère, à l’emportement ou à la déprime. Il humanise les rapports, facilite l’irrigation du cerveau, et décontracte les nerfs. »
Florilège : « Alain Juppé voulait un gouvernement ramassé, il n’est pas loin de l’avoir », ou, « Saint Louis rendait la justice sous un chêne, Pierre Arpaillange la rend comme un gland », ou enfin « le pape n’a rien compris au préservatif. La preuve : il le met à l’index ». vidéo
Mais revenons à notre « Hollandais ».
Depuis qu’il a fait une cure manifestement efficace, il a paradoxalement pris du poids dans le paysage politique, et avantage qu’il a sur les autres, il ne manque pas d’humour, car à tout prendre, de Le Pen, à Aubry, en passant par DSK, ou Sarko, lorsque ces derniers prêtent à sourire, c’est souvent malgré eux.
A Sarkozy qui déclarait « j’ai la banane », il répondait « il a peut-être la banane, mais les français, ils ont la peau ». lien
Comment ne pas jubiler lorsqu’il se moque du « droit opposable au logement » en mettant le pouvoir et l’administration face à leurs responsabilités dans cette vidéo.
Extrait : « le droit opposable au logement, çà consiste pour une personne sans domicile fixe, par exemple à Neuilly, qui cherche un toit, un logement, et il en trouve pas ! application du droit opposable au logement : il va donc voir son avocat, très simple, son avocat l’oriente vers une commission, qui elle même saisit un tribunal et au bout de 5 ans, ce « sans domicile fixe » peut avoir …un logement social à Gennevilliers…pour le droit opposable à l’accueil en crèche, (ce que propose Nicolas Sarközi), vous êtes parent, vous avez un enfant en bas âge, vous vous adressez à votre commune : ah ! Y a pas de place en crèche, qu’à cela ne tienne, droit opposable à la crèche ! Vous allez voir votre avocat, qui saisit une commission, qui elle-même en appelle au tribunal, et au bout de 5 ans, quand votre enfant est à l’école, vous pouvez le remettre en crèche… »
Ou bien, à l’occasion d’un meeting récent à Toulon lorsqu’il cherche désespérément des candidats de l’UMP lors des cantonales 2011, ayant remarqué que le sigle UMP ne figurait sur aucune affiche, aucune profession de foi, aucun tract, tous les candidats de droite s’affichant « sans étiquette ». lien
Extrait : « nous avons un premier problème, nous n’avons pas de candidat de droite en face de nous, moi je parcours toute la France, dans un seul but, chercher un candidat de droite ».
Il est aussi très efficace dans le maniement du jeu de mot, comme lorsqu’il le fait au sujet de Nicolas Sarközi : « deux options sont ouvertes, une option minimaliste, un mini traité, une mini Europe, avec un mini candidat, mais pas la mini ambition, mais je ne veux citer personne… »
L’éditorialiste, David Abiker en fait récemment le sujet de sa chronique. lien
Pas de doutes, la campagne présidentielle 2012 risque, si le candidat Hollande est choisi, de nous faire passer de très bons moments.
Ses chances de gagner sont le contraire de sa ligne, elles ne sont pas minces, puisque même Bernadette Chirac le voit déjà à la tête de l’état. Vidéo.
Plus sérieusement, de nombreux politologues le donnent gagnant en 2012 pour 5 raisons : c’est un homme « libre » : ni premier secrétaire du PS, ni président du FMI, il a la stature d’un homme d’état, il a le profil d’un rassembleur, il avait cédé sa place à Ségolène, et a donc une revanche à prendre, s’il passe les primaires, tout lui est possible, y compris être performant dans un débat face à Sarközi, souvent dépourvu d'humour, et enfin, les français aiment qu’un candidat que tout le monde avait rangé dans un placard, renaissee de ses cendres, tout comme Chirac en 1995. lien
Et puis, Hollande à des soutiens de poids, d’André Vallini, à Jean-Marc Ayrault, en passant par Jean-Pierre Jouyet. lien
D’ailleurs, le tee-shirt est déjà prêt, avec un slogan qui claque comme une promesse : « la France aux François »
Çà n’arrêtera peut être pas la crise monétaire, mais çà n’empêchera pas de très belles crises…de fou rire, et par ces temps moroses, ce serait dommage de s’en priver, car comme dit mon vieil ami africain :
« Mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton ».
L’image illustrant l’article provient de « agoravox.fr »
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