La droite dos au mur, la droite droit dans le mur

La droite engagée dans une spirale négative
Pour la droite, ce premier tour est une véritable débâcle. Certes, 27,3% correspond à plus du quart des suffrages exprimés, et il s’agit d’un score bien supérieur à celui qu’a obtenu la majorité à nombre d’échéances, comme aux européennes 1994, 1999, 1979 ainsi qu’aux municipales 2008. Cependant, pour une majorité arc-en-ciel qui réunit aussi bien la droite souverainiste avec Philippe de Villiers que les sociaux-libéraux de la Gauche Moderne, et qui ne peut compter sur aucune réserve de voix au second tour puisque le Front National se maintiendra dans douze régions, c’est minime. D’autant plus que cette performance place la droite dans une situation délicate : incapable de construire une majorité au second tour depuis les législatives, elle est entraînée dans une spirale négative qui rend délicate la réélection de Nicolas Sarkozy, pour trois raisons dont le président de la république n’est que relativement responsable.
Un besoin d’alternance
En premier lieu, les français ressentent le désir profond d’être gouvernés à gauche, ou plus particulièrement de reléguer dans l’opposition la droite : après quinze ans de présidence dont dix de gouvernance, à droite, les électeurs ne peuvent qu’aspirer à l’alternance. Nicolas Sarkozy n’est certainement pas coupable de ce désir d’alternance, qui s’inscrit dans une suite logique qui anime la vie politique français depuis plusieurs dizaines d’année. Si le locataire du palais de l’Elysée n’est pas coupable, il est cependant responsable. Sa politique de récupération de l’électorat frontiste au moyen d’un discours jugé réactionnaire par les électeurs de gauche, et pour le moins peu consensuel, ne peut être que défavorable à une droite au pouvoir depuis presque une décennie ! Jouer la "Génération Mitterrand" de 1988 aurait été plus judicieux...
La majorité présidentielle remise en question
L’autre erreur fut l’édification de la majorité présidentielle. Une formation aux airs de coalition tant elle est à la fois diverse mais une diversité mal gérée : il est évident que les mouvements rassemblés autour de l’UMP (à savoir la Gauche Moderne, les Progressistes, le CPNT, le Mouvement pour la France, le Parti Chrétien-Démocrate, le Parti Radical Valoisien le Nouveau Centre etc...) n’influencent guère la politique de cette majorité dont les sensibilités ne sont pas exprimées. Il manque un parti de centre droit ou conservateur aux côtés de l’UMP capable également de capter l’électorat de droite. De plus, ce dernier, avec la droite unie, n’avait que deux possibilités : l’UMP ou rien. Ceux qui ont voulu sanctionner la majorité au premier tour, se sont abstenus, se sont résignés à voter UMP ou, pour certains, ont voté à gauche ou au Front National ! Pareil dilemme provoque un sentiment de frustration et alors qu’aucune autre formation ne gravite autour de l’UMP, les électeurs, qui n’ont pu véritablement sanctionner la majorité au premier tour mais qui s’en tire avec un score tout à fait honorable, (c’est logique pour un tel rassemblement arc-en-ciel) réitéreront leur vote protestataire la semaine prochaine. L’issue en aurait été différente si d’autres mouvements avaient su capter cet électorat, réduisant l’UMP à un score miséreux certes, mais optimisant sa capacité de rassemblement au second tour. Car sûr qu’après avoir fait passer le message au premier tour, nombre d’électeurs de droite n’auraient pas adopté un comportement similaire au deuxième.
L’UMP a nationalisé le scrutin
Enfin, l’UMP, alors que le contexte politique national ne lui était guère favorable à un moment donné où la popularité de l’exécutif était à un de ses plus bas niveau, a privilégié l’investiture de figures nationales, (vingt des trente-neuf ministres étaient ainsi en lice au premier tour) au détriment de personnalités de renommée locale, afin d’éviter au maximum le vote sanction et développer une branche locale, qui fait véritablement défaut à une droite à la peine aux élections locales mais en totale réussite lorsqu’il est questions d’échéances nationales. Le PS a également ce problème d’équilibre, mais dans le sens inverse.
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