La balle au centre
François Bayrou confirme qu’il était bien le “troisième homme” du premier, réunissant autour de 18,3% des suffrages exprimés. C’est donc probablement au centre que se jouera la campagne de l’entre-deux tours.
À l’issue du premier tour des élections présidentielles, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se présenteront au second tour, avec des scores respectivement estimés à 30,4% et 24,7% à l’heure où je rédige ce billet. François Bayrou confirme qu’il était bien le “troisième homme” de ce scrutin, réunissant autour de 18,3% des suffrages exprimés. Quant à Jean-Marie Le Pen, il subit un sérieux revers, et végèterait aux alentours de 11,3% des voix.
Comme l’avait fort justement estimé Olivier Duhamel vendredi dernier, “la surprise, c’est qu’il n’y a pas de surprise”. Ce qui ne veut pas dire, cependant, qu’il n’y a aucun enseignement à tirer de ce 22 avril 2007. J’en vois même principalement trois.
Le premier de ces enseignements, c’est que la leçon de 21 avril 2002 a semble-t-il été comprise par les électeurs. Le niveau de record de participation enregistré, avec une abstention s’élevant seulement à 15,2%, fait de ce scrutin le premier tour le plus mobilisateur de l’histoire de la Ve République. On ne peut que s’en féliciter.
Le deuxième enseignement, c’est que le score de Jean-Marie Le Pen est inversement proportionnel à la participation électorale. En 2002, alors que 28,4% des inscrits ne s’étaient pas déplacés, le Front national totalisait 16,86% des suffrages exprimés. Cette fois-ci, la forte baisse enregistrée par son score accompagne celle de l’abstention. En somme, moins on vote, plus on vote pour lui. Son score est-il cependant stable en nombre de voix ? On en saura plus avec les résultats définitifs.
Le score de François Bayrou porte à mon sens le troisième enseignement de cette soirée électorale. Car s’il ne permet pas au candidat de l’UDF d’être présent au second tour, il constitue la “réserve de voix” dans laquelle Nicolas Sarkozy comme Ségolène Royal devront puiser pour remporter cette élection. Le premier ne peut en effet compter sur un report conséquent venu d’une extrême droite donc il a probablement déjà extrait toute la moëlle. Le très faible score des communistes et des écologistes, même compensé par les ralliements trotskystes et altermondialistes, montre pour sa part que la seconde a dû “vampiriser” la “gauche de la gauche” pour survivre.
C’est donc probablement au centre que se jouera la campagne de l’entre-deux tours, qui commence demain matin et dont les deux candidats ont donné le coup d’envoi dans des discours étonnament similaires. Il n’est d’ailleurs pas innocent que Nicolas Sarkozy ait dépêché sur TF1 trois anciens UDF - Philippe Douste-Blazy, Simone Veil, et Jean-Louis Borloo -, tandis qu’aux côtés d’un Bernard Kouchner radieux, on retrouvait successivement un François Hollande très enclin à “l’ouverture” et un Laurent Fabius revenu à ses positions “historiques” au sein du PS.
Si la victoire est donc bien réelle pour François Bayrou, les difficultés subsistent, notamment quant à la réponse à apporter aux sollicitations qui ont déjà commencé à émaner des deux camps. Jean-Louis Borloo va continuer de “tendre la main” ; Bernard Kouchner d’appeler à “l’alliance”.
Pour créer le “parti démocrate et social” appelé de ses voeux par le président de l’UDF, l’idéal serait de ne donner aucune consigne de vote vers l’UMP et de refuser toute alliance “sèche” avec le PS. Mais comment y parvenir sans laisser filer ses 18,3% d’électeurs qui, eux, devront choisir entre gauche et droite le 6 mai ?
Plus que jamais, la balle est au centre.
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