L’injonction du jour : « présomption d’innocence »

A l’heure où Pierre Moscovici présentait son dernier livre et faisait la promotion de son champion pour la prochaine présidentielle devant les caméras de Laurent Ruquier dans « on n’est pas couché », à l’heure où Martine Aubry savourait le champagne de la victoire du LOSC en finale de Coupe de France, à l’heure où la France terminait 15ème du concours de l’eurovision remporté pour la première fois par l’Azerbaïdjan, un homme s’enfuyait d’une suite du Sofitel de Manhattan pour s’engouffrer dans un avion en oubliant son portable. C’est ainsi que l’on peut résumer les faits que nous livre le New York Times quand chez nous sonne l’angélus matinal.
Il n’y aurait rien de bien original si l’homme en question n’était autre que DSK, le Directeur du FMI et le candidat potentiel du PS à la prochaine élection présidentielle.
La plus extrême prudence est de mise quant au reste des informations et des accusations qui sont portées. Certains mêmes, ici, dans le pays qu’il ambitionnait de diriger, émettent l’idée d’une « machination », d’un piège tendu. On connaît l’extrême vigilance des américains à l’égard des faits reprochés et l’avocat de DSK déclare qu’il plaidera non coupable.
Pour autant, le buzz médiatique est considérable. Dans un week-end s’annonçant très calme, les moteurs de recherche qui ont ouvert sur quelques 200 articles à l’heure des matines, voient les compteurs atteindre les 3000 « papiers » à l’heure du nôtre … C’est bien, en effet, d’un véritable séisme politique dont il s’agit : cet épisode supplémentaire dans la vie du Directeur du FMI, lequel risque de perdre sa place s'il est reconnu coupable, modifie considérablement la donne à moins d'un an de l'élection présidentielle. En interne, au sein du FMI, on n'hésite pas à qualifier de "désastre" l'affaire qui vient d'éclater : "C'est une terrible nouvelle, à un moment où le leadership du FMI doit donner une impression de stabilité, de sagesse et de confiance"
Martine Aubry ne s’y trompe pas non plus, "C'est un coup de tonnerre" […]"J'en appelle à chacun à attendre la réalité des faits et à respecter la présomption d'innocence, à tous à garder la décence nécessaire" ajoutant, en forme d'épitaphe : " Je voudrais surtout dire aux Français que quelles que soient les circonstances et les aléas, hier comme aujourd'hui, nous sommes là, les socialistes, pour les entendre, pour les comprendre, pour apporter des réponses à leurs problèmes et aux problèmes de notre pays, et aussi pour les servir".
Quelles que soient les conclusions de l’enquête, il semble difficile pour Dominique Strauss-Kahn d’être candidat à la primaire. Car maintenant qu’il a été inculpé, il faudra probablement attendre plusieurs semaines d’enquête avant de savoir quelles seront les charges finalement retenues ou non contre lui. De trop longues semaines pour qu’il puisse concourir à la primaire pour laquelle les dépôts de candidatures débutent dès le 28 juin prochain… En l’attente des résultats de l’enquête c’est cet aspect des choses qui doit être pour l’instant retenu. DSK dans les prochaines heures devra s'organiser très vite pour assurer sa défense. Enfin s'il s'agissait, comme certains le laissent entendre, d'une "machination", le coup de tonnerre n'en serait que plus énorme et il conviendrait alors de connaître les "commenditaires" d'une telle manoeuvre improbable.
Quant à la "présomption d'innocence", elle est d'autant plus nécessaire que les enjeux politiques sont importants. Ce n'est pas Eric Woerth qui dirait le contraire, même s'il en a très peu bénéficié ... Cette présomption tant réclamée serai-elle à géométrie variable ?
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