La cohabitation à la sauce hollandaise
La droite a remporté les municipales, mais n'a pas gagné la guerre ...

François Hollande est beaucoup plus rusé que certains le croient. En fait, c'est un fin stratège.
Au soir du second tour des municipales, il avait déjà tout prévu : un remaniement gouvernemental extrêmement rapide avec Manuel Valls comme premier ministre. Le nom de ce dernier circulait chez tous les médias et dans toutes les rédactions de presse comme aussi sur les plateaux de télévision.
Avec une telle habileté, le président de la République a pris tout le monde de court et a détourné vite les regards qui se portaient obligatoirement sur le désastre électoral socialiste.
Ainsi, on a oublié tout de suite les 170 villes perdues par la gauche et on s'est porté vers le ministre de l'Intérieur, l'homme providentiel pressenti pour remplacer Jean-Marc Ayrault, désormais montré du doigt.
Très rapidement les esprits ont changé. Manuel Valls qui jouit d'une certaine popularité va masquer immédiatement les nombreux déboires de François Hollande, et ce dernier conspué depuis longtemps par une majorité de français, est considéré soudain comme un homme sensé et respectable ayant clairement entendu le mécontentement populaire. Bonne stratégie de la part du chef de l'État qui a compris qu'avec Manuel Valls, il pouvait conquérir un certain électorat de droite séduit par les méthodes libérales du ministre de l'intérieur semblables à celles d'un certain Nicolas Sarkozy ... ancien président de la République.
Ainsi, aux yeux de certains, François Hollande a fait preuve de bon sens dans son choix politique, une position confortée par un grand nombre d'électeurs de droite et même par certaines personnalités de l'UMP comme Jean-Pierre Raffarin.
Dans les faits réels, nous vivons maintenant une sorte de cohabitation fabriquée de toutes pièces par le chef de l'État et jamais connue sous la Vème République : un gouvernement en grande partie social-démocrate avec un soupçon de gauche pure (Benoît Hamon par exemple) et un Premier ministre beaucoup plus à droite qu'à gauche, mais dans la capacité de ramener un certain nombre de « brebis égarées » et bien proches de l'UMP.
Voilà. Le tour est joué. L'opposition a été prise de court par François Hollande qui a su retourner une défaite électorale en un succès politique ou ... presque.
Sans qu'il y ait dissolution de l'Assemblée Nationale, on est entré désormais dans une période de cohabitation qui risque de durer jusqu'en 2017.
Si François Hollande n'est pas le meilleur de nos dirigeants, il est par contre un excellent « général » qui sait conduire ses troupes au-delà des difficultés et des batailles perdues.
Dans ces conditions, le Chef de l'État qui paraissait être plongé dans une débâcle politique sans précédent, renaît de ses cendres, et conserve ses chances d'être réélu aux prochaines présidentielles.
Quoi qu'il en soit, les esprits sont apaisés à l'heure actuelle, et il est fort possible que le Parti socialiste fasse un score très convenable aux prochaines élections européennes. Un résultat qui serait une bonne revanche après le couac des municipales.
Pierre Reynaud
Essayiste
http://www.la-revolution2014.fr/
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