La droite la plus malhonnête du monde
Certes, le titre est un peu excessif, mais il faut quand même avouer que, si l’on a pu accuser le PS de se montrer passif et d’agir en « rentier des sondages » pendant cette dernière campagne, l’UMP n’a reculé devant aucune bassesse pour tenter d’arracher une victoire particulièrement compromise.
Bien sûr, certains procédés relèvent de la tactique politicienne. Se déclarer confiant jusqu’au bout, même quand on sait qu’on a perdu, c’est de bonne guerre. En revanche, la Droite a dernièrement (c’est-à-dire, pendant cinq ans) élaboré des techniques de manipulation particulièrement élaborées, qu’il convient désormais de dénoncer.
Le clivage
Les difficultés rencontrées par les Français pendant cette période de crise ne devaient pas les empêcher de donner leurs voix au parti. Bien au contraire, s’ils souffraient, c’était l’occasion de leur rappeler qu’on pensait à eux.
Ainsi, la « France qui se lève tôt » et les « Français qui souffrent » ont été reconnus dans leur rôle de victimes. C’est certes un peu paradoxal quand prétend aussi que les Français ne travaillent pas assez, mais pour peu que quelques jours espacent les déclarations contradictoires, et tout devient possible.
Et quand rallier les victimes à sa cause ne suffit pas, on peut créer des conflits afin de récupérer une partie de l’électorat. Pour optimiser les résultats, il suffit de criminaliser les partisans du camp adverse, qui de toute façon n’auraient pas voté à droite, et le tour est joué.
Deux exemples frappants : les assistés, qui refusent de travailler et se contentent de l’aumône qui leur est versée pour vivre comme des pachas, et les bobos, qui défendent l’école publique pour mettre leurs enfants dans le privé. Si je ne connais personne dans la première catégorie, mes amis chômeurs étant pour la plupart en recherche active d’un travail, je connais quelques représentants de cette nouvelle gauche, pas si caviar que ça, mais quand même donneuse de leçons. Cela étant dit, si des gens qui défendent l’école publique mettent leurs enfants dans le privé, cela signifie surtout que l’école publique a encore plus besoin d’être défendue.
Les prétextes
Autre méthode largement utilisée par la droite pour endoctriner, les prétextes fallacieux. Ainsi, on a appris qu’il fallait contrôler le réseau Internet à cause des pédophiles, qu’il fallait garder les criminels en prison plus longtemps à cause des multirécidivistes et qu’il fallait cesser de taxer les riches parce que sinon ils se transformaient en exilés fiscaux.
Nul n’a alors songé à répondre que les pédophiles existaient bien avant Internet, que la prison était criminogène et qu’exonérer les riches d’impôts de peur qu’ils s’en aillent, c’était un peu comme supprimer les limitations de vitesse sous prétexte que personne ne les respectait. Dommage.
Les insultes à l’intelligence.
Mais ce qui m’a le plus choqué tout au long de ce quinquennat et dans cette campagne, ce furent les insultes à l’intelligence proférées par tous les représentants de la droite. Ces gens-là ont en effet inventés des termes qui, quand ils ne signifiaient pas le contraire de ce qu’ils auraient dû vouloir dire, permettaient de faire passer des idées franchement discutables cachées derrière des mots anodins.
Parmi les quelques exemples que je vais vous donner, le terme « insécurité culturelle », repris depuis par de grands quotidiens, m’a fait bondir. Car il faut être clair, pour parler d’insécurité culturelle, il faut qu’il y ait violence ou agression culturelle. Et c’est quoi une agression culturelle ? C’est quand quelqu’un qui n’est pas Français refuse de boire un coup de rouge et d’écouter de Claude François ? Pire, certains sont allés jusqu’à parler du « sentiment d’insécurité culturelle », ce qui signifie qu’on est en droit de se sentir menacés par quelqu’un qui POURRAIT refuser de boire un coup de rouge ou d’écouter du Claude François.
Une autre expression qui se développe sur le terreau de l’absence de réflexion est celle de « droite populaire », qui représente en fait la partie dure du mouvement. Il faudra qu’on m’explique ce qu’elle a de plus populaire que les autres, parce qu’en démocratie, tous les partis peuvent se revendiquer comme « populaires ».
Un dernier pour la route, et qui nous a été concocté pour les législatives, « l’équilibre des pouvoirs ». Le nom sonne bien – personne n’est contre l’équilibre –, mais il est synonyme de cohabitation, voire d’instabilité ou d’impuissance. Pour vous donner un exemple, les Grecs ont tellement bien réussi à trouver l’équilibre du pouvoir, qu’ils sont désormais incapables de mettre un gouvernement en place.
Comment lutter.
Alors, puisqu’il y en a assez de se laisser manipuler, et puisque les recettes à appliquer maintenant resteront efficaces pendant le mandat de François Hollande, il est bon de les publier.
Résister, c'est d'abord résister à la tentation de nous considérer comme des victimes, et lorsque cette tentation est trop forte (parce que justifiée) nous ne devons compter sur aucun politicien pour nous aider.
Il nous faut aussi admettre nos peurs, et toujours penser à la sécurité en terme de prix à payer, que ce soit en renonçant à des libertés ou en faisant des concessions aux institutions. Comme le disait Benjamin Franklin : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. »
Il nous faut enfin n’accepter aucun néologisme, aucun élément de langage avant d'avoir trouvé ce qui se cache derrière. Gardons à l'esprit que si deux politiciens utilisent les mêmes termes à moins d'une semaine d'intervalle, c'est qu'ils récitent une leçon.
Et puisque les médias refusent de passer ce genre de message avant le milieu de la nuit, utilisons Internet pour répandre la bonne parole :)
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