La face cachée de la fusion Suez-GDF
Document : une chronologie de faits qui peuvent remettre en cause la fusion Suez-GDF.
Jean-Marie Kuhn, dans le cadre d’un important préjudice que lui a fait subir le groupe Frère-Desmarais au travers de l’une de ses sociétés, a découvert un ensemble de faits qui, additionnés, mis en convergence et en perspective, ne manquent pas d’intriguer. Et de soulever bien des questions. Celles-ci se retrouvent au cœur et dans les coulisses de la fusion Suez-GDF.
1) De l’argent public doit-il ou peut-il servir à favoriser une privatisation d’une entreprise publique, donc les intérêts d’investisseurs privés ?
2) Comment autant de coïncidences pour le moins troublantes peuvent-elles faire apparaître les mêmes personnages à des postes différents au centre de la même pièce d’un « théâtre » politico-financier jouée au bénéfice d’un financier international dont les liens d’amitié avec l’actuel président de la République sont de notoriété publique ?
3) Pourquoi après des révélations du Monde et du Canard enchaîné (non démenties) et le flot d’information publiées par relatio.fr ces dernières semaines une sorte de « pacte de silence » entoure ce qui peut s’apparenter, selon M. Kuhn, à un « pacte de corruption » ? Pas de réponse aux innombrables messages d’alertes envoyés par M. Kuhn, ni à la lettre ouverte adressée par le même M. Kuhn au président de la République, ni à la soixantaine de demandes d’ITW que Relatio a faite auprès d’une soixantaine de personnalités citées dans cette affaire ?
« Alertés à plusieurs reprises, dûment informés les divers conseillers, ministres et intimes de Nicolas Sarkozy ont décidé de pratiquer la politique de l’autruche », répète Jean-Marie Kuhn. Seul le ministère de l’Economie et des Finances a diligenté une enquête juridique et une enquête financière, puis m’a fortement recommandé qu’une plainte soit déposée ». Or, cette plainte déposée par Jean-Marie Kuhn le 24 décembre 2007 a été classée en quelques jours, le 11 janvier 2008 donc quatre jours après la reprise judiciaire... On ordonne des enquêtes préliminaires pour moins que cela, non ?
Nous publions ici en document PDF une sorte de livre noir sur les dessous de la fusion Suez-GDF ; une chronologie des faits qui met en relief « les agissements entre le groupe Frère-Desmarais et la Caisse des dépôts et consignations ainsi que l’inévitable responsabilité politique qui a permis, autorisé ou ordonné ces opérations. »
Nous publions ce livre noir sur la face cachée de la fusion Suez-GDF par souci d’information. Il ne nous appartient évidemment pas de porter quelque jugement que ce soit sur le fond. Ce devrait être là, le rôle de la justice de qualifier pénalement ce qui peut en émerger. Comme il serait logique qu’une commission d’enquête parlementaire soit chargée d’éclaircir les zones d’ombre révélées dans ce dossier mis au point par Jean-Marie Kuhn et ses conseils.
Un rappel, à ce propos : « le ministère de l’Economie et des Finances n’a pas apporté de modification à la plainte de Jean-Marie Kuhn, déposée sur son incitation après une enquête approfondie diligentée par Mme Lagarde auprès de la direction juridique et financière du ministère de l’Economie et des Finances. »
Une conclusion logique : si l’information judiciaire confirmait l’existence d’un pacte de corruption ou l’existence d’infractions pénales, les conséquences seraient multiples car les fonds issus de ces opérations pourraient être saisis ainsi que les investissements réalisés grâce à ces fonds. On imagine la gravité de ces mesures qui pourraient aller jusqu’à poursuivre pour recel d’éventuels associés de sociétés dans lesquelles ont été acquises des actions avec les fonds suspects.
Un constat de bon sens : cette affaire - ou plutôt ces affaires multiples en une affaire - a une dimension politique de première importance : une enquête déterminerait « les contreparties des uns et des autres car il est impensable que tous ces éléments troublants aient échappé à un investisseur aussi avisé que la CDC, de même qu’il est difficile de croire que le pouvoir politique n’a pas, à un moment ou à un autre, donné son aval à ces transactions », souligne Jean-Marie Kuhn.
Une conséquence évidente : si Jean-Marie Kuhn dépose une plainte avec constitution de partie civile, la fusion Suez-GDF serait retardée le temps de l’information judiciaire - durée habituelle 2-3 années - voire définitivement empêchée.
C’est dire l’importance que prend toute cette affaire.
Le silence présidentiel est un point d’ombre qu’il convient d’éclaircir rapidement.
Si le président intervenait enfin, à la fois pour faire réparer le préjudice d’un citoyen victime de ce capitalisme financier qu’il dénonce si souvent et aussi pour améliorer le volet social de la fusion Suez-GDF, chacun sortirait gagnant de ces affaires en cette période électorale, à un moment où les sondages témoignent d’une chute de popularité et de crédibilité du chef de l’Etat ce qui n’est pas bon pour la défense des intérêts français et européens, et à un moment où le climat chez GDF est sérieusement à l’orage.
Daniel Riot
LE DOCUMENT la face cachée de la fusion Suez-GDF.pdf
RAPPEL
Affaires et politique : Des Liaisons dangereuses...
L’ AFFAIRE
Sarkozy-Frère-Suez
>Ce pays où les scandales ne font même plus scandale.
L’éditorial de Daniel Riot
>Lettre ouverte au président Sarkozy
par Jean-Marie Kuhn
>L’ITW qui a tout déclenché...
et le lourd silence des politiques
Par Sandrine Kauffer et Daniel Riot
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