La Banque de France dégraisse... Tant pis pour les endettés !
Au cours de l’année 2011, les commissions de surendettement des particuliers ont été saisies de 232 493 dossiers, soit une progression de 6,6 % par rapport à l’année 2010.
Cette augmentation, liée à la paupérisation accrue d'une partie de la population et à l'impossibilité pour beaucoup de familles de vivre devrait interpeller les pouvoir publics et les institutions comme la Banque de France.
Tous les acteurs professionnels et bénévoles qui interviennent en amont ou en aval d'un surendettement sont d'accord pour dire qu'il faudrait beaucoup plus de moyens pour :
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mener une action de prévention ;
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aider à l'élaboration des projets ;
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accompagner les familles.
La logique sociale et humaine est une chose, la logique comptable libérale, une autre...
La Banque de France va « dégraisser » !?
La Banque de France qui compte à peu près 6300 équivalents temps plein est en pleine restructuration.
En 2020, il n'y aura plus que 4600 ou même 4200 agents à la Banque de France, voire moins.
Le nombre d'unités territoriales va nettement diminuer et d'ici 2015, donc dès demain, 15 caisses vont être fermées.
Il s'agit de faire des économies substantielles et comme l'activité essentielle de nombreuses « succursales » consiste à travailler pour la commission de surendettement, ce sont aussi les familles en difficultés qui trinqueront.
Un dossier de surendettement c'est un coût moyen de 1000 €, c'est beaucoup trop, il faut tailler dans le vif, faire des gains de productivité.
Faire autant ou plus avec beaucoup moins d'employés.
Ce n'est pas la quadrature du cercle pour la direction de la Banque de France, il suffira de regrouper les unités en « centres de traitement partagés entreprises » et « centres de traitement partagé surendettement », on constituera ainsi des usines à dossiers avec la fin programmée du contact entre la famille qui dépose un dossier et son conseiller.
Pour aller encore plus loin, il faudra que les dossiers soient numérisés.
Autrement dit, très vite les déposants devront saisir les pièces sur ordinateur et les transmettre.
On croit rêver ?
Qui pourra effectuer une telle tâche ?
Certainement pas les familles démunies en grande difficulté qui ont déjà du mal à remplir les cases et à se retrouver dans les dates et taux indiqués sur les bordereaux des banques de crédits.
Certainement pas les assistantes sociales du département, surchargées elles adressent les familles aux bénévoles.
Il reste donc les bénévoles. !?
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Ils ne sont pas préparés à cela ;
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Ils interviennent souvent dans des lieux où ils ne disposent ni d'un téléphone, ni d'un ordinateur ;
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Il n'est pas question pour la plupart d'accepter de se substituer à des emplis existants ou à des emplois que l'on supprime.
De qui la Banque de France se moque-t-elle quand elle explique dans un communiqué que "les technologies actuelles permettent d'envisager d'autres relations avec [ses] interlocuteurs et d'autres organisations (télétransmission de dossiers, travail collaboratif à distance, etc.)". Se pose également le défi "territorial" car "la densité des tissus d'entreprises évolue, la géographie du surendettement change" ???
Comme me le disaient ce matin un bénévole : « Y en assez ! On se décarcasse, on aide les familles, on va même parfois plus loin en allant jusqu'à prendre de nouveaux rendez vous en dehors des permanences et les autres et là haut ils vont supprimer des postes de professionnels. »
Quant aux familles, elles sont inquiètes : « mon conseiller connaît bien le dossier, si ma situation est étudiée dans un centre externalisé, tout deviendra machine »
Jean-François Chalot
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