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La droite de la gauche

François Hollande n'avait pas de projet. François Hollande n'a fait aucune promesse. François Hollande s'est fait élire sur l'antisarkozysme.

La critique peut être facile et caricaturale mais il commence à y avoir un passif depuis l'élection de Mai et à chaque défi qui s'impose force est de constater que le gouvernement n'est pas à la hauteur.

 

Honnêteté, voilà ce qui devrait motiver la pensée de ceux qui comme moi ont voté à gauche.

Ce qui choque dans la politique de Hollande c'est que loin d'être un changement de la politique de droite, elle n'en est que le prolongement.

Première accusation. Le traité budgétaire européen. Fervent pro-européen ça on le savait, ce n'était pas une surprise mais ce qui est une surprise c'est alors que pendant toute la campagne il nous a parlés d'une renégociation des traités européens. Il l'a finalement ratifié en quatre mois pour nous expliquer qu'il ne pouvait pas en si peu de temps changer ce que ses prédécesseurs n'ont pas pu faire en dix ans. On serre les dents et on va dire que c'est la faute à la realpolitik, aux Allemands, à Bruxelles.

Pardonnons-lui, il est socialiste.

Deuxième accusation. La politique budgétaire. Il faut réaliser 60 milliards d'économies ! Et pour ce faire accorder un crédit d'impôt aux entreprises de 20 milliards. Hein ? Puis augmenter la TVA. Hum... C'est marrant comme ça ressemble à la TVA sociale de Sarkozy. Effectivement le gouvernement a suivi les recommandations du rapport Gallois. En outre, déclaré comme "mesure la plus injuste" par notre président, le gel du barème a tout de même été appliqué sur l'impôt 2012. Et ça va être encore joyeux pour le budget 2013 avec 20 milliards de recettes à trouver. "Une alternance change le pouvoir mais pas la réalité ". Ah...

On aurait juste changé les têtes et on aurait conservé les mêmes politiques ?

Troisième accusation. Les Hauts-Fournaux de Florange. Après le désastre du site de PSA d'Aulnay-sous-Bois, on aurait pu croire à une volonté symbolique de marquer les esprits en nationalisant ce site. Cela aurait été cohérent avec une certaine idée de la gauche représentée par Arnaud Montebourg et au respect de sa parole quand il disait que son ennemi était la finance. Mais non. Encore une fois le souci de réalisme a prévalu, à se demander à quoi servent les politiciens ? Montebourg est dorénavant un ministre d'opérette, et le gouvernement n'a pas fait mieux que Sarkozy. L'affaire Florange peut sembler être un triste constat mais en réalité il est juste un nécessaire coup de pied aux fesses à des millions de Français qui ont cru que les choses changeraient sous le parti socialiste.

Non les choses ne changeront pas.

Quatrième accusation. On ne peut pas dire que notre président soit au rendez-vous des attentes de son peuple sur les enjeux économiques. Cependant qu'en est-il des enjeux sociaux ? Allez au hasard, le droit des votes des étrangers. Une des 60 promesses du candidat qui n'est toujours pas appliquée, pas discutée, pas envisagée pour le moment. Balayée par le fait que la droite n'en veut pas et que sans eux impossible de changer la constitution. Le président s'en lave les mains. On va dire c'est la faute à ces racistes de droite, ça rassure nos cerveaux de gauche. Néanmoins on peut entrevoir un début de progrès social avec le mariage gay. La loi n'est cependant toujours pas votée, elle provoque une levée de barricades chez bien des personnes même homosexuelles ne comprenant pas pourquoi elle devrait copier le modèle hétérosexuel.

On est bien loin d'une révolution sociale qui va apporter la joie et la gaieté à l'ensemble des Français.

Cinquième accusation. Le non-cumul des mandats et la proportionnelle. Bon ce n'est pas vraiment une accusation car il avait dit qu'il appliquerait la proportionnelle aux prochaines législatives. Ce n'est que dans cinq ans. Le Président prend son temps, ne brusquons rien. Sur ce point il semble suivre ses promesses et attendait les conclusions du rapport Jospin. Cependant là où ça va devenir intéressant c'est sur le non-cumul des mandats. En effet le projet de loi devrait s'écrire en début d'année prochaine. Et si elle est appliquée, les parlementaires ainsi que les sénateurs de droite comme de gauche devront démissionner et verront leurs indemnités et rémunérations directement menacées par cette loi. Jusqu'où ira notre président sur cette question ? Suivra-t-il le réalisme comme il l'appelle ou plutôt le manque de courage politique comme je l'appelle ?

Il est facile de se cacher derrière la realpolitik pour masquer son incompétence.

Sixième accusation. Le marchand d'armes. Évoquant des interventions militaires en Syrie puis en Libye avant de se rétracter et de jouer la carte du droit international. Le président n'en reste pas moins prêt à soutenir les rebelles syriens et le gouvernement malien par l'envoi d'armes. Cette nouvelle sorte d'aide humanitaire devrait ravir les populations civiles de ces deux pays. Ce qui pose problème c'est lorsque l'on prend l'expérience libyenne et les contrats faramineux de dizaines de milliards accordés aux grands groupes français après la chute de Kadhafi. L'objectif inavoué ne serait-ce pas de faire de l'argent sur les malheurs des peuples ? Durant leur soulèvement puis quel que soit le vainqueur après leur reconstruction. Le cas de la Tunisie et de l'Égypte est intéressant. Des milliards d'aides qui sont en fait des prêts à des gouvernements fraichement formés. En bref une logique d'argentier sur le dos des peuples du Moyen-Orient et d'Afrique. 

La septième accusation n'existe pas encore, elle ne saurait tarder. Je pense que d'ici cinq ans on aura atteint les soixante si ce n'est plus. Surtout que le président social n'en est décidément pas un malgré des enjeux importants sur la parité, les discriminations, l'intégration, ... Il est focalisé sur l'économie comme l'était Sarkozy, ses premières mesures étant toutes aussi libérales et autant imposées par Bruxelles que celles de Sarkozy. De changement vous n'en aurez pas mes braves gens !

Mais le plus navrant dans tout ça, c'est la crédibilité qu'il donne aux propos de Marine Le Pen qui n'a eu de cesse de critiquer un système UMPS. Ce début de mandat ne peut que lui donner raison :

Il va faire du sarkozysme de gauche, il va commencer par décevoir son camp avant de décevoir rapidement la France toute entière. Il n’a pas de marge de manœuvre. (…) La seule chose qu’il pourra faire c’est essayer de négocier qu’on meurt moins vite.


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5 réactions à cet article    


  • lsga lsga 8 décembre 2012 14:49

    il y a quand même des vraies différences entre le PS et l’UMP.
    je prendrais 3 exemples :


    - La création de postes de fonctionnaires de police et de professeurs
    - La Hausse de la TVA : elle est moins douloureuse pour les petits revenus que celle de Sarkozy
    - L’harmonisation des règles d’accès au visa pour les immigrés

    Il ne s’agit pas de ’détails’. Les services de police et l’école étaient exsangues, et ces quelques postes créés vont leur apporter un vrai bol d’oxygène. La différence de TVA entre Sarkozy et Hollande est de plusieurs centaines d’euros par an pour un smicard, et plusieurs centaines d’euros c’est énorme quand on est au SMIC. Enfin, les immigrés étaient soumis au dictât et bon vouloir des fonctionnaires auxquels ils avaient affaire, maintenant, ce sont les fonctionnaires des préfectures qui sont soumis au dictât de règles clairement définies. 

    Il y a de très nombreux autres exemples. Mais l’essentiel, c’est que l’accès au pouvoir d’un président socialiste en France est toujours un coup de semonce pour l’Oligarchie. Il n’y a qu’à voir le vent de panique qu’a semé la simple évocation d’une possibilité de nationalisation de Florenge. 

    Si Sarkozy avait été réélu, les réformes anti-sociale auraient redoublée d’allure, et en ce moment le sujet serait certainement la privatisation de la sécurité sociale.

    • jef88 jef88 8 décembre 2012 16:33

      la simple évocation d’une possibilité

      et les actes ils sont ou ?


    • lsga lsga 8 décembre 2012 19:46

      je viens d’en citer 3. 

      non, la gauche ce n’est pas la droite, le PS ce n’est pas l’UMP.
      ceux qui sont déçu sont ceux qui n’avaient pas compris que le PS est un parti Social-Libéral.

      Ceux-là, j’espère, voteront FdG au premier tour la prochaine fois. 


    • Ariane Walter Ariane Walter 8 décembre 2012 16:50

      Excellent.
      mais je vois à cet accession de Hollande au pouvoir un grand avantage.
      ceux qui croyaient encore que les socialistes étaient socialistes sont informées du changement d’adresse.
      Alors ?
      Que reste-t-il à faire ?
      Y-a-t-il une véritable gauche en France et veut-elle gouverner ?


      • Yves Dornet 8 décembre 2012 17:08

        le secrétaire général de la CGT a appelé à voter hollande comme mélenchon...les salariés de FLORANGE les en remercient smiley

        oui, il a raison Martin de la cfdt...trahis sur toute la ligne !

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