L’importance des petits candidats au 1er tour de la présidentielle
De nombreux responsables politiques pestent contre la multiplication des "petits candidats" aux élections présidentielles. Pourtant, cette multitude de candidats prouvent l'amour de la politique et des français pour l'élection présidentielle, et in fine, pour le modèle de la Vème République. Plaidoyer pour défendre les candidatures de premier tour, d'où qu'elles viennent !
Tous ceux qui veulent aujourd'hui empêcher les candidats de se présenter pour porter leurs idées au 1er tour et se rallier "aux gros" au second tour dévoyent en quelque sorte l'esprit de la Vème République voulue par le Général De Gaulle. Souvent sous prétexte d'éviter un 21 avril (à l'endroit ou à l'envers), ils encouragent les Jean-Louis Borloo, Eva Joly et autre Christine Boutin à rejoindre le camp majoritaire, un peu comme pour imiter le duel bipartiste américain ou seuls les démocrates et les républicains s'affrontent (ce qui est d'ailleurs faux, car il existe aussi des petits candidats - encore plus petits qu'en France - aux Etats-Unis).
Dans tous les cas, ces hommes politiques ne pensent qu'à leurs intérêts (faire le plus gros score possible dès le premier tour) mais oublie que l'élection présidentielle, c'est la rencontre entre un homme ou une femme et un peuple.
Finalement on a un peu l'impression que l'élection présidentielle à deux candidats, c'est l'espoir des élites de maitriser enfin tout ce qui ne relève pas de la pensée unique et d'établir un monopole de candidature.
Pour ce faire, certains, comme Jean-Michel Apathie, voudrait augmenter la barre des 500 signatures. Ces gens-là oublient qu'on ne censure pas la démocratie, ou qu'en tout cas, on le fait que par le pouvoir (et la sanction) des urnes. Jean-Michel Apathie oublie aussi que Jean-Marie Le Pen n'a jamais eu plus de 600 parrainages : doit-on nous passer d'une candidature FN ? Ce serait un non sens politique qui victimiserait le parti de l'extrême droite et ne le ferait que remonter. On combat les idées des uns et des autres par les débats et les urnes, pas par la loi.
Dans l'histoire de la Vème République, on a d'ailleurs vu de nombreux petits candidats devenir grands, Le Pen le premier d'ailleurs (de 0,62 % en 1974 à 14,39 % en 1988). Michel Rocard fut un candidat de 1er tour, comme Michel Debré (ce qu'a oublié son fils Bernard, qui milite aussi pour une diminution du nombre de candidats aux présidentielles).
Veut-on vraiment que notre vie politique soit limitée à deux grands partis, auxquels s'ajouteront un parti centriste en temps de croissance et/ou un parti extrême en temps de crise ? Ce serait un véritable appauvrissement de la vie politique que de ne pas pouvoir répondre à Olivier Besancenot qui prône l'interdiction des licenciements ou de ne pas réentendre les idées de Christine Boutin sur l'uniforme à l'école et ses solutions pour lutter contre le mal-logement, des idées malheureusement absentes chez "les grands candidats".
De plus, comment décider de faire taire tel candidat ou tel autre candidat ? Un an avant une campagne, les sondages se trompent toujours ou presque. Ségolène Royal devait gagner, Jospin devait être au second tour et Edouard Balladur gagnait... mais en fait non !
En fait, tous ceux qui crient aujourd'hui "union, union, union" sont aussi ceux qui ont voté pour le quinquennat qui a probablement affaibli la fonction présidentielle, aujourd'hui de tout faire vite et de privilégier le court terme au long terme, la réélection en tête. Course permanente au buzz, rythme des élections trop fréquent...
Il faut revenir à ce qu'était l'esprit de la Vème république : le premier tour est fait pour échapper aux sondages qui imposeraient une campagne toute faite et peut être faut il donner du crédit à l'idée d'un des petits candidats, Christine Boutin, qui propose un septennat non renouvelable pour redonner de la hauteur à la politique.
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