L’un promet, l’autre agit
Depuis 2 ans, il y a en France un président qui est dans l’incantation, voire dans la prophétie illusoire qui serait auto-réalisatrice, et de l’autre coté des Alpes, un nouveau venu, préfère passer aux actes que de faire des moulinets avec ses bras, ou renier des promesses…

Alors qu’en France nous sommes empêtrés avec un Sénat poussiéreux, souvent le refuge de vieux politiques en mal de recasement, qui vont y finir leur carrière, et qui coute bon an mal an au pays 1,1 million annuel par sénateur, (lien) de l’autre coté de notre frontière, le nouveau dirigeant a fait d’une pierre deux coups.
D’une part il va transformer le Sénat en chambre des régions, mettant fin au bicamérisme qui allongeait indéfiniment l’adoption d’un projet de loi, et d’autre part, il a réduit le budget des 2 chambres de 55 millions.
Alors qu’en France, pour alimenter la fable du président normal, celui-ci arborait son billet de train dès les premiers jours de son mandat, (lien) chez nos voisins transalpins, le parc automobile du gouvernement va passer de 1100 véhicules à 80, faisant ainsi le bonheur des ebayeurs qui ont pu faire de bonnes affaires en achetant les puissantes berlines mises en vente. lien
5 véhicules par ministère, et pas une de plus…et aucune pour les secrétaires d’état…voila la décision qu’a pris le nouveau chef du gouvernement Italien.
En France, outres les avantages des élus actuels, les anciens élus continuent de bénéficier de véhicules de fonction et de garde du corps, malgré la misère qui touche beaucoup de citoyens. lien
L’austérité n’est donc pas la même des deux cotés de la frontière. lien
Alors que l’élu français du 6 mai 2012 avait menacé le « monde de la finance », un certain Mattéo, dans le pays duquel la corruption atteint 60 milliards annuels, met en place tous les mécanismes pour la traquer à tous les niveaux, commençant par s’éloigner de celui qui le considérait comme son « poulain », un certain Berlusconi.
Il a annoncé la création d’une autorité contre la corruption avec à sa tête le magistrat Raffaele Cantone. lien
En France, l’affaire Cahuzac a démontré la mollesse qu’avait le gouvernement à régler rapidement un scandale financier.
Dans le monde italien du travail, il faut noter la garantie de l’emploi aux femmes enceintes, la création d’un fond de 1,7 milliards d’euros dédié aux jeunes de 18 à 29 ans, qui permettra soit de financer leurs études, soit d’aider à la recherche d’un travail pendant les 4 mois qui suivront l’obtention du diplôme ; quand au crédit d’impôt il sera doublé afin de permettre la création de 100 000 emplois dans la recherche. lien
En 20 petites minutes, Matteo Renzi a provoqué le limogeage de son prédécesseur, qui était pourtant de sa famille politique.
Dans la foulée, il a donné 2 mois aux communes pour lui expliquer comment ils vont faire pour économiser 700 millions, et sans réponses dans ce délai, des coupes drastiques seront effectuées.
Alors que François Hollande évoquait, scandalisé, l’insupportable différence entre les bas et les hauts salaires, les salaires des grands patrons français atteignaient en 2013 de jolis sommets, avec, entre autres, 4,8 millions d’euros de rémunération annuelle pour Maurice Levy, le patron de Publicis (lien), le nouveau premier ministre Italien a limité à 240 000 euros annuels celui des grands commis de l’état, des hauts fonctionnaires, et de la haute magistrature, la diminuant ainsi de moitié.
Aux magistrats qui protestaient contre cette décision, qui affirment-ils, menacerait leur indépendance, Renzi répond amusé : « je ne vois pas ce qu’il y a de scandaleux à gagner 240 000 euros par an ».
En France, moins ambitieux, Hollande à « limité » le salaire des patrons des entreprises publiques à seulement 450 000 € annuels. lien
En Italie, Les 8000 sociétés d’économie mixte, refuges de politiciens recalés, et dont l’efficacité n’avait pas vraiment été prouvée vont voir leur chiffre diminué de 8 fois.
En France, le peu démocratique conseil constitutionnel, et toutes les commissions en cours, continuent bon an mal an à couter au pays une petite fortune alors que les plus pauvres des citoyens sont mis à contribution. lien
Les coupes budgétaires décidées en Italie sont dans une fourchette de 5 à 7 milliards d’euros.
Alors qu’en France, ce n’est que du bout des lèvres qu’on a finalement reconnu les drames engendrés par la colonisation, annonçant pour la ixième fois la fin de la France-Afrique, démentie dans la réalité par les interventions au Mali, en Cote d’Ivoire, et ailleurs, Mattéo Renzi a ouvert le douloureux dossier concernant les attentats qui ont ensanglanté l’Italie des « années de plomb », levant le secret défense, ce qui pourrait bien mettre en évidence l’implication des services de l’état. lien
Pour Beppe Grillo, il s’agit d’un « bluff médiatique », puisqu’il affirme que ce qui sera rendu public l’était déjà depuis des années.
Notre président normal avait promis de diminuer les impôts et a fait exactement le contraire, (lien) pendant que de l’autre coté des Alpes, la baisse des impôts permettra à 10 millions de salariés gagnant moins de 1850 € par mois de recevoir 80 € chacun, grâce à cet allégement fiscal.
Pour le financer, Matteo Renzi utilise différents leviers : réévaluation des parts de la Banque d’Italie détenues par les banques privées, taxation des plus values boursières, lutte contre l’évasion fiscale, et diète pour les dépenses publiques.
La baisse des taux d’intérêt sur les titres souverains devrait permettre d’économiser 3 milliards d’euros, les coupes dans les dépenses publiques économiseraient 6,4 milliards d’euros ce qui devrait permettre de financer le cadeau fait aux plus modestes des italiens. lien
Comme l’affirme le nouveau leader transalpin, « pour nous, il est évident que mettre dans les poches des italiens 1000 euros nets en plus sur une année aidera à la consommation. C’est une mesure d’attention, d’équité, une mesure de portée historique ».
Alors qu’en France, pour démontrer l’égalité entre femmes et hommes, on impose sur les listes électorales autant d’hommes que de femmes, passant sous silence que ces dernières sont le plus souvent en fin de liste, non éligibles donc, le nouveau chef du gouvernement italien dénonçant le machisme ambiant, met des femmes à la tête des grandes entreprises publiques : Eni, le groupe pétrolier, Enel, l’électricien, et la Poste en sont la preuve. lien
En France, La Poste est dirigée par un homme, (lien), EDF est dirigée par un homme et l’on n’y trouve qu’une femme sur les 6 administrateurs nommés par l’état (lien), quand au groupe Total il a aussi à sa tête un homme. lien
Au niveau énergie, l’Italie a depuis longtemps, par référendum d’initiative populaire tourné la page nucléaire, défiant la volonté berlusconienne (lien) alors qu’en France, il faut encore se battre pour faire fermer les vieilles centrales nucléaires dangereuses, et que le gouvernement joue une partie pour le moins ambiguë, puisqu’il se fait le promoteur de cette énergie aux 4 coins du monde. lien
Ajoutons pour faire bon poids que l’exécutif italien s’engage à financer la construction de logements sociaux à hauteur de 1,7 milliards.
Bien évidemment, la partie est loin d’être gagnée chez nos voisins italiens, d’autant que l’Europe voit d’un mauvais œil cet évident refus italien d’appliquer l’austérité, et de laisser filer les déficits même si Angela Merkel trouve « étonnant » le nouveau leader italien, en se déclarant « très impressionnée ». lien
Rappelons qu’en France, Hollande candidat, avait menacé de renégocier le traité européen…avant d’y renoncer une fois élu. lien
N’oublions pourtant pas Beppe Grillo, qui avec 28 % d’opinions favorables, et ses 160 parlementaires (lien) laissant loin derrière lui Berlusconi (18% d‘opinions favorables), continue de porter haut et fort le mouvement des 5 étoiles, se battant contre les grands projets inutiles, comme le Lyon Turin, ouvrant l’information avec comme projet l’internet gratuit pour les italiens, la mise en place d’incitation au télétravail, interdisant à tout actionnaire de posséder plus de 10% d’un média d’information, interdisant aux banques de devenir actionnaires des maisons d’édition, abolissant le cumul des charges électives pour les membres des ca d’entreprises cotées en Bourse, abolissant les stock option, refusant la flexibilité du travail, fixant un plafond pour le salaire des cadres, abolissant les grands monopoles…
Son programme complet est sur ce lien.
Il est d’ailleurs à noter que le nouveau chef du gouvernement italien à pioché sans complexe dans une partie de ce programme et il faut peut-être laisser du temps au temps pour voir jusqu’où ira Matteo Renzi, d’autant que l’opposition assure que « toutes ces mesures sont écrites sur le sable et non gravées dans le marbre ». lien
En attendant notre président français avec ses 13% d’opinions favorables (lien) a du se résoudre à ne pas s’exprimer à la télévision pour ses 2 ans de mandats, se contentant d’être l’invité de RMC (et de BFMTV) dans l’émission de Jean Jacques Bourdin, où il risque de passer un moment pas trop agréable. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « on ne se repent guère du silence, et on se repent maintes fois d’avoir parlé ».
L’image illustrant l’article vient de « informarexresistere.fr »
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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