La fin du off et les dix changements pour les politiques avec le vidéo blogging
Comme je l’ai dit avant hier à l’AFP, je pense que le phénomène qu’annonce la fameuse vidéo de Ségolène Royal (360 000 consultations au dernier relevé), c’est plus de transparence dans la vie politique, et c’est une excellente nouvelle.
Qu’est-ce qui a changé ?
1. N’importe qui peut les enregistrer à tout moment
Avec un téléphone ou un appareil photo capable de faire des vidéos
dans la poche de chaque Français, n’importe qui peut publier en
quelques instants sur le Web une vidéo d’un politique. Je suis surpris
que Royal "dénonce la méthode" alors qu’elle propose que les conseils des ministres soient filmés sauf erreur de ma part,
alors qu’elle était en public lors de la prise de cette vidéo, et je vois
mal comment son équipe ou elle-même aurait pu rater quelqu’un assis
en face d’elle avec un téléphone ou un appareil photo fixé sur elle
pendant tout ce temps. Elle était en public, point. D’ailleurs, on voit
clairement dans la vidéo une autre caméra, donc le "Je ne vais pas le
crier sous tous les toits" devant deux caméras est d’une naïveté rare.
2. Tout ce qu’ils disent est archivé
Le Web est beaucoup plus permanent que les grands médias
tout ce qu’ils disent reste disponible à tout moment et est indexé par
les moteurs de recherche.
3. Tout ce qu’ils disent peut être largement diffusé de manière "virale"
Les vidéos amateurs peuvent désormais atteindre des audiences de
centaines de milliers et bientôt de millions de Français quand le
darwinisme du Web a fait son effet. Il suffit que le bouche à oreilles
des blogs et des médias amateurs s’intéresse à un contenu pour qu’il
émerge facilement.
4. Impossible de nier
L’écrit peut déformer les propos des politiques, pas la vidéo. Ils ne peuvent pas dire : "Je ne l’ai pas dit".
5. Beaucoup plus d’impact que les sites des partis politiques
Les sites des partis sont en général institutionnels et peu
intéressants. Les vidéos qui y sont diffusées sont les discours
officiels, trop longs, trop lourds.
6. La mort du caméléon politique
Nos politiques actuels sont des caméléons. Ils s’adaptent à leur
auditoire. S’ils sont avec des chefs d’entreprises, ils deviennent
leurs meilleurs amis et leur promettent de tout mettre en oeuvre pour
servir leurs intérêts. Si les mêmes sont avec une classe sociale en
difficulté, ils dénoncent les méfaits du capitalisme et les salauds qui
s’enrichissent. Comparez donc un politique qui prononce un discours
face à ses militants et le même hors de ce contexte.
7. Contraste entre vie privée et vie politique : impossible de prendre les Français pour des imbéciles
De nombreux élus de province parlent de tout ce qu’ils font pour
leur région ou pour leur ville, parfois défavorisée, et vivent
confortablement installés dans un riche quartier parisien. Ils ne
vivent pas parmi ceux qui les ont élus. Ils dénoncent les injustices
sociales et sont propriétaires de logements en plein seizième ou à
Boulogne-Billancourt dans un quartier où ces biens dépassent souvent
plusieurs millions d’euros de valorisation, sans parler des résidences
secondaires dans des pays ensoleillés ou de séjours en cinq étoiles.
Partout, il y aura des amateurs capables de prendre une petite vidéo
qui les couvrira de ridicule si leur train de vie personnel est sans
rapport avec leurs idées.
8. L’argent public et l’action sur le terrain sous surveillance
Vous vous souvenez de l’émission qui dénonçait les élus qui se font
plaisir ou investissent n’importe comment l’argent public ? Eh bien
avec des millions de Français capables de diffuser tout ce qu’il
voient, je pense que nous allons faire quelques économies...
9. La fin des fausses promesses
Les promesses des politiques vont désormais être archivées les unes
après les autres. A force de ne jamais les tenir, ils vont se
ridiculiser et feront beaucoup plus attention à ce qu’ils disent. Je me
demande pourquoi personne n’a encore un fait un site qui archive toutes
les promesses des politiques.
10. Vers un politique 2.0 ?
Avec plus de transparence en permanence, peut-être
allons-nous voir arriver progressivement une nouvelle génération de
politiques qui ne fait pas que des fausses promesses mais les respecte
aussi et reste "constant" quel que soit son auditoire. J’y crois.
Les ripostes possibles. Deux journalistes viennent de me demander "les ripostes" que pourraient employer les candidats. L’une d’entre elles est évidente, faire pareil, et inonder le Web de vidéos de la sorte. Attention toutefois, si un candidat pouvait prouver que c’est un autre qui est à la source de la vidéo, au retour de bâton... Il me semble beaucoup plus sage de s’adapter à ce média, de se laisser au contraire filmer par les amateurs comme par la presse, et de tenir les mêmes engagements, quel que soit l’auditoire... Mais cela va être difficile, tant ils sont habitués à être des caméléons, justement.
24 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON