L’immigration - Lettre ouverte à une radio nationale
Lorsque, le mercredi 14 mars dernier, j'ai appris qu'une radio nationale consacrait son émission de début de soirée au thème de l'immigration, et qu'elle appelait ses auditeurs à s'exprimer, j'ai eu envie d'écouter les arguments des uns et des autres, ainsi que ceux des deux invités politiques.
Quelle ne fut pas ma surprise de constater que TOUS les auditeurs qui passaient à l'antenne étaient favorables à l'immigration !
Bien que les deux invités aient été de "bords" différents, l'une de gauche et l'autre de droite, il m'a semblé que le débat était forcément faussé par cette apparente unanimité du peuple français, qui ne correspond pas à ce que j'entends autour de moi.
J'ai donc écrit une LETTRE OUVERTE à la radio en question afin de lui donner les arguments des auditeurs qui, comme moi, pensent que l'immigration n'est pas (ou n'est plus) une chance pour la France.
En voici le texte ci-dessous.
Je vous exprime ma surprise devant le manque d'objectivité de votre émission en objet, dont ladite émission n'est pourtant pas coutumière. Ce manque d'objectivité est dû au fait que tous les auditeurs qui sont passés à l'antenne se disaient favorables à l'immigration.
Dès lors, le ton était donné : L'immigration est, forcément et sans contestation possible, une chance pour la France.
Néanmoins, j'ai envie de croire que les appels des auditeurs ayant une opinion contraire n'ont pas abouti (c'est mon cas) et non pas qu'ils ont été censurés par votre radio.
Je vous expose donc ci-dessous mes arguments et mes remarques afin de faire de votre émission, malheureusement a posteriori, le débat contradictoire qu'elle aurait dû être ce soir-là.
1/ Le travail est, pour 99% des habitants de la planète, un besoin vital puisqu'il constitue leur seule ressource. Or, ce besoin vital est soumis aux lois du marché (le « marché du travail »), c'est-à-dire à la loi de l'offre et de la demande, heureusement adoucie, dans notre pays, par le Code du travail.
Peut-on croire, honnêtement, que, lorsque le taux de chômage atteint 10% (officiellement), cette abondance de demandes d'emplois ne fait pas baisser les prix du travail, c'est-à-dire les salaires ?
Dans ces conditions, une immigration massive ne peut que :
-Contribuer à cette baisse des salaires en augmentant encore cette demande déjà surabondante
Ou
-Augmenter le nombre des chômeurs, ce qui produit le même effet sur les salaires et accroît le déséquilibre des comptes sociaux
Ou
-Augmenter la délinquance lorsque les immigrés ne trouvent leur place ni sur le marché du travail ni parmi les demandeurs d'emploi.
2/ Les immigrés effectuent, nous dit-on, des travaux que les Français refusent de faire. Que sous-entend cette assertion ?
Les Français sont-ils fainéants alors que les immigrés ne le sont pas ?
Ou, plus vraisemblablement, les salaires bas, la pénibilité du travail et le manque de considération que subissent ces métiers en détournent-ils les Français ? Dans ce cas, la surabondance de la demande de travail renforce le peu d'attrait de ces métiers... Et on en revient au point 1 de mon propos.
3/ Le logement est un autre besoin vital, lui aussi soumis aux lois du marché (le « marché de l'immobilier »). La pénurie de logements augmente mécaniquement les prix de ceux-ci, en clair les loyers et les prix d'acquisition des appartements.
Comme sur tous les marchés, l'augmentation de la demande contribue à l'augmentation des prix, surtout sur un marché déjà saturé par la pénurie, et l'afflux d'immigrés ne peut qu'augmenter encore cette demande.
4/ Je m'étonne que personne n'ait pointé un aspect particulièrement pervers de l'immigration. Celle-ci est une émigration pour les pays dont les immigrés sont originaires.
La France est souvent accusée d'avoir pillé les ressources matérielles des pays pauvres. Ce pillage est maintenant bien « rodé » et fonctionne à merveille pour le plus grand bénéfice de quelques multinationales et familles déjà fortunées.
Devons-nous, de surcroît, piller ces pays pauvres de leurs ressources en hommes ? Devons-nous les priver de l'énergie et des compétences de leurs jeunes ? N'est-ce pas une autre forme de colonialisme ?
Où sont l'éthique et l'humanisme dans ces pratiques ?
5/ « L'immigration », c'est d'abord et avant tout des êtres humains qui sont contraints de s'exiler. Ils arrivent dans un pays, le nôtre, déjà dévasté par la baisse du pouvoir d'achat, la précarisation des emplois, le chômage et la pénurie de logements. Ils s'installent dans les lieux où vit et travaille la partie de la population française la plus fragilisée par ces maux.
Peut-on, honnêtement, espérer que cette population accueille à bras ouverts ces migrants avec qui on lui enjoint de partager la couverture toujours à la baisse de ses besoins vitaux ?
Peut-on, humainement, reprocher à cette population de ne pas vouloir le faire ?
Peut-on, humainement, continuer à faire venir ou à laisser venir chez nous ces femmes et ces hommes dans ces conditions ?
Là encore, où sont l'éthique et l'humanisme dans ces pratiques ?
6/ Au cours de votre émission, il a été fait état d'un rapport concluant que l'immigration serait « une chance pour la France ».
D'autres études aboutissent à la conclusion inverse.
Dans le premier cas, l'immigration est un colonialisme d'un nouveau genre, comme je l'ai dit plus haut.
Dans le second, ce colonialisme se double de la ruine lente de notre pays.
7/ Pour l'anecdote, je note également la non-réponse de la représentante du parti socialiste à la question du représentant du front national : « Prendriez-vous des immigrés chez vous ? ».
Il faut mettre au crédit de votre invitée socialiste son honnêteté intellectuelle qui l'a empêchée de dire « OUI » alors que manifestement elle pensait « NON ».
Non, elle ne veut pas d'immigrés chez elle. Je suppose même qu'elle n'en veut pas non plus dans le quartier où elle vit, dans les écoles que fréquentent ses enfants et dans les métiers qu'elle et ses proches pratiquent, en tous les cas pas dans les proportions qui sont imposées aux classes populaires.
Mais ce dont elle ne veut pas pour elle, elle entend l'imposer à la collectivité nationale, et en particulier à ses membres les plus démunis.
Voilà, en vérité, une conception bien étrange du socialisme et des idéaux humanistes.
8/ Je mets les choses au point. Les immigrés aggravent, bien malgré eux, certains des maux dont souffrent les Français les plus fragiles mais ils n'en sont pas à l'origine. Ces maux se nomment : chômage, précarité, pénurie de logements, diminution du pouvoir d'achat, démantèlement organisé des acquis sociaux, démission de l'Etat de son devoir de protection.
Par contre, il sera facile à ceux qui n'ont pas combattu ces maux, et surtout à ceux qui en bénéficient en termes d'enrichissement personnel, de désigner si besoin est les immigrés comme boucs émissaires, ou de les laisser subir ce rôle.
Ce sera d'autant plus facile que ces immigrés vivent au contact quotidien de la population qui subit ces maux et que les « élites » susdites sont (ou se croient) inaccessibles à cette population.
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