La fécondité en France dans notre nouveau contexte social
Le Parlement européen s’est prononcé par 390 voix contre 192 ce mercredi 21 octobre pour une extension du congé de maternité de 14 à 20 semaines entièrement indemnisées dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. De plus il est favorable à l’instauration d’un congé de paternité de 2 semaines dans l’UE.

La socialiste portugaise Edite Estrela s’est réjouie de ce vote de première lecture : "Au lieu de pénaliser les femmes parce qu’elles ont des enfants, nous devons les aider à trouver un équilibre entre la vie de famille et la vie professionnelle", a-t-elle insisté.
Nadine Morano, secrétaire d’Etat française à la Famille, s’est opposée à cette mesure. Et pour quel motif ? Cela représenterait un coût de 1,3 milliard d’euros par an pour la France.
Désormais en France, on ne raisonne plus qu’en termes de coût. Pourrait-on regarder un peu loin que le petit bout de la lorgnette.
En 2009, 793 420 bébés sont nés en France métropolitaine et 31 221 dans les départements d’outre-mer, soit un total de 824 641.
Après un chiffre record de deux enfants par femme en 2008, la fécondité des Françaises a très légèrement baissé en 2009 pour atteindre 1,99 enfant par femme en âge de procréer. « La France reste en tête des pays européens en termes de fécondité,avec l’Irlande et le Royaume-Uni » souligne l’Insee.
L’explication de cette variation entre 2008 et 2009 s’explique par :
- Diminution de la population féminine de 15 à 50 ans entre 2008 et 2009
- Baisse des taux de fécondité des femmes de moins de 30 ans.
- Mais heureusement hausse des taux de fécondité de femmes de plus de 30 ans
Le paysage de la famille française a beaucoup évolué :
- Famille composée d’un couple marié
- Famille pacsée
- Famille sous union libre
- Famille monoparentale
- Famille recomposée
La France a été l’un des premiers pays à mettre en place une politique familiale Rebrousserait-on chemin maintenant ?
La femme actuelle cherche à acquérir son indépendance économique. Depuis trente ans, les femmes sont plus diplômées que leurs aînées, elles ont rejoint massivement le monde du travail, en particulier dans les emplois tertiaires qui se sont développés, alors que l’emploi industriel et agricole diminuait.
La naissance d’un ou de plusieurs enfants est un acte voulu, réfléchi, voir même programmé.
La maternité choisie peut-être une explication au recul de l’âge de la fécondité. La femme qu’elle soit pacsée, mariée ou en concubinage souhaite organiser sa famille autour d’un couple travaillant à deux. La naissance d’un enfant s’envisage lorsque les conditions sont requises pour lui assurer les meilleures perspectives.
Que se passe t-il à la naissance de l’enfant : différents choix s’offrent à la femme :
- Cessation d’activité professionnelle
- Prise d’un congé parental ; jusqu’à 3 ans à partir du 2éme enfant
- Recherche d’une crèche ou d’une assistante maternelle
- Travail à temps partiel : le temps partiel est très majoritairement féminin puisque parmi les quelque 5 millions d’actifs à temps partiel, 83 % sont des femmes.
25% seulement des familles dont l’enfant est gardé au foyer déclarent y avoir été contraintes faute de modes de garde... 75% l’ont donc choisi de façon délibérée (étude INSEE / CNAF juin 2007)
En 2007, 63 % des enfants de moins de 3 ans sont gardés à titre principal par un de leurs parents et un enfant sur trois n’est gardé que par ses parents, sans autres intervenants durant la semaine.
L’arrêt de l’activité professionnelle est généralement temporaire.
70 % des mères de moins de 30 ans qui se sont arrêtées de travailler pour élever leurs enfants souhaitent retravailler (DRESS février 2009).
Mais le chômage des femmes est plus élevé que pour les hommes. Les mamans élevant seules leurs enfants sont maltraitées par le monde du travail car jugées peu fiables.
La situation est également difficile pour des femmes ayant eu une vie professionnelle intense avant leur maternité. C’est comme si leur expérience, courageusement obtenue après des années de travail, s’était évaporée.
Le retour à l’emploi des mamans qu’elles se soient arrêtées pour une longue période ou qu’elles aient concilié leur vie familiale et leur vie professionnelle par un emploi à temps partiel (le plus utilisé étant le 80%) démontre qu’elles ont été mises en marge du marché du travail : pas ou peu de postes d’encadrement à temps partiel, une gestion du temps sur 4 jours d’un travail constant en charge, d’énormes difficultés allant crescendo, à retrouver un emploi après plusieurs maternités.
Les femmes n’ayant que peu de qualification se retrouvent à accepter des CDD, parfois à temps non complet pour un salaire inférieur au smic.
Quel sera l’avenir de ces femmes lorsqu’elles commenceront à envisager leur retraite ? Si elles ont au moins trois enfants, elles pourront partir à 65 ans. Mais attention si elles veulent une retraite sans décote, elles devront tenir jusqu’à 67 ans
Si elles ont eu un ou deux enfants, en cas d’utilisation des congés parentaux, puis ayant peut-être eu recours au temps partiel, qu’elles calculent comme elles le veulent, elles iront à jusqu’à 67 ans pour tenter d’avoir une retraite décente.
Je n’ose imaginer la situation des femmes seules, ayant élevé leurs enfants en assurant dignement leurs CDD ou leurs emplois à temps non complets ?
A vrai dire, tout cela me pose vraiment question. La France mène t-elle ainsi une politique nataliste ? Le taux de fécondité dont la France peut s’enorgueillir ne risque t-il pas de s’effondrer ? La femme sacrifiée sur l’hôtel du capitalisme voudra t-elle assumer à minima deux maternités en sachant l’avenir qu’elle se construit ?
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