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Accueil du site > Actualités > Politique > La France et l’illusion de l’homme providentiel

La France et l’illusion de l’homme providentiel

La France vit dans l’illusion qu’une nation peut être guidée par un homme providentiel... une femme le cas échéant. A chaque élection présidentielle elle se prend à rêver qu’un individu pourrait seul donner un avenir à une nation. A chaque élection elle croit tenir son Moïse ou son Messie avant de tomber dans de cruelle désillusion.

Le cas de la France est unique en Europe : il n’y a qu’un seul Chef d’Etat qui signe les traités européens, tous les autres pays sont représentés par leur Premier Ministre qui tire sa légitimité du Parlement. La différence pourrait sembler de pure forme, elle est majeure. Dans tous les autres pays européens des Parlementaires sont constamment sur le terrain dans leurs circonscriptions. Ils écoutent et font remonter ce qu’ils entendent. Si le Gouvernement s’écarte trop, ils le rappellent à l’ordre et parfois le renverse.

En France, les quelques députés qui ont encore quelques illusions sur leur rôle vont sur le terrain pour expliquer la politique du Gouvernement. S’ils s’écartent trop de la ligne gouvernementale, ils perdent leur investiture.. ou parfois même, leur mandat peut être écourté par une dissolution.

Les anglo saxon appeleraient le modèle parlementaire en court en Europe de Bottom Up... le modèle Français de Top Down. Notre modèle Top Down a montré encore récemment toute la preuve de son innefficacité en Russie. L’autoritarisme centralisateur laisse bientôt place à un "à quoi bonisme" de tous ceux qui pourraient faire avancer le pays.

La France va bientôt ouvrir la course de petits chevaux. Comme en 2007, les meilleurs tirages seront pour les journaux de la presse people qui parleront de ces futurs potentiels couples présidentiels qui s’avéreront fictifs a posteriori. Chaque jour, tout un peuple placera ses espoirs et ses angoisses dans la progression dans les sondages de leur "cheval". On parlera parfois un peu de chômage, de logement, d’emploi dans des sujets de 45 secondes diffusés sur les antennes.

Et le jour J, tout un peuple confiera aveuglément tous ses problèmes à un seul homme : rendez-vous dans 5 ans pour faire le point, nous on ne veut pas s’occuper de notre pays. Aux Etats Unis comme en France l’élection au suffrage direct ne donne jamais le meilleur, et dans quelques cas cela donne le pire.

Tout celà est bien illusoire. L’échec de Nicolas Sarkozy ne fait que suivre l’échec de tous ses prédécesseurs. Ceux qui ont été réélus n’ont du leur réélection qu’à l’échec pire encore de l’alternance de cohabitation.

Il faut bien plus qu’un seul homme pour qu’un pays construise son avenir. Il faut une vision commune, il faut des valeurs, il faut des débats permanents et constants. Il faut du travail collectif. Il faut des partis politiques ouverts, vivants, organisés qui animent le débat. Les partis français sont tous moribonds : l’UMP en France compte presque autant d’adhérent que le PDC en Suisse !!! Il faut de l’écoute mutuelle. Il faut des institutions représentatives. Il faut du travail permanent. Il faut des médias dotés de suffisament de moyens pour informer. Le Parlement doit être le lieu de ce renouveau du débat public en France.

Quelques hommes ont pu parfois dans l’histoire incarné à eux seuls tout cela. Mandela sans doute, de Gaulle diront certains. Mais cela n’a pu être le cas que dans des situations extrêmes où le seul choix possible était celui de se retrousser les manches pour tout reconstruire.

La personnalisation du pouvoir n’était pas aussi dramatique avant que le quinquennat et la concommitance des élections présidentielles et législatives n’aient totalement soumis le pouvoir législatif au pouvoir exécutif. Le Parti majoritaire unique et le cumul des mandats ont fini de décrédibiliser l’Assemblée nationale comme lieu du débat national.

La course de petits chevaux va bientôt commencer. Faudra-t-il un nouvel échec présidentiel pour arriver à la crise de régime ?

L’élection du Président de la République au suffrage universel confie bien trop de pouvoirs politiques à un seul homme. Bernard Bosson ne pensait pas possible que le peuple puisse renoncer à se choisir son Président. Les Kirghizes l’on pourtant fait récemment. La France continuera d’échecs en échecs tant qu’elle renoncera au débat collectif et ne se préoccupera d’elle même qu’une fois tous les 5 ans pour se remettre entièrement à un seul homme.


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12 réactions à cet article    


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 28 août 2010 10:09

    Bonjour,

    « L’échec de Nicolas Sarkozy ne fait que suivre l’échec de tous ses prédécesseurs » C’est ma foi vrai, ce sont les prédécesseurs qui ont forgé le moule de la décrépitude depuis 73, mais ces présidents étaient discrets et invisibles la plupart du temps. Aujourd’hui c’est bien différent et pas un jour sans une nouvelle déclaration suivie d’une nouvelle loi...la belle parabole de l’homme providentiel est décrite dans ce texte ci joint, témoignant d’une situation conjoncturelle quasiment semblable, et à lire jusqu’au bout :

    « L’empire britannique lui-même, désormais plus que jamais aux commandes de la politique mondiale, en se concentrant sur l’éradication permanente des États-nations souverains, consistant à pousser les pays dans des conflits autodestructeurs les uns contre les autres. Les services secrets commencèrent immédiatement à semer les graines d’une autre grande guerre, afin d’éliminer les nations et préparer le terrain pour un gouvernement mondial. Les programmes sociaux furent éliminés, les industries, privatisées, et de furieuses campagnes de spéculations s’abattirent, la banque centrale imprima désespérément des montagnes de billets, dans le vain espoir de rembourser l’impayable dette débouchant sur la crise hyper-inflationniste. Aujourd’hui encore, la manipulation des tensions religieuses et ethniques sont organisées, juste pour créer des conflits régionaux. Les mêmes banques et cartels qui avaient manipulé les conflits, se positionnèrent en vue d’actions semblables pour ruiner les positions déjà affaiblies. La banque JP Morgan, située au 23 Wall street, branche américaine d’une banque britannique, fonctionnait comme un cheval de Troie dans la finance américaine depuis bien longtemps. Dans les années 20, la maison des Morgan agissait plus comme un cartel que comme une banque, sans rôle public et avec un conseil d’administration en lien avec des milliers de compagnies, d’industries, et d’établissement publics américains. La main des Morgan était reconnue comme monarchique au pays de la finance américaine, seulement inféodée à l’empire britannique pour lequel elle agissait. C’est ce vaste réseau financier qui allait prendre le contrôle des partis politiques, installer une série de présidents au service de Londres et Wall street, et qui allait conseiller le démantèlement du Système américain. Un chômage massif se développa à cause de l’effondrement de tout le tissu industriel et agricole, tandis que s’installait un désespoir profond et le chaos social, c’était un terrible cauchemar. Ce fut une époque extrêmement dangereuse, les intérêts Morgan tentèrent d’installer un gouvernement fasciste en France, autour de Pierre Laval. La révolution espagnole éclata et le régime fasciste de Franco fut mis en place, Hitler était au pouvoir, Mussolini était au pouvoir, et des banquier de Wall street soutenaient cela, y compris Prescott Bush, le grand père de GW du même nom, qui agissait avec des fonds destinés à financer Hitler. Des millions de dollars furent injectés dans le parti nazi et l’un d’eux mit le feu au Reichstag. Les nazis accusèrent le parti communistes et utilisèrent la peur suscitée par l’événement pour instaurer des lois liberticides fomentées par Hitler qui avait les pleins pouvoirs. Le krach économique aux Etats unis s’était transformé en une gigantesque famine, banqueroutes, saisies immobilières, et le chômage culminait à 25 %. Mais les gens n’étaient pas en mesure de prêter attention aux grondements menaçants qui provenaient de l’étranger. Pourtant, la participation aux élections qui suivirent fut sans précédent. Les électeurs espéraient trouver un leader qui, contre toute attente, les sortiraient du désespoir et ramènerait la prospérité sur le pays.

    Alors ? sortie de crise par consensus populaire...ou guerre civile ?


    • Nemo8 Harry Tuttle 28 août 2010 17:32

      C’est exactement ça.

      On peut penser qu’une première ébauche de l’incendie du Reichstag a eu lieu, au E.-U., un certain 11 septembre (peu importe l’identité du Marinus van der Lubbe).

      Il ne manque plus que ça, en France. Reste a savoir ou et quand. On sera, surement, bientôt fixés.


    • Emmanuel Aguéra LeManu 28 août 2010 10:15

      Lisa, t’as sabordé le fil : Je ne me souviens plus du sujet... ah oui ! l’homme providentiel... Ces idoles que l’on suit et qui masquent notre inexistence...


      • PhilVite PhilVite 28 août 2010 12:46

        Ouai...En gros, se serait mieux si nous étions dans une démocratie véritable qui fonctionne. Avec des représentants qui nous représentent vraiment et avec un gouvernement responsable qui gouverne. Seulement voilà, nous sommes en France. Nos « représentants » ne représentent qu’eux-mêmes et les intérêts de leur copains (voir le vote du congrès du 4 février 2008), et notre gouvernement est une espèce de vague cour visqueuse et larbinesque d’un prince boursouflé et omnipotent (qu’il soit de droite ou de gauche ne change rien à l’affaire).
        Alors effectivement, il faut changer tout ça, et ça passe par une nouvelle constituante qui réorganise totalement la vie politique de ce pays. Mais compte tenu du nombre de margoulins qui se gavent dans ce gruyère, ce n’est pas pour tout de suite !!
        A moins qu’un jour, le peuple se réveille. On peut toujours rêver...


        • edouard 28 août 2010 15:01

          La France n’est plus une République mais une monocratie féodale( vassale de l’Europe américaniste), avec tout plein d’aristocraties, plus médiocres les unes que les autres...
          les Français font confiance car ils sont « monarchistes » par raison, l’histoire leur a montré qu’ un « homme providentiel » pouvait transcender, face au danger, les luttes et l’avidité des élites, assurer l’unité du pays, garantir la souveraineté nationale...
          La constitution de la V° taillée pour De Gaulle est inadaptée pour les nains qui le suivent, faut en changer, et évidemment tout le personnel politique, veut garder l’usine à gaz qui leur permet de nous vampiriser...
          Comme le dit PhilVite, une nouvelle constitution s’impose mais je pense que nous sommes dans un moment de l’Histoire où ni les dirigeants , ni le peuple n’ont la capacité de changer le cours des choses.


          • Peretz Peretz 28 août 2010 16:23

            Parfaitement. Et pour confirmer ce que dit l’auteur je lui donne à analyser une nouvelle constitution que j’ai concoctée sur « www.voiescitoyennes.fr » qui serait de type proudhonien, avec ce que cela suppose de légitimité pour une asssemblée nationale que j’ai appelée « référendaire », Voir ausssi : www.citoyenreferent.fr. A noter que ARTE vient de rediffuser un excellent documentaire :« la démocratie des »moi«  » qui confirme également que notre système d’élection du président au suffrage universel est une aberration. Puisque l’auteur a une position d’élu, il n’a plus qu’à se lancer dans ce projet.


          • Gavroche Gavroche 28 août 2010 15:45

            L’élection du Président de la République au suffrage universel confie bien trop de pouvoirs politiques à un seul homme.

            Qu’à cela ne tienne, confions le à une femme : EVA JOLY


            • vinvin 29 août 2010 00:09

              NOOOON !


              Surtout pas EVA JOLY la gauchiste, mais plutôt MARINE !



              VINVIN. 

            • Arnes Arnes 28 août 2010 18:32

              Excellent article !


              Les français sont des sujets et pas des citoyens. 
              La fameuse révolution a accouché tout de suite d’un dictateur corse qui malgré ses crimes et soif de puissance est toujours adulé aujourd’hui.
              Après de multiples régimes et plusieurs constitutions, De Gaulle s’est laissé courtisé mais en imposant une constitution lui donnant des pouvoirs quasi illimités. Ceci a permis de clore le désastre algérien - ce que tout le monde souhaitait en 58 - mais aurait dû être corrigé ensuite.

              Cette attitude de veau (De Gaulle dixit) tient certainement à la culture catholique dans laquelle le dogme est imposé du haut et répercuté vers le bas à travers la hiérarchie.

              La culture protestante est elle égalitaire avec une relation directe de chaque croyant avec Dieu. L’organisation est démocratique et plurielle, du bas vers le haut. C’est ce qui explique l’organisation des pays de l’Europe du nord où la nécessaire délégation du pouvoir est en permanence contrôlée et régulée par des contres pouvoirs. 

              •  C BARRATIER C BARRATIER 28 août 2010 19:34

                Tout à fait d’accord, nous avions eu un prétendu homme providentiel avec PETAIN, un revenant après les tristes époques des rois et empereurs. DE GAULLE gouverna avec une assemblée et des ministres qui portaient des valeurs qu’il respecta, au lieu de se comporter en dictateur, et, par la suite, chaque fois qu’il fut désavoué, il partit.
                SARKOZY paraît dire plus souvent « moi je veux » que « j’ai pris votre avis, je le suis ! ». Il faudra revenir sur l’élection du président au suffrage universel, porte ouverte au pouvoir personnel, donc à l’inefficacité que nous avons toujours constatée.
                Les citoyens sont en fait paresseux de s’en remettre aux élus du moment qu’ils oublient de surveiller et de contrôler, déjà au niveau des communes où c’est pourtant facile !
                Dans le mouvement de paresse (et de lâcheté) actuel, nous vivrons une perte méritée de notre démocratie républicaine laïque et sociale. Et il sera bien tard, - après - pour le regretter.


                • JJ il muratore JJ il muratore 29 août 2010 11:06

                  @ l’auteur. Votre article est pertinent. excepté sur un point qui me semble tiré par les cheveux : le goût qu’ont les français pour le centralisme et l’homme providentiel serait selon vous dû à leur culture catholique... Quid des Italiens et des Espagnols ? Ils ne sont pas protestants que je sache !
                  Ne voyez-vous pas que la majorité des états actuels d’Europe -à l’exception notoire de la France- n’ont connu leur unité que récemment ? (l’Allemagne fut unifiée par Napoléon) et qu’auparavant tous ces pays étaient composés de régions princières relativement autonomes ? La France elle, depuis Saint Louis fut unifiée. Cela laisse des traces ’mentales’ sur les représentations du pouvoir d’autant plus fortes que la Révolution française avec le jacobinisme ne fit que renforcer ce centralisme. Le marxisme et le modèle que fut Lénine puis Staline itou.
                  La récente régionalisation en France n’a pas changé grand chose à cette représentation (centraliste) pour la simple raison que les élus se réclament tous de partis eux-même centralisateurs et jacobins.
                  Pour le reste d’accord avec vous.
                  MJJ.


                  • Antoine Vielliard (Saint-Julien-en-Genevois) Antoine Vielliard 30 août 2010 15:14

                    Je ne sais pas d’ou vient cette derive monarchiste.. je ne l’attribue pas au catholicisme pour ma part. L’analyse que vous faites est pertinente... mais je me mefie aussi de toute explication historique trop prononcee car cela justifierai de ne rien changer or l’histoire est justement l’analyse de tous les changements qui ont eu lieu par rapport aux heritages precedents.

                    Cette centralisation des pouvoirs n’a pas toujours ete si excessive. Meme du temps de la monarchie... mais sans aller si loin, la troisieme et la quatrieme republique ne confiaient pas autant de pouvoirs a un seul homme. Meme la cinquieme dans sa pratique n’a pas toujours ete aussi loin des pratiques democratiques habituelles : il y avait des coalitions plutot qu’un parti unique. Ces coalitions donnaient un peu de garantie de debat au sein des majorites. Les elections legislatives etaient deconnectees des presidentielles et par consequent l’elections des deputes ne devaient pas tant a leur soumission a l’executif.

                    Le Parlement a perdu toute autonomie face a l’executif et n’agit plus comme control de l’executif. Pour la troisieme fois dans l’histoire de France un seul parti dispose d’une majorite absolue a l’Assemblee nationale (1981, 2002 et 2007).

                    Tout cela n’est pas irremediable.

                    Antoine Vielliard

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